Société

Exploitation des carrières : Les femmes s’invitent dans la partie

L’autonomisation financière de la femme exige un changement radical de mentalités. Ici et là il se remarque des femmes qui exercent des métiers jadis réservés aux hommes. Dans la commune Rugombo de la province de Cibitoke, les femmes brisent les stéréotypes. Désormais, elles prestent aux côtés des hommes dans les sites d’extraction des roches utilisées dans la fabrication du ciment. Reportage

A la troisième transversale de la commune Rugombo, les coups de pioches, de marteaux,… attirent l’attention des passants. Des hommes et des femmes effectuent un travail de fourmi pour dégager la ram stone, roche couramment utilisée pour fabriquer le ciment. Ce qui est impressionnant est que de braves femmes manipulent des pioches pour extraire les roches du sol. Elles travaillent à longueur de journées du matin jusqu’au soir. Ces femmes s’acclimatent au nouveau mode de vie, car elles se concentraient jadis aux travaux champêtres et domestiques.

L’extraction  des roches dénommées ram stone de couleur blanchâtres se fait depuis 2014 dans cette localité. Chaque jour, les ouvriers se servent des pioches pour fracasser les fragments de cette roche. C’est un travail qui exige un tonus musculaire. Les femmes ne sont pas nombreuses à s’y aventurer. Elles s’occupent principalement de la collecte des roches de petit calibre. Les plus ardues utilisent des pioches pour extraire les roches de la terre.

Désormais, les femmes prestent aux côtés des hommes dans les sites d’extraction des roches utilisées dans la fabrication du ciment.

La Ram stone, une manne pour les exploitants

Pour Emile Nsavyimana ex-orpailleur qui a rejoint la Coopérative des Fournisseurs de Matériaux de construction de Rugombo (CFMCR), les incidents ne manquent pas. « Nous utilisons des marteaux masse, des pioches et d’autres outils pour manipuler les roches. Parfois, on se blesse en cassant les roches ».

Cependant, cet habitué du secteur minier estime qu’il y a un léger mieux par rapport à l’exploitation de l’or. «On travaillait en clandestinité et les recettes étaient de loin inférieure aux efforts engagées. Pour le moment nous pouvons vendre deux bennes de ram stone hebdomadairement chez Buceco à raison de 25 000 FBu la benne. Nous sommes payés toutes les deux semaines pour subvenir à nos besoins», se réjouit-il.

Quid du respect de l’environnement ?

Claude Hakizimana fait remarquer qu’il n’y a pas d’incidents majeurs au niveau du chantier. Tout se déroule à merveille. Cependant, il déplore le fait que les ouvriers endommagent les tuyaux de la Regideso. Ce qui provoque des pénuries intempestives d’eau potable. Les habitants de la localité chargent les exploitants des chantiers d’extraction des pierres destinées à fabriquer le ciment dit BUCECO.

Une femme rencontrée à la transversale 3 de la commune Rugombo ne cache pas son indignation. «Les roches extraites servaient à retenir les eaux de pluie. La menace est palpable en cas de saison pluvieuse. D’ailleurs, certains ménages ont déménagé suite aux fortes érosions», décrie-t-elle. Les habitants sollicitent l’implication des administratifs à la base pour apporter des solutions urgentes et durables.

Une exploitation qui respecte les normes

Laurent Nzeyimana,  superviseur du chantier, explique qu’il s’agit d’une approche consensuelle. D’abord, les exploitants négocient avec les propriétaires des terrains avant d’entreprendre les activités d’extraction. Les termes du contrat précisent que le site doit être remis en état après l’extraction. Le secrétaire  de la CFMCR balaie d’un revers de la main les accusations selon lesquelles l’exploitation du site perturbe l’alimentation de la localité en eau potable. « Pour extraire les roches, on respecte une distance de 3 m à partir des installations de la Regideso ».

En cas d’accident de travail, la prise en charge médicale est assurée par ladite coopérative jusqu’au rétablissement complet du patient. Celui qui a des problèmes peut demander une avance sur salaire, a-t-il rassuré avant de préciser que l’extraction de cette roche en surabondance dans cette localité favorise le développement des cultures. Etant donné que la roche stoppe la progression des racines pour les plantes, la remise en état du site après exploitation permet une meilleure production des tubercules, en l’occurrence le manioc, explique M. Nzeyimana. Il renseigne que chaque site est réhabilité après exploitation alors que les habitants reprochent aux exploitants d’exposer les populations à des catastrophes éventuelles.

L’administration donne des gages

Les travaux d’extraction des roches constituent une source de revenus pour les ménages, surtout pendant l’été. Au cours de cette saison, les habitants profitent du site pour gagner de l’argent afin de subvenir à leurs besoins, affirme Adrien Hatungimana, chef de colline Mparambo II  en commune Rugombo de la province Cibitoke.

Pour ce qui est de la destruction des installations publiques, cet administratif à la base fait savoir qu’il est au courant de la situation. Et M. Hatungimana de nuancer : « De temps en temps, des véhicules peuvent briser les tuyaux d’eau. Ce qui provoque des fuites sur le réseau de distribution de l’eau potable. Nous réagissons promptement pour réparer le plus tôt possible la partie endommagée ». Ce responsable collinaire a déjà introduit une requête auprès de l’administration communale pour demander le remplacement des tuyaux en état de vétusté puisque ces derniers ne supportent plus la forte pression de l’eau. D’ici peu, le réseau sera réhabilité, rassure le chef de colline Mparambo II.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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