Lors de la tenue des Etats Généraux de l’Education, il est ressorti que le système éducatif est confronté à beaucoup de défis. Ce sont entre autres le problème de l’adéquation formation-emploi, la démotivation du personnel enseignant, les effectifs pléthoriques d’élèves dans les classes, l’insuffisance des supports pédagogiques et didactiques, de laboratoires scientifiques et de bibliothèques, la révision intempestive des programmes d’enseignement, le manque de vision claire du système éducatif national, etc. On compte sur la mise en œuvre des recommandations issues de ces états généraux pour inverser la tendance
Le système éducatif Burundais fait face à moult défis, indique François Havyarimana, ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique mardi le 14 juin 2022 lors des Etas Généraux de l’Education. Ce sont entre autres le problème de l’adéquation formation-emploi, le défi lié à la formation initiale et continue des formateurs et les questions liées à la qualité et à l’encadrement de l’enseignement. De plus, le développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle pose problème. Et d’ajouter l’intégration des TIC dans le processus de formation, le financement du secteur de l’Education ainsi que le développement de la recherche, de l’innovation et l’employabilité des lauréats.

Les Etats Généraux de l’Education vont essayer de trouver des pistes de solutions aux défis auxquels fait face le secteur éducatif burundais.
A ces derniers, Victor Ndabaniwe, président de la COSESONA ajoute les effectifs pléthoriques d’élèves dans les classes et l’insuffisance des supports pédagogiques et didactiques, de laboratoires scientifiques et de bibliothèques. La révision intempestive des programmes d’enseignement, le manque de vision claire du système éducatif national, la suppression du concours de 6ème année du Fondamental et le Test de 10ème ainsi que certains programmes qui étaient dispensés à ces niveaux et l’introduction de nouvelles disciplines comme les TIC, l’Entrepreneuriat, le Kiswahili,… sans matériel, ni électricité, ni enseignants qualifiés constituent aussi des défis non négligeables au système éducatif burundais.
« Certains établissements d’enseignement privé assimilés à des boutiques »
Selon toujours Ndabaniwe, il y a absence d’une politique claire de gestion des établissements d’enseignement privé. Certains sont assimilés à des boutiques et la nomination des responsables scolaires se fait sans tenir compte de leurs compétences, de leurs expériences et de leurs connaissances professionnelles avérées, mais sur base du militantisme politique. Ce qui entrave la gestion des écoles. L’encadrement insuffisant des enseignants et des élèves empire la situation. Il évoque aussi l’absence de la planification de la carrière des enseignants (il est recruté enseignant et il part à la retraite étant toujours enseignant), les conditions de vie et de travail de l’enseignant qui restent déplorables malgré les efforts déjà consentis, le redéploiement des enseignants qui, dans une certaine mesure a disloqué les familles et a causé les désertions et les démissions dans la fonction publique et la fuite des cerveaux au niveau de l’enseignement supérieur. Et d’ajouter les conditions de vie précaires des étudiants et des élèves.
Prise de conscience par tous les acteurs du secteur de l’éducation, une urgence
Ndabaniwe fait remarquer que les défis énumérés ci-haut énumérés démontrent l’urgence d’une prise de conscience par tous les acteurs du secteur de l’éducation, car le processus d’enseignement implique tous les acteurs. En cas d’échec, il précise que chacun de ces derniers a sa part de responsabilité en fonction de son degré d’implication dans le processus.
Quid de certaines pistes de solution ?
Pour cela, il fait savoir que les organisations syndicales ne voudraient pas se limiter à l’unique énumération des obstacles à la bonne marche du système éducatif mais proposent aussi des pistes de solutions. Pour améliorer les conditions d’apprentissage, réduire les effectifs dans les classes par l’augmentation des salles de classe et des effectifs des enseignants en se conformant aux normes internationales est une nécessité. De plus, il s’avère nécessaire de créer des instituts de formation des enseignants des écoles maternelles, primaires et secondaires en nombre suffisant (au moins un institut dans chaque province du pays). Pour la réussite d’une réforme de l’enseignement, il faut qu’elle soit bien pensée par tous les acteurs de l’éducation et à tous les niveaux, renchérit-il. Il suggère aussi de revaloriser la carrière enseignante et de rendre attrayant le métier d’enseignant en soutenant les initiatives des enseignants concernant notamment l’accès au logement, l’accès aux crédits d’investissement, l’accès aux moyens de déplacement…. .Et d’ajouter l’organisation des stages de perfectionnement pour les enseignants. Il propose aussi d’élaborer des critères objectifs pour pouvoir accéder aux postes de gestion et de planification du système éducatif car, pour les syndicats, la gestion des écoles revêt un caractère technique et non politique.
