Société

La forge, un métier résilient dans le milieu urbain

Les produits des forgerons ne sont pas appréciés par la population urbaine, car elle donne beaucoup d’importance aux produits modernes importés. Mais cela n’empêche pas que la forge essaie de s’imposer dans cette zone de confort même si la demande est extérieure à la ville. Ce travail fait courir beaucoup de risques mais, malheureusement, les personnes qui l’exercent ne sont pas munies de kits de protection

Nous sommes dans la zone de Buyenzi de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura. A la 25ème avenue, précisément dans la parcelle numéro 3 de cette localité hyper dynamique et populaire  se trouve un atelier de forgerons. A l’intérieur de ladite parcelle, la première chose remarquable est un fourneau servant à chauffer les métaux à l’aide du charbon et d’un soufflet. Une dizaine de forgerons sont à l’œuvre : certains sont en train de taper les métaux rougis par le feu avec des marteaux, d’autres découpent les barres de fer en petits morceaux par des instruments manuels adaptés. Tout un chacun est concentré sur son travail et chaque coup de marteau va de pair avec des émissions sonores et l’ensemble de ces bruits forment un véritable tohu-bohu. Juste à côté des ouvriers se trouve un grand tas de métaux qui seront à la longue transformés en produits finis. Ils sont constitués notamment de pièces de véhicules hors d’usage ainsi que d’autres matériaux tels que les fers à béton et les barres de fer de différentes sortes. Les principaux objets qu’on y fabrique sont notamment les haches, les marteaux, les couteaux, les verrous, les pièces de bicyclettes, etc.

La forge est un métier difficile et fatiguant. Il est risquant et nécessite beaucoup d’attention pour aller jusqu’au bout.

Un métier qui va de pair avec les défis

« La forge est mon boulot préféré depuis une dizaine d’années, car je vis grâce à elle et me permet d’entretenir ma famille. Nos principales matières premières sont des épaves des véhicules à partir desquels nous fabriquons ce dont nous avons besoin. Nos produits sont généralement écoulés sur les marchés locaux surtout ceux de Bujumbura », indique Oscar Nizigiyimana, un forgeron rencontré sur place. Mais les défis auxquels M. Nizigiyimana et ses collègues font face sont relatifs à la moindre importance accordée par la population citadine à leur production par rapport aux produits modernes importés. Il donne l’exemple de la hache.

Selon lui, la population de Bujumbura utilise généralement le charbon pour cuire la nourriture, donc elle n’a pas besoin d’utiliser le bois sec à cette fin où l’utilité de la hache est indéniable pour fendre les arbres et les arbustes. Peu de personnes éprouvent le besoin de s’en procurer. Elles finissent par envoyer ces produits dans leurs familles restées à l’intérieur du pays. Ce que les gens de Bujumbura achètent beaucoup plus, ce sont les verrous des portes et les pièces de vélos. Sinon, le gros de leurs produits est acheminé vers les provinces. Selon le prénommé Claude, avant la venue de la pandémie du coronavirus, les produits de la forge étaient exportés même à l’étranger, notamment en République Démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Actuellement, il n’y a plus de débouchés, car les frontières sont fermées. On ne se contente que du marché local. Ce qui réduit considérablement leur valeur par rapport aux années antérieures.

Un travail risquant malgré tout

La forge est en quelque sorte un travail dangereux. Les personnes qui l’exercent sont exposées à des accidents telles que les brûlures, les blessures dues aux chutes d’objets métalliques, les projections au niveau des yeux, etc. Dans des conditions pareilles, un ouvrier doit se munir d’un kit de protection. Ce qui n’est pas le cas dans cet atelier de forge de Buyenzi. Parmi les travailleurs qui vaquent à leurs activités sur place, aucun ne porte des gants, des lunettes de protection, des chaussures de sécurité, des vêtements adaptés, un casque ou un masque. Même si la forge permet d’obtenir un objet métallique de forme voulue par déformation du métal en appliquant une force importante à chaud et à l’aide du marteau, c’est une activité accidentogène. M. Nizigiyimana affirme qu’il s’est blessé au niveau des mains à plusieurs reprises. Ce qui fait qu’il s’est absenté au travail pendant un certain temps dans la période de convalescence.

La forge est un procédé de mise en forme des métaux malléables par martelage ou pressage, le plus souvent par déformation plastique à chaud. Le métal forgé est plus résistant et plus ductile. Il est apte à de grandes variations thermiques et à des contraintes mécaniques par martelage ou matriçage. La mise au fourneau et la sortie des pièces métalliques ainsi que la proximité des métaux chauffés ou tout outillage brûlant sont les principales sources des risques thermiques. Le contact direct de la peau avec des métaux très chauds peut bien entendu provoquer des gaves brûlures de la peau surtout lorsqu’un ouvrier n’est pas bien protégé.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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