Société

En découdre avec la mendicité, un travail de longue haleine

Comme dans les grands centres urbains du pays, le phénomène de la mendicité prend de plus en plus de l’ampleur dans la capitale économique.  La mesure qui est prise d’éradiquer ce phénomène n’a pas été suivi d’effet. Mais qui sont ces mendiants ?

La mendicité existe sous différentes formes dans le pays. On distingue les mendiants souffrant d’un handicap de ceux qui sont valides. Même si cette mendicité est traditionnellement reconnue aux personnes vivant avec un handicap, qui ne peuvent pas exercer des activités génératrices de revenu, il est regrettable et même inquiétant de constater que de nombreuses personnes valides et saines s’adonnent de plus en plus à cette activité.

Des enfants victimes des parents qui ont décliné leurs responsabilités

Nombreux sont les jeunes filles et garçons qui, au lieu d’avoir leur place dans les classes, se retrouvent dans la rue à faire la manche, à mendier. On trouve de plus en plus des enfants de la rue en train de tendre la main, au niveau des feux tricolores, sur les lieux des services, dans les quartiers… Des parents, ne pouvant pas assurer la charge de leurs descendances, les confient à la rue. C’est le cas de Jules, un jeune garçon de 12 ans venant de Buterere rencontré en plein centre-ville.  Il dit avoir été contraint de mendier par sa mère. « Il m’a dit que je ne dois retourner à la maison que pour dormir », indique-t-il. Son père ayant abandonné sa mère et ses petits frères, sa mère s’est retrouvée dans l’incapacité de les nourrir. D’autres parents, utilisent leurs enfants pour trouver le pain de la famille. Ils mendient à leur compte. C’est le cas de Désiré, un petit enfant de 10 ans qui, après une journée passée dans la rue, doit amener quelque chose à la maison. Les autres enfants préfèrent y rester et y grandir. Une grande partie de ces jeunes mendiants se retrouve sans emploi ou incapable d’entreprendre quelconque activité. Certains d’entre eux se convertissent à la délinquance, se targuant d’être des « Robins des bois » urbains et usant de n’importe quels moyens pour avoir des revenus fussent-ils licites ou pas, compromettant ainsi la sécurité dans les zones urbaines.

Force est de remarquer que malgré toutes les tentatives faites pour éradiquer le phénomène, le nombre d’enfants mendiants ne diminue pas et leurs conditions ne s’améliorent guère.

Il est 21 heures. Pendant que les autres se pressent de rentrer, un flux d’enfants vient de nulle part sur le rond-point qui est devant le siège de la Bancobu. Ils sont une quinzaine voire plus courir de part et d’autres des rues en ne faisant même pas attention aux véhicules qui passent. En les voyants, les passagers  gardent jalousement leurs biens. «Ces enfants sont de grands voleurs, et ils se droguent», dit un passant.

Malheureusement, le nombre d’enfants de la rue augmentent du jour au jour.

Des mères errantes avec leurs enfants

Elles sont jeunes, bien portantes et visiblement aptes à exercer des activités génératrices de revenus dans la dignité. Certaines, prenant leurs enfants par la main, un autre bébé à califourchon, avec une grossesse avancée sont déterminées à tendre la main du lever au coucher du soleil. Ces mendiantes rôdent d’un carrefour à un autre, dans les quartiers et de porte en porte. Toujours en groupes, avec une horde d’enfants, ces femmes ont fait de la mendicité une activité fondamentale.

Générose, est une femme de la communauté Batwa rencontré à Mont Sion Gikungu allaitant un enfant qui pleure à chaudes larmes, surêment qu’elle n’a pas assez de lait maternel  pour l’allaiter. Elle dit être originaire de Giheta en province Gitega. Elle dit avoir laissé ces trois autres enfants à sa mère parce qu’elle manquait de quoi les nourrir. Elle a eu l’idée de venir chercher un travail en ville. «  Qui me donnerait du travail avec ce bébé au sein ? J’ai opté pour la solution de mendier, et quand je trouve quelque chose, j’envoie une partie à ma famille », ajoute-t-elle. A part ces femmes, il y a aussi les personnes âgées.

Au nom de leur handicap, ils mendient

Les personnes vivant avec un handicap sont les principaux mendiants autour des gares routières. Certains sont habitués à certains points de ces gares à tel point qu’ils se connaissent avec les convoyeurs et les chauffeurs des bus. Même s’ils sont handicapés beaucoup d’entre eux ne donnent pas l’impression d’être inaptes. Une main coupée ou brûlée, une malformation banale, ces mendiants pourraient servir à quelque chose.

D’autres   vivant avec un handicap, qui ne peuvent pas se déplacer engagent les gens qui les déplacent. Ils les déposent à un endroit quelconque  le matin et les  récupèrent le soir.  Burundi Eco a approché un jeune homme qui déplace un paralytique qui mendie dans le centre-ville. Il engrange un revenu qui est entre 5000 et 10 000 par jour. « Ça dépend de la somme qu’il a récolté pendant la journée », dit-il. Certaines rumeurs circulent comme quoi il y a d’autres enfants vivant avec un handicap qui sont loués quotidiennement pour faire bénéficier à leurs parents plus tard.

Le problème des mendiants est au-delà d’un simple problème de société, un défi colossal pour le développement socio-économique des pays. L’initiative prise par le gouvernement de les ramener dans leurs foyers n’a pas marché. Ils sont revenus.

Force est de remarquer que malgré toutes les tentatives pour éradiquer le phénomène, le nombre d’enfants mendiants ne diminue pas et leurs conditions ne s’améliorent guère. Le problème majeur demeure le fait que les populations ne saisissent pas l’enjeu du phénomène et les dommages qu’il cause à la société. Pour régler la question, le gouvernement devrait envisager des campagnes de sensibilisation  à l’endroit des populations portant le potentiel d’impliquer leurs enfants dans cette pratique et imprégner les personnes vivant avec handicap aux activités génératrices de revenus.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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