Les infrastructures publiques sont indispensables dans l’intégration économique d’un pays. L’entretien de ces infrastructures est souvent remise en question du fait que certaines d’entre elles s’abîment et ne sont pas réhabilitées. Coup de projecteur sur la situation qui prévaut dans la capitale économique Bujumbura
Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre, Burundi Eco a fait le tour de la capitale économique pour s’enquérir de l’état des infrastructures publiques qui y sont érigées. Les écoles, les hôpitaux, les bureaux administratifs, etc. sont dans un état alarmantes. Les instances habilitées sont interpelées pour les réhabiliter.
Le grenier du savoir abîmé
Créée en 1964, l’université du Burundi est la principale université publique comptant actuellement plus de 7000 étudiants. Le campus Mutanga est l’un des 8 campus de cette université. Cependant, les locaux de ce campus sont dans un état alarmant. A première vue, on constate que les peintures sur les murs se sont effacées avec le temps. Les fenêtres et les portes du bâtiment qui abrite la salle polyvalente, le restaurant et le bureau du chargé du service social de l’université sont cassées, abîmés.

Les locaux qui hébergent les services de la police des mineurs et de la protection des moeurs sont en état de vétusté.
A l’intérieur de ces locaux, les toiles d’araignées sont un peu partout, les chaises sont entassées ici et là. Rien ne pourrait donner l’impression qu’il y a des gens qui fréquentent ces lieux quotidiennement, surtout qu’ils servent de réfectoire pour les étudiants.
Pourtant, à notre passage, quelques étudiants y regardaient la télévision. A quelques mètres de là se trouvent les pavillons qui servent de dortoir pour les étudiants. Là, les habits sont asséchés à terre sur les herbes. A l’intérieur des chambres, la situation est loin d’être plaisante. Beaucoup de toilettes ne fonctionnent pas, les tuyaux sont cassés, le sol qui était autrefois cimenté est en creux. Les immondices y sont jetées devant les chambres. Les salles de classe sont poussiéreuses et couvertes de toiles d’araignées. Il faut aussi mentionner la présence des champs de manioc appartenant à des gens venant de l’extérieur…
Les bâtiments publics délaissés
Sur le boulevard Melchior Ndadaye, exactement à côté du centre Saint Kizito on trouve un bâtiment qui, aux premières impressions, serait délaissé. Sauf que ce bâtiment abrite les bureaux de la police des mineurs et de la protection des mœurs, du moins les écriteaux de plus en plus moins visibles nous laissent deviner. Aux alentours de ce bâtiment, les herbes poussent, la peinture sur les murs n’est plus visible. Les portes et les fenêtres sont couvertes de poussières et la plupart sont cassées et couvertes de tôles peut-être pour ne pas permettre aux passants de s’apercevoir de ce qu’il y a à l’intérieur.
A quelques mètres de là se trouve un autre bâtiment plus vétuste que celui décrit ci-dessus. Il s’agit d’un bâtiment qui abritait jadis l’Office Nationale Pharmaceutique (ONAPHA). Là, un petit champ de manioc a été installé. A notre passage, il y avait trois messieurs à l’entrée mais, malheureusement, on n’a pas pu connaître le sort actuel de ce bâtiment.
Au boulevard du Peuple Murundi, à côté de l’Institut National de la Sécurité Sociale (INSS), se trouve un ensemble de bâtiments qui hébergent certains services du ministère de Justice. Parmi ces locaux, il y en a un à deux étages complétement abandonné. Lorsqu’on s’en approche, on s’aperçoit, des papiers poussiéreux sur des étagères. Les herbes ont poussé au rez-de-chaussée.
Les écoles en états de détresse
Sur le boulevard Buconyori en allant vers l’Université Espoir d’Afrique, se trouve une école primaire très ancienne connu sous l’école primaire Ngagara 2. Burundi Eco l’a visitée au moment où les vacances venaient juste de commencer. On a pu inspecter toutes les salles de classes. Les bancs pupitres sont cassés, les vitres et les portes arrachées puis remplacées par des tôles fabriqués artisanalement pour ne pas laisser les classes grandement ouvertes. Les toits de certaines classes ont été abimés et les tuiles qui les couvraient ont été détruites.
Les robinets qui alimentaient l’école en eau potable ne fonctionnent plus. Pour ce qui est des toilettes, la situation est encore pire. A l’entrée de ces toilettes, une odeur nauséabonde vous souhaite la bienvenue. De passage à cette école, toute personne peut imaginer les conditions déplorables dans lesquelles les enfants qui fréquentent cet établissement font face au quotidien. Autrefois, il y avait des cours de TPA et TPEF à travers lesquels les élèves faisaient la propreté de l’école. Or à cette école, l’herbe pousse, les sachets plastiques sont éparpillés partout.
Le cas de cette école est presque le même que celui des autres établissements scolaires visités au cours de notre reportage. C’est notamment l’école primaire Stella Matutina, l’Ecole Secondaire des Techniques Administrative (ESTA), l’ECOFO Bumwe de Buterere…
Les chefs-lieux des zones et les tribunaux de résidence en état piteux
Les tribunaux de résidence ont la compétence pour prendre connaissance des affaires civiles et pénales. Les immeubles qui abritent ces tribunaux sont dans un état horrible. C’est de l’ex tribunal de résidence de Rohero aujourd’hui tribunal de résidence de Buyenzi, de celui de Nyakabiga, de celui de Ngarara …Quant aux meubles ou autres équipements, leur entretien nous laisse sur notre soif. Or, dans ces tribunaux, sont célébrés des mariages presque chaque semaine. Les gens qui sollicitent leurs services sont parfois gênés par l’état vétuste des lieux. Divine et Jean de Dieu ont prononcé récemment leur « oui » dans l’un des tribunaux de résidence de Bujumbura, mais n’ont pas été contents de l’état de la salle dans laquelle ils ont été reçus. D’après eux, ce n’était pas un lieu adéquat pour célébrer leur jour magique.

A l’école primaire Ngagara 2, les vitres et les portes des salles de classe ont été arrachées puis remplacées par des tôles fabriqués artisanalement.
Quant aux chefs-lieux de certaines zones des communes urbaines de la capitale économique, on dirait des maisons abandonnées. Pourtant, à l’intérieur de ces maisons visiblement abandonnées, couvertes de poussières, aux murs dont la propreté laisse à désirer, se trouvent les bureaux des administratifs à base. Le cas typique est celui de la zone Ngagara.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés
Construit en 1946, l’hôpital Prince Régent Charles est un don octroyé par le Prince Régent Charles de Belgique. C’était un hôpital public jusqu’en 1992, année à laquelle il est devenu une Administration Personnalisée de l’Etat (APE) avec autonomie de gestion confiée à une équipe de directeurs agissant sous la supervision du conseil d’administration. Cependant, les vieux bâtiments de cet hôpital nécessitent d’être réhabilités ou d’être repeints. Les portes et les fenêtres des salles d’hospitalisation sont cassées, les serrures arrachées… Egalement, la propreté de l’extérieur des locaux restent à désirer. Lors de notre reportage, on a constaté qu’une des salles d’hospitalisation pédiatrique était en train d’être rénovée.
C’est un peu pareil au Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge. Certains locaux présentent des fissures et si rien n’est fait dans l’immédiat pour les réhabiliter, le pire est à craindre. Dans certaines des chambres des malades, les serrures sont arrachées, les matelas sont vétustes et les toilettes sont souvent en panne ou ne fonctionnent pas.
Pourtant, le budget de l’Etat prévoit leur entretien
Depuis 2015, le budget général de l’Etat comporte une rubrique consacrée à l’entretien des infrastructures publiques. Les trois exercices budgétaires précédents réservent chacun 40.000.000 de FBu à l’entretien des infrastructures et construction lequel montant attribués au ministère des Transports, des Travaux Publics et de l’Equipements. Egalement, le budget général de l’Etat prévoit pour chaque ministère une somme destinée à l’entretien et à la réparation.
Les infrastructures citées dans cet article ne sont pas des îles dans un océan. On a parlé du mauvais entretien des bâtiments, mais il y a également les voitures, des sociétés de l’Etat, les robinets publics, les routes… dont la durabilité et l’efficacité se déprécient de plus en plus.
Au moment où à l’heure actuelle, le pays regorge de nouvelles infrastrures, notamment le palais présidentiel, les hôpitaux comme celui de Karusi, celui de Mpanda, des écoles fondamentales un peu partout dans le pays des campus universitaires…, le débat sur la problématique de leur entretien nécessite d’être engagé et les pouvoirs publics devrait prendre des décisions qui s’imposent.
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