Développement

Forum national sur le développement, 2ème édition : Une économie efficace pour être compétitive

Les ressources naturelles dont regorge le pays notamment les terres, l’eau, les mines, la production agricole…sont peu exploitées. Afin de réussir une amélioration efficace de l’économie, le pays doit passer par la modernisation de l’agriculture, l’accès universel à l’électricité, une exploitation durable des mines et carrières, le développement d’une industrie manufacturière compétitive…tel que stipulait dans le forum national sur le développement du 20 au 21 avril 2023

24% de la population vit à moins d’1 km d’une route praticable.

Selon Dr Eric Ngendahayo, un des panélistes, pour être compétitive, l’économie doit être efficace.

« La notion de l’efficacité économique touche au moins 80% de l’énoncé de la Vision Burundi Pays Emergent en 2040 et Pays Développé en 2060 », précise-t-il. Cette notion est matérialisée par la mobilisation des ressources et l’utilisation de ces ressources.

Pour lui, il existe des ressources dont on dispose (ressources minières, hydrauliques, des ressources humaines.).

« Toutefois, on ne peut pas avoir des ressources dont on ne dispose pas assez, notamment des ressources humaines techniquement qualifiées ou des ressources financières », informe-t-il.

Dr Ngendahayo indique que l’efficacité économique se comprend autour de 8 objectifs, à savoir :  le développement d’une agriculture créatrice de richesses et catalyseur de sécurité alimentaire, l’augmentation de la production et l’amélioration de l’accès à l’énergie, l’amélioration des infrastructures de logistique et l’accessibilité de toutes les zones, l’assainissement et la stabilisation du cadre macroéconomique, le développement du secteur industriel et de sa compétitivité, le développement du secteur des services financiers et des nouvelles technologies de l’information, le renforcement du secteur des services et la réduction progressive de la dépendance vis-à-vis des aides.

45% des Burundais souffrent de l’insécurité alimentaire

Dr Ngendahayo rappelle que le pourcentage du budget de l’Etat alloué à l’agriculture est à 9,4%.

D’après lui, il faut qu’il se maintienne à 10% en 2040 voire plus en 2060. Pourquoi on ne l’augmente pas, s’interroge-t-il ? Le budget de l’Etat reconnait Dr Ngendahayo, est amené à croître chaque année. Avec 10% sur 5 fois, il y aura une augmentation conséquente.

Et de marteler : « Dans les pays développés, le secteur agricole est hautement subventionné. C’est rare qu’on ait un secteur agricole qui est rentable. Ce qui fait que s’il n’est pas subventionné, ceux qui y investissent se retournent vers d’autres secteurs plus rentables » avant d’insister qu’on a besoin de développer ce secteur pour la simple raison d’assurer la sécurité alimentaire.

« Aujourd’hui, on estime que 55% de la population vivent en sécurité alimentaire, c’est-à-dire que 45% de la population vivent en insécurité alimentaire », explique-t-il. Toutefois, il indique que les engrais et les semences sont subventionnées. Et de renchérir : « Mais, il faut également investir dans la recherche agroéconomique ».

D’après lui, une personne qui vit en sécurité alimentaire mange 3 fois par jour au minimum. Elle mange des féculents 3 fois par semaine, des protéines animales et végétales trois fois par semaine, mange les fruits trois fois par semaine…Pour y arriver, il faut avoir une production agricole minimale.

Moindre connexion à l’énergie

Dr Ngendahayo précise que seulement 20,5% de la population burundaise sont connectés à l’énergie dont 8% branchés essentiellement sur des connexions individuelles solaires au niveau de chaque ménage.

« 9,1% de la population rurale sont connectés au réseau national. Pourtant, l’objectif est d’atteindre 80% de connexion sur le réseau national. Les 20% restants c’est pour des réseaux isolés ou des réseaux solaires à domicile », fait-il savoir.

Il confirme que 56 % de l’énergie est produite par l’énergie renouvelable. Le reste est produit par l’énergie non renouvelable du fuel, du diesel… Ce qui notifie des capacités non exploitées dans le renouvelable.

Des routes toujours impraticables

Dr Ngendahayo avoue que 63% du réseau routier bitumé ou non bitumé est praticable en toutes saisons.

« 37% de la population rurale ont des routes qui ne leur permettent pas d’accéder chez eux s’il y a une goutte de pluie qui tombe.  Or, l’objectif est qu’en 2040, 90% des routes soit praticable en toutes saisons. », déplore-t-il.

En zone urbaine, continue-t-il, 46% des routes sont bitumées ou pavées.

« L’indice de l’accessibilité rurale, représente la partie d’une population qui vit à moins d’1 km d’une route praticable, soit environ 24% de la population vit à moins d’1 km d’une route praticable à l’heure actuelle », dit-il.

Et de s’inquiéter : « 75% de la population en situation de maladie ne peuvent pas être évacués ».

Quant à la qualité des routes internationales, du rail, des ports et des aéroports, poursuit Dr Ngendahayo, le pays est évalué à 15%, soit un niveau très faible.

Des industries à moderniser

Dr Ngendahayo précise que le secteur industriel contribue aujourd’hui à 17% au niveau du PIB national.

Le secteur des produits manufacturés (celui qui produit des produits quasiment finis) contribue à son tour à hauteur de 9%.

« La part des exportations des technologies pour fabriquer les produits manufacturés est à 0,17%. Il n’y a pas ou il y a peu d’innovation dans ce volet d’exportation. Ce qui fait que les prix seront dictés par les pays extérieurs, surtout que les produits fabriqués localement ne sont plus compétitifs », souligne-t-il.

Pas de recettes originaires des minerais

Dr Ngendahayo témoigne qu’on n’a pratiquement pas d’entrée au niveau des recettes publiques et même des recettes privées en provenance du secteur minier.

Depuis 60 ans, on n’arrive pas à exploiter le nickel. Il avoue qu’on a des problèmes de traçabilité, des problèmes de capacités de connaître les réserves dont on dispose, des problèmes de capacités de négocier les contrats avec les multinationales qui opèrent dans le secteur minier. Cela sans oublier l’absence d’une école des mines, des capacités de recherche, de la sauvegarde environnementale lors de l’exploitation minière…

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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