Société

Enfants en situation de rue, un phénomène qui ne faiblit pas

La problématique des enfants en situation de rue est une réalité dans différents quartiers de la capitale économique Bujumbura comme dans les autres villes du pays. Les causes de cette situation sont entre autres la pauvreté qui guette les familles, les conflits familiaux… La population se dit préoccupée par cette situation qui prend une ampleur inquiétante

Ils sont encore nombreux à arpenter le macadam des rues du centre-ville et des quartiers limitrophes à la recherche de l’argent ou de quoi manger. Que ce soit sur les feux de signalisation ou devant les magasins, ces enfants continuent à augmenter l’effectif, aiguisant l’inquiétude des passants. Pourtant, il y a dix mois le Gouvernement avait validé la feuille de route à mettre en œuvre dans l’opération de retrait, de transport et de réinsertion familiale et communautaire des enfants en situation de rue et des mendiants. Une initiative qui peine à porter ses fruits.

Les enfants en situation de rue continuent à se faire observer malgré la mesure du gouvernement de les réinsérer dans leurs familles respectives

Le constat sur terrain est tout autre

Burundi Eco a fait un tour à différentes avenues du centre-ville de Bujumbura, et a constaté que le phénomène de mendicité s’y observe toujours. Des enfants témoignent. Jonas avait tout juste 10 ans lorsqu’il a rejoint la rue, poussé par la faim et le désespoir.

Originaire d’une famille nombreuse particulièrement démunie de Kinyankonge, cet enfant ne pouvait plus supporter l’angoisse permanente régnant chez lui et les plaintes de ses frères et sœurs affamées. Il a quitté son foyer, pensant se débrouiller par lui-même, trouver dans la rue de quoi manger régulièrement et échapper ainsi à sa vie de misère. Maintenant Jonas, du haut de ses 14 ans, est toujours dans la rue et affirme ne pas à mesure de quitter, car « la rue est sa seule survie », dit-il.

Même témoignage chez Eric, un autre enfant rencontré près de la Place de l’Indépendance à Bujumbura. « Quand mon père est décédé, j’avais 9 ans. Un an après le décès de mon père, ma mère s’est remariée avec un autre homme et a eu un enfant. C’est à ce moment-là que mes souffrances ont commencé. Je me suis absenté de l’école, je faisais l’école buissonnière, passant la journée dans la rue et rentrant à la maison le soir. Le deuxième mari de ma mère m’insultait, ma mère me frappait. Un soir, quand je suis rentré, ma mère m’a chassé de la maison et m’a dit : « Retourne là où tu étais, je ne veux plus te voir. » J’ai passé ma première nuit dans la rue. Je ne suis jamais retourné voir ma famille », témoigne-t-il le regard dans le vide.

Comme la rue est leur demeure, ces enfants la connaissent très bien, savent tout ce qui s’y passe et en maîtrisent toutes les ficelles. Ils sont généralement très débrouillards et autonomes dès lors qu’ils sont plongés dans ce milieu. C’est leur seul moyen de survie. Certains ont abandonné l’école dès leur bas âge et doivent, à tous les coups, vivre quotidiennement grâce à la rue. D’autres ont fui la pauvreté qui sévit dans leurs ménages et n’ont d’autres choix que de s’éterniser dans la rue.

La mendicité, une question qui peine à trouver une solution

Le problème des enfants en situation de rue a tant préoccupé  le Gouvernement qui a voulu résoudre, mais en vain d’autant plus que la quasi-totalité de ces enfants ont regagné la rue dans certains quartiers comme Buterere, Kamenge et Kinama. Selon Wenceslas Nyabenda, directeur technique de l’association Giriyuja et ancien enfant de la rue, il faut distinguer « enfants dans la rue » et « enfants de la rue ». Les premiers ont une famille, souvent nombreuse, et rentrent chez eux chaque soir. Beaucoup n’ont pas la chance d’aller à l’école, car bien qu’elle soit gratuite, les fournitures scolaires et l’uniforme ne le sont pas. Ils passent alors leur journée dehors, travaillent parfois pour apporter à manger la nuit tombée. D’où l’importance également de sensibiliser et d’accompagner les familles vers des activités génératrices de revenus (AGR). Quant aux « enfants de la rue », certains y sont nés. Ils y grandissent, mendient, volent ou trafiquent. Pour eux, la rue n’est pas une étape, elle est une carrière. Ils vivent le présent, car demain appartient à Dieu.

Même si les statistiques actualisées des enfants en situation de rue ne sont pas disponibles, plus de 3.300 enfants en situation de rue ont été insérés dans leurs familles selon les derniers chiffres fournis par le ministère ayant les affaires sociales dans ses attributions.  Malgré cela, des dizaines d’enfants viennent quotidiennement gonfler l’effectif des mendiants. Une réinsertion effective de tous les enfants en situation de rue est-elle possible à court ou à moyen terme ?

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques