Durant les quatre dernières années, le gouvernement du Burundi a pris la mesure de retirer de la voie publique les enfants en situation de rue pour les amener dans leurs familles respectives, mais cela n’a pas porté des fruits. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces enfants rejoignent toujours la rue et les causes de cette situation sont multiples
Qu’est-ce qu’il faut faire pour éradiquer à jamais la problématique des enfants en situation de rue ? Cela est l’une des questions que se demandent des activistes œuvrant dans la protection des droits de l’enfant, étant donné que la mesure que l’Etat a prise pour les retirer de la rue n’a pas porté des fruits. Dans leur vie quotidienne, ils quémandent l’aumône, mangent les restes des nourritures dans les restaurants ou fouillent dans les poubelles et dépotoirs. La nuit, ils dorment dans les caniveaux ou sur les vérandas des magasins en se couvrant de cartons ou de sacs. Souvent, ils consomment des stupéfiants.
Jacques Nshimirimana, commissaire chargé des droits de l’enfant au sein de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH), estime que si ce problème n’est pas résolu dans les meilleurs délais, ce sera grave dans un proche avenir, car ces enfants grandissent avec des blessures sur le cœur. Certes, ils souffrent et ne sont pas appuyés par qui que ce soit, mais ils sont appelés à grandir coûte que coûte. Demain ou après-demain, ils se vengeront contre la société parce que dans leur jeune âge, personne n’est venu à leur aide. Pourtant, les premiers à défendre les droits de l’enfant sont les parents. Quand ils échouent, c’est le tour de l’Etat d’intervenir. C’est pour cette raison qu’il faut que ce problème soit parmi les priorités du gouvernement. Ce n’est pas un problème qui concerne un seul groupe ou un seul ministère, mais plutôt c’est un problème national.

Il ne faut pas que les enfants en situation de la rue soient diabolisés ou victimisés. Avant de les aider en quoi que ce soit, on devrait d’abord les écouter et les comprendre.
Le rôle des parents est indéniable
Pour Christine Ntahe, défenseure des droits de l’enfant, il est déplorable de voir les enfants élire domicile dans la rue. Pour elle, ce sont les comportements des parents qui en sont les causes. Un parent digne de son nom ne peut pas rester tranquille alors qu’il ne sait pas où se trouve son enfant. Peu importe le nombre d’associations qui militent pour la protection des droits de l’enfant, tant que les parents ne prendront pas leur responsabilité en main, rien ne marchera. Les associations œuvrant dans le domaine de l’enfance font de leur mieux, mais elles ne peuvent pas remplacer les parents.
Selon Mme Ntahe, les administratifs à la base au niveau des collines et des quartiers doivent savoir leurs problèmes et les raisons qui poussent les enfants à fuir leurs familles. C’est probablement la misère qui en est la cause première. Or, aussi longtemps que les niveaux de vie des familles sont faibles, le problème persistera.
Venuste Ndayiragije, président de l’association « Rema Bibondo » militant pour la protection des droits de l’enfant précise que beaucoup d’enfants rencontrent des problèmes au niveau de leurs familles. Dans la plupart des cas, quand les parents ne s’entendent pas, les enfants préfèrent fuir et la finalité c’est la rue. Ce qui est étonnant, c’est que beaucoup d’enfants qui sont dans la rue ne sont pas des orphelins. Et quand on approche les parents, ils disent qu’ils ne peuvent pas accepter l’enfant en le jugeant radical. Ce qui reflète une certaine irresponsabilité. D’autre part, c’est un enfant élevé par sa belle-mère et ces deux individus ne parviennent pas à s’entendre. Ce qui pousse l’enfant à rejoindre la rue. En fin de compte, les enfants en situation de la rue sont de deux catégories : ceux qui passent la journée dans la rue pour rentrer le soir et d’autres qui y vivent permanemment.
Quelles sont les causes de ce phénomène ?
Selon Teddy Claude Harushimana, chargé des programmes à l’association New génération, en tenant compte des problèmes auxquels les enfants de la rue font face, aucune personne ne devrait pas laisser un enfant subir le même sort. Au lieu de les retirer de la rue par force, avant de faire quoi que ce soit, il faut d’abord étudier les causes de ce phénomène en vue de leur trouver une solution durable. Par exemple, un enfant qui a fui la maison parce qu’un de ses parents a failli le tuer, celui-là ne peut pas y retourner aussi facilement. Il faut un plan de réinsertion bien élaboré.
Pour lui, la première chose à faire pour un enfant en situation de rue est de le comprendre et de le valoriser comme toute autre personne. Il faut savoir ce dont il a besoin dans l’immédiat. Il ne faut pas en aucun cas, les diaboliser ou les animaliser comme on les appelle souvent « Mayibobo » ou « Abatimbayi ».
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