Education

Enseignement des langues : Sa qualité tend vers l’étiolement ?

L’enseignement des langues au Burundi est devenu problématique. La régression progressive de la maîtrise des langues, notamment le français tant à l’école fondamentale, post fondamentale mais aussi au niveau supérieur est une réalité. Le niveau des enseignants très bas en langues, les réformes souvent non concertées, les conditions socio-économiques défavorables à l’enseignement de qualité sont quelques causes de cette situation 

Le 30 août 2021 a débuté la semaine de l’Université du Burundi, édition 2020. Dans sa présentation sur la problématique de la langue d’enseignement au Burundi, Gélase Nimbona, enseignant-chercheur à l’Université du Burundi a affirmé que l’enseignement des langues régresse à tous les niveaux (fondamental, post fondamental et université). « Les études déjà faites montrent que la plupart des enseignants de l’école fondamentale ont le niveau de français qui tend vers A2 du cadre européen commun de référence (CECR) alors que ce niveau était attendu pour les élèves qui terminent la sixième », fait-il savoir.

De nombreux facteurs

Selon Gélase Nimbona, les facteurs à l’origine de cette problématique sont entre autres l’insuffisance du matériel didactique dont les livres et le niveau des enseignants très bas en langues, notamment le français qui est la langue d’enseignement au Burundi. Selon ce chercheur, 65% des enseignants de l’école fondamentale ont le niveau qui était attendu pour les élèves qui terminent la sixième. Il précise que certains enseignants ont des problèmes en expression écrite et orale. Le formateur qui enseigne ces élèves avec l’objectif de les amener au niveau A2 alors que lui-même n’a pas ce niveau devient ridicule.

Prof. Gélase Nimbona : « Les performances en sciences sont directement corrélées aux performances en langues ».

Il ajoute également que les pratiques enseignantes non conformes à la loi posent problème. Le mélange des langues dans l’enseignant est également un défi. « La prise des notes en français et l’explication en Kirundi s’est avéré contreproductive », informe Gélase Nimbona. Les réformes souvent non concertées contribuent également à la régression de l’enseignement des langues au Burundi. « Les enseignants ne sont pas informés sur les orientations linguistiques et culturelles ». Les conditions socio-économiques des enseignants sont défavorables à un enseignement de qualité. Actuellement, il y a peu d’enseignants à temps plein.  Nombreux sont les enseignants sont qui soumis à une plus ou moins grande précarité. Face à cette situation, les enseignants sont obligés d’exercer un autre métier pour suvivre.

Le surpeuplement des classes, l’insuffisance du personnel enseignant, l’incohérence du système éducatif font aussi partie des facteurs qui handicapent l’enseignement des langues.

Des répercussions sur d’autres domaines

Pour Nimbona, la non maîtrise des langues a des répercussions sur d’autres domaines. « Les performances en sciences sont directement corrélées aux performances en langues », précise-t-il. « Dans l’enseignement des mathématiques, de la physique ou des technologies, il faut que l’enseignant lui-même et l’apprenant maîtrisent la langue de transmission du savoir.

Il explique que cela a un impact direct sur le développement du pays. Dans le milieu du travail, on a besoin d’être performant dans les langues utilisées. « C’est difficile d’isoler les sciences ou les technologies des langues », conclut le chercheur.

Au moment où le Burundi est membre des organisations régionales et internationales entre autres la Communauté Est Africaine, ce chercheur trouve que la maîtrise de l’Anglais ou du Kiswahili pour les Burundais serait un atout pour travailler dans ces organisations.

Des mécanismes de redresser la situation

Pour Gélase Nimbona, il faut d’abord accepter que ces défis sont une réalité puis trouver des solutions pour redresser la situation. Il salue l’introduction des langues dès l’école fondamentale (la loi de 2013 introduisant le Kiswahili et l’Anglais à l’école fondamentale) va contribuer à l’amélioration de l’enseignement des langues. Néanmoins, Nimbona déplore que ces efforts ne se remarquent pas au niveau de la pratique. Pour lui, il faut que les acteurs-clés de l’éducation s’y engagent. Lors de ce panel, les professeurs de l’université ont proposé de mettre des classes maternelles ou gardiennes dans toutes les écoles du Burundi. Dr Sanctus Niragira, recteur de l’Université du Burundi indique que les états généraux sur la problématique de l’éducation sont en préparation pour trouver des solutions.

Lors d’une conférence sur la problématique du développement au Burundi organisée le 20 août 2021, le chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a reconnu que le système éducatif burundais connait des défis. Il a fait savoir que le gouvernement compte réformer ce secteur pour l’adapter aux réalités du moment.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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