Le marché de la viande a été déstabilisé par la fièvre de la vallée du rift présente au Burundi depuis fin avril 2022.Dans certains marchés de la ville de Bujumbura, le commerce de la viande est presque suspendu, dans d’autres c’est comme si de rien n’était. En attendant l’éradication de cette épidémie, un message clair sur le comportement à adopter par les bouchers et les consommateurs de la viande est plus que nécessaire
Les conséquences de l’épidémie de la fièvre de la vallée du rift se font remarquer sur les différents marchés de la viande à Bujumbura. Au marché de Ngagara II communément appelé COTEBU. Les stands où on vendait la viande étaient presque vides. Jean Bosco Hakizimana, boucher dans ce marché nous a fait savoir qu’ils sont en train de travailler à perte. « Avant, je vendais facilement 300 kg de viande de vache par jour. Aujourd’hui j’en vends à peine 50 kg avec le risque qu’elles ne soient pas toutes écoulées. Je pouvais gagner entre 20 et 30 mille FBu de bénéfice avant l’épidémie mais, aujourd’hui, c’est à peine que j’arrive à avoir de quoi mettre sous la dent », déplore –t-il. Suite à cette carence de viande, le peu de bouchers qui en vendent encore le vend à prix d’or. Le kilo de la viande communément appelée «Umusoso» s’achète aujourd’hui entre 13 et 14 mille FBu et la viande communément appelé « Cangacanga » s’achète entre 11 et 12 mille FBu.
La situation est identique au marché de Kanyosha de la commune Muha en Mairie de Bujumbura. Lorsque nous y sommes passé, la plupart des stands où on vendait la viande étaient vides. Un boucher approché nous a dit que cela fait presqu’un mois qu’ils n’écoulent pas leurs produits. Il ne comprend pas pourquoi les clients sont réticents à acheter la viande alors que le ministère ayant l’élevage dans ses attributions a tranquillisé que la viande de vache et celle de chèvre sont sans danger si ces bêtes étaient saines. «Même avant l’épidémie, on examinait le bétail avant de l’abattre pour voir s’il n’est pas atteint par l’une ou l’autre maladie. Car, il y a d’autres pathologies des vaches qui peuvent nuire à la santé des personnes. Si on nous faisait confiance avant, pourquoi tant de méfiance aujourd’hui?», se demande-t-il.

Dans certains marchés de la ville de Bujumbura, le commerce de la viande est presque suspendu.
Situation normale à Ruziba
Dans le Sud de la capitale économique, plus précisément au marché de Ruziba, dans le hangar où on vend la viande, c’était comme si de rien n’était. Apparemment, sur ce marché, l’épidémie n’a pas lourdement déstabilisé le marché de la viande. Un boucher rencontré sur place l’a confirmé. « Normalement, pendant la période de pêche comme c’est le cas aujourd’hui, les clients de la viande ne sont pas nombreux. Ils migrent vers le Mukeke et les Ndagalas. Dans ce cas, nous achetons peu de viandes qui peuvent être facilement écoulées. Il est difficile actuellement de savoir si c’est l’épidémie qui fait qu’il y ait peu de clients pour la viande ou que c’est simplement parce que c’est la période de pêche », explique-t-il.
Zainabu Kezakimana venait d’acheter de la viande. Selon elle, rien ne l’empêchera d’acheter de la viande tant que le gouvernement ne l’aura pas interdit. « Si le danger était imminent, le gouvernement l’aurait fait savoir. Après tout, ce ne sont pas simplement les viandes qui tuent », rigole-t-elle. Même si cette dame se montre confiante, elle suggère de vacciner pour toutes les vaches pour éviter que personne ne soit victime de la malhonnêteté de certains bouchers.
Une crise qui contamine d’autres secteurs
Les conséquences de cette épidémie affectent les autres secteurs. Les propriétaires de certains restaurants déplorent qu’ils encaissent beaucoup de pertes pendant cette épidémie. Vincent Barutwanayo est propriétaire du restaurant-bar kumpene à Gihosha. Il nous a fait savoir qu’ils perdent plus de la moitié de ce qu’ils gagnaient avant l’épidémie. «Nous n’avons plus de clients. La plupart d’entre ceux-ci consommaient la bière en attendant la viande. Puisqu’il n’y a plus de viande, nous travaillons à perte», regrette-t-il. Il demande au gouvernement de trouver une solution adéquate à ce problème avant qu’il ne soit pas trop tard.
Selon J.Bosco Hakizimana, le fait qu’il y ait des marchés où on vend encore de la viande et d’autres où on ne la vend pas est déjà lacunaire. « Il faut qu’il y ait une communication claire sur ce sujet. Si la situation est maîtrisée, il faut que le gouvernement tranquillise la population et qu’on rouvre les marchés de bétail », fait-il savoir. Car, dit-il, on ne peut pas dire que la vente de la viande est permise alors que les marchés de bétail sont fermés. «Mais si la situation est alarmante, il faut que le gouvernement interdise la vente du bétail et de la viande et cela dans tout le pays», suggère-t-il.
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