Economie

La frontière de Gatumba, un enjeu stratégique pour le Burundi

Le poste de Gatumba à la frontière avec la RDC sera bientôt rouvert au trafic. Le ministre de la Santé Publique, Thaddée Ndikumana a expliqué cette décision par  la grande affluence que présente cette frontière  par rapport aux autres frontières

L’annonce a été faite lundi le 3 mai 2020 à l’issue de la rencontre du Comité chargé de lutter contre la propagation et la contamination de la Covid-19. Selon les informations relayées par la radio Okapi, un mouvement timide de véhicules et de personnes a été observé, mercredi matin sur le tronçon menant vers la frontière de Kavimvira, deux jours seulement après l’annonce de la réouverture de la frontière burundaise de Gatumba. Ces personnes disaient s’impatienter de voir le trafic reprendre.

La RDC a fait entrer sur son territoire des produits burundais d’une valeur de 60 945,9 millions de FBu alors que le Rwanda et la Tanzanie ne représentent respectivement que 149,6 millions de FBu et 16 436,8 millions de FBU en 2020, selon les données de la BRB.

Le Sud-Kivu, la principale destination des produits d’exportations burundais

Le Burundi partage une frontière de 236 kilomètres avec la RDC (province du Sud-Kivu). Limonades, eaux gazeuses, bières, cigarettes, ciment, savons, huiles de palme…, tous ces produits transitaient la frontière de Gatumba à grande échelle vers le Congo. Pour avoir une idée claire, comparativement aux autres pays limitrophes, la RDC a fait entrer sur son territoire des produits d’une valeur de 60 945,9 millions de FBu alors que le Rwanda et la Tanzanie ne  représentent respectivement que 149,6 millions de FBu et 16 436,8 millions de FBU en 2020.

Selon également une évaluation d’Impact pour le Burundi commanditée par la commission économique pour l’Afrique et Trade Mark East Africa, la RDC représente une part moyenne des exportations intra-africaines de 45,9% pour la période de  2015-2018 suivie de l’Egypte qui représente 14,2%.  Les conséquences pour le pays et pour les industries locales sont certains. Le pays aurait certainement perdu au moment où tous les produits eau minérale, les détergents, les produits manufactures des sociétés comme Kinju, Savonor,  Brarudi… ne traversent pas la frontière comme avant la fermeture.

Une porte d’entrée des devises

Actuellement, les statistiques sur  les pertes subies par le pays suite à la fermeture de la frontière de Gatumba ne sont pas disponibles. Toutefois, selon les propos de ministre de la Santé Publique, plus de 10 mille personnes traversaient cette frontière par jour jusqu’au mois de mars 2020, date de sa fermeture suite à l’apparition du premier cas de coronavirus au Burundi. Ces congolais, la plupart des commerçants venaient avec des dollars pour s’approvisionner en marchandises. Il suffit de se rendre sur le marché dit « Chez Sion » qui, autrefois, était le fief des commerçants congolais pour se rendre compte que les activités sont au relanti.

Pas seulement le commerce, mais également les soins de santé. Les Congolais du Sud-Kivu considèrent souvent que le Burundi dispose de services de santé de meilleure qualité et il n’était pas rare de voir des patients congolais traverser la frontière pour se faire soigner dans les structures de santé du Burundi. C’est notamment  les patients qui se remarquaient en grands nombres l’hôpital Kira mais qu’aujourd’hui ils ne sont presque introuvables. Et s’il y aurait une corrélation entre la pénurie perpétuelle des devises et le fait que la frontière est fermée ? Plus encore, il ne faut pas oublier l’aspect social avec de milliers des étudiants congolais qui fréquentent les universités burundais.

L’entrée de la RDC dans l’EAC, une opportunité  à saisir par le Burundi

Certes, la RDC présente un enjeu important pour le Burundi. Et surtout que  le français  a été adopté  comme langue officielle utilisé dans la communauté Est-Africaine, ce qui signifie 87 milliards d’habitants francophones qui s’ajoutent aux 12 millions d’habitants du Burundi. Cependant, malgré l’importance que représente la RDC pour le Burundi, celui-ci  accuse un retard par rapport aux autres pays de la communauté. Le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie sont dans une  course  pour gagner le marché congolais. La présence de banques kenyanes sur le territoire congolais, l’Ouganda qui représente  532 millions USD par an selon l’agence Ecofin semble éjecter en arrière le Burundi dans cette course. Quant à la Tanzanie, elle manifeste la volonté de se rapprocher du géant de l’Afrique Centrale et le Burundi risque de lui servir de pont.

Une ordonnance tripartite est en train d’être préparée pour préciser les modalités d’application de cette mesure. Ce comité de crise a fait savoir qu’un centre de dépistage sera implanté à la frontière de Gatumba. De deux côtés de la frontière, on retient le souffle.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques