Environnement

Et ces déchets qui finissent leur course dans les décharges clandestines

Chaque jour, des camions sillonnent les quartiers de la capitale Bujumbura pour collecter les déchets dans les ménages. Différentes associations se partagent cette tâche. Mais peu de gens savent la vraie destination de ces déchets. Burundi Eco a suivi chaque étape, du lieu de collecte au lieu de décharge

Il est mercredi à 8h32 min du matin, un camion de type Fuso est garé sur la 4ème avenue du quartier Musongati de la zone Bwiza commune urbaine de Mukaza. A bord, huit jeunes garçons sont chargés de ramasser les sacs poubelles entassés sur les portails des maisons de cette localité. Ce camion est chargé de collecter les déchets ménagers dans les maisons du quartier. De porte en porte, des sacs pleins de restes de nourritures, d’épluchures, de feuilles d’épis de maïs, de fruits pourris, d’emballages plastiques, de cartons… sont collectés et mis dans le camion vers une destination jusque-là inconnue. Difficile de trier ceux qui doivent être recyclés ou jetés dans les décharges. Je décide de suivre chaque étape pour connaître la destination de ces déchets.

Le camion à peine arrivé, des femmes et des enfants s’agglutinent pour chercher ce qui pourrait être consommé ou utilisé

Après une trentaine de minutes, le camion est plein à craquer. Il prend la direction nord de la capitale. Quelques sachets volent à chaque moindre courant d’air, tout le monde s’en fiche. Certainement que ces derniers doivent terminer leur parcours dans la nature.

Mauvais chargement, effet pervers des camions de collecte des déchets

Tout au long du trajet, d’autres camions provenant d’autres quartiers de la capitale prennent le même chemin. Divers types déchets sont entassés en désordre. Plus d’un pourrait se demander s’il y aurait une réglementation dans le chargement des déchets, car aucun camion n’est couvert.  J’ai été surpris de constater que le camion prend le chemin du traditionnel dépotoir de Buterere (un site en théorie fermé, car il est saturé). Arrivé sur le site, aucune route n’est actuellement praticable. Les pistes qui servaient de passage pour les camions ont été envahies par les déchets car, selon les habitants de la périphérie de ce site, des camions viennent souvent clandestinement pour décharger les déchets n’importe comment.

Trouver où décharger, une autre manœuvre

La décharge de Buterere étant déjà saturée, les décharges sauvages sont légion. Mais des camions pleins de déchets se dirigent quotidiennement vers ce fameux site momentanément fermé, car aucune alternative n’est envisagée pour trouver de l’espace. Les montagnes de déchets sont à moins d’une dizaine de mètres des habitations, de quoi s’inquiéter pour la santé de la population. Un peu plus loin, le camion s’arrête et cherche à décharger les ordures en bordure de la route. Un jeune homme qui habite à proximité de la décharge, muni d’une pierre, n’arrête pas de crier et de gesticuler en frappant de temps à autre un bon coup sur la carcasse décrépie du camion : « Ni barabara hapa » (C’est une route ici). Cette route qui mène à sa maison est partiellement obstruée par les nombreux déchets y déversés. Le chauffeur semble se rendre à l’évidence et décide d’aller décharger ses ordures quelques mètres plus loin en contournant la décharge du côté de Maramvya.

Arrivé sur les lieux, deux autres camions sont en train d’être vidés de déchets. Des femmes et des enfants sont déjà là, munis de petits bâtons pour pouvoir creuser dans le tas. Tous cherchent ce qui pourrait être encore mangé ou utilisé et une bonne trouvaille pourrait constituer un met de choix pour le repas de la soirée. Entretemps, un jeune monsieur interdit au camion de décharger. Le chauffeur, comme s’il avait compris le message, descend pour s’adresser à lui en aparté. Après échange de quelques mots, le chauffeur appelle quelqu’un au téléphone qui ne tardera pas à débarquer dans son 4×4 gris. Le boss négocie un moment avec le jeune monsieur qui finalement laisse le camion décharger. Une femme trouvée sur place nous dira que celui qui donne l’autorisation de décharger est le propriétaire de la parcelle (probablement moyennant quelques sous), puisque la décharge publique n’est plus opérationnelle.

En attendant l’aménagement d’autres décharges publiques, de pareils scénarios se produisent chaque jour devant les habitants de Maramvya qui assistent impuissamment à la décharge des immondices tout près de leurs maisons. Aussi, avec les cas de choléra qui s’observent dans certains quartiers environnants, le service habilité devrait penser à alerter et prévenir la catastrophe.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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