De surcroît, il demande de créer un département ministériel qui s’occupe de la gestion des établissements privés en vue d’éradiquer les mauvaises pratiques observées à ce niveau et de disponibiliser en quantité suffisante et par discipline les supports pédagogiques et didactiques, car il est incompréhensible qu’on puisse dispenser l’informatique sans ordinateur ni électricité et la mécanique et l’art sans outils appropriés. D’autres pistes de solution sont entre autres le fait de revisiter les textes relatifs à l’octroi du pré-bourse en vue d’améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des étudiants, d’établir de bonnes conditions de travail pour intéresser le retour des spécialistes et d’associer les partenaires sociaux, notamment les syndicats dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques éducatives. Et de suggérer aussi de revenir sur les programmes de 6ème et de 10ème et de réinstaurer le concours donnant accès au cycle 4 du Fondamental.
Quand détruire le système éducatif devient synonyme de détruire un pays
Et Ndabaniwe de rappeler l’adresse du sage chinois à son empereur : « Si vous voulez détruire un pays ennemi, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en pertes humaines. Il suffit de lui détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des corrompus et des voleurs. Il vous sera alors très facile de le vaincre ». Selon lui, ce n’est pas ce pays qu’on veut léguer à la génération future. Sinon, Ndabaniwe indique que les organisations syndicales se réjouissent de la tenue des états généraux de l’éducation, huit ans après celles de 2014. Il précise que les syndicats des enseignants saluent les bonnes initiatives et les décisions prises par le Gouvernement du Burundi dans le but de réformer et de renforcer le secteur de l’éducation et de garantir l’éducation pour tous.
Prosper Bazombanza, vice-président de la République du Burundi affirme que depuis 2005, le gouvernement du Burundi a instauré la gratuité de l’enseignement de base dans tout le pays. Ce qui a donné la chance à tout enfant en âge de scolarité d’entrer volontiers à l’école. Selon lui, c’est un pas de géant pour l’avenir du Burundi de constater que la majorité de la jeunesse profite de cette scolarité gratuite pour être formée et éduquée. Pour mettre en application cette volonté du Gouvernement, il laisse entendre que d’autres mesures d’accompagnement ont été prises, notamment la multiplication des infrastructures scolaires et le recrutement des enseignants même si les besoins se font toujours sentir.

Prosper Bazombanza, vice-président de la République du Burundi : « Le système éducatif burundais est marqué par la démotivation du personnel enseignant et la mauvaise qualité des prestations ».
Depuis 2010, le Gouvernement du Burundi a entrepris une importante réforme du système éducatif à travers notamment l’instauration de l’Ecole Fondamentale au niveau de l’enseignement primaire et la réforme BMD (Baccalauréat, Mastère, Doctorat) au niveau de l’enseignement supérieur. Ces réformes étaient guidées par le fait que le Gouvernement était conscient du rôle considérable que l’éducation doit jouer dans le développement du capital humain et dans la planification nationale. Or, Bazombanza précise que la valorisation de ce capital est tributaire d’une éducation et d’une formation à travers un système éducatif cohérent et adapté aux réalités socio-économiques du pays pour être en mesure d’influer sur les autres piliers du développement.
Le personnel enseignant démotivé
Actuellement, Bazombanza confie que le système éducatif burundais est marqué par la démotivation du personnel enseignant et la mauvaise qualité des prestations. Aussi, on constate un problème fondamental qui réside dans le fait que le système d’éducation et de formation est segmenté sans ancrage en amont et en aval avec les secteurs économique et social. C’est pour cette raison que le système éducatif doit être constamment repensé pour promouvoir une éducation qui fait acquérir à l’individu des connaissances, des aptitudes et des attitudes lui permettant de comprendre son environnement, d’interagir avec lui, de poursuivre son éducation et sa formation au sein de la société et de participer plus activement au développement économique, social et culturel de celle-ci.
La finalité de notre système éducatif inquiète plus d’un
En effet, la question que plus d’un se posent en ce moment est la finalité de notre système éducatif vu le nombre des lauréats qui ne trouvent pas directement d’emplois. Pour cela, il demande à la jeunesse, principal bénéficiaire du système éducatif, d’éviter de tomber dans le piège des pêcheurs en eau trouble. Chacun est appelé à changer de mentalité et de comportement, car les emplois rémunérés de la Fonction Publique se font de plus en plus rares. Selon lui, c’est dans cette logique que pour lutter contre le chômage, on a introduit le cours d’Entrepreneuriat afin d’aider les lauréats à pouvoir se créer l’emploi au lieu de tendre la main à un employeur hypothétique.
Toutes les réformes entreprises dans le secteur de l’éducation visent l’auto-emploi des lauréats. «Nous avons voulu inverser la vapeur en basculant de l’enseignement général vers l’enseignement scientifique, l’enseignement technique et l’enseignement des métiers», martèle- t- il.
Notons que Bazombanza espère que les Etats Généraux de l’Education vont essayer de trouver des pistes de solutions aux défis auxquels fait face le secteur éducatif burundais. Il a par ailleurs promis que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour répondre positivement aux besoins du secteur éducatif dans les proportions des moyens de l’Etat.
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