Commerce

Gatumba : Le commerce transfrontalier suspendu pour cause de Covid-19

Le commerce transfrontalier entre le Burundi et la RDC a été pour longtemps un gagne-pain pour les femmes de Gatumba en commune de Mutimbuzi (province Bujumbura). En conséquence, elles contribuaient efficacement au développement de leurs ménages. Malheureusement, avec l’avènement de la Covid-19, tout est tombé à l’eau    

Fitna Ntamakuriro, 45 ans, est une femme née et mariée à Gatumba. Elle affirme que le commerce transfrontalier a été pour longtemps un gagne-pain pour pas mal de femmes de cette localité. C’est en 2016 qu’elle a commencé le commerce des poules vers la RDC. «  Je m’approvisionnais au marché de Musenyi en commune de Mpanda de la province Bubanza pour transiter par Gatumba et aller en RDC pour vendre les poules », précise-t-elle. Ce commerce, ajoute-t-elle, était plus ou moins rentable. Avec un capital de 300 000 FBu, elle pouvait acheter environ 20 poules à exporter. Et, en RDC, une poule coûte entre 10 et 20 USD. 

Ce business lui a fait du bien. « J’ai sept enfants et tous fréquentent l’école grâce à ce que j’ai gagné dans le commerce transfrontalier des poules. Quand l’herbe était toujours verte ailleurs, je ne  demandais presque rien à mon époux, car j’étais financièrement stable. En plus de cela, j’ai pu réhabiliter la maison familiale. J’ai élevé les murs en briques cuites alors qu’avant la maison était construite en briques adobes », indique Mme Ntamakuriro.

Fitna Ntamakuriro, native de Gatumba : « J’ai sept enfants et tous fréquentent l’école grâce à ce que j’ai gagné dans le commerce transfrontalier des poules ».

Le coronavirus a tout gâché

Yvette Munezero, 30 ans, fait savoir qu’avant la fermeture des frontières à cause de la Covid-19, les femmes de Gatumba s’en sortaient plus ou moins bien financièrement. Elles étaient aussi respectées par leurs maris, car elles apportaient à la maison quelque chose de complementaire. Avec un capital de 150 000 FBu, Mme Munezero exportait des ananas en RDC (Uvira) pour revenir avec des friperies. C’est un travail qu’elle exerçait presque tous les jours et était toujours à pied pour profiter des clients potentiels.

Il y a plus de deux ans, le commerce transfrontalier entre le Burundi et la RDC qu’exerçaient les femmes de Gatumba est au point mort. Le mari de Mme Ntamakuriro est quinquagénaire et exerce le métier de taxi-vélo. Plus il prend l’âge, plus il devient inapte et, en conséquence, il ne peut pas satisfaire tous les besoins familiaux. Malheureusement, Mme Ntamakuriro ne peut plus l’épauler utilement comme avant. 

Concilier le commerce et les travaux ménagers

Quand les femmes voyagent en RDC pour des fins commerciales, cela rend la tâche difficile au niveau des ménages. « Parfois nous passons une ou deux nuits entières dans le pays voisin. Et cela doit avoir des répercussions sur la gestion des affaires familiales. Soit nous devons avoir des enfants plus ou moins adultes qui peuvent s’occuper de la maison ou bien engager et payer quelqu’un à cet effet », précise Mme Ntamakuriro.

Quant à Mme Munezero, elle affirme qu’elle réservait un ou deux jours par semaine aux travaux ménagers. En plus de cela, son mari pouvait préparer la nourriture pour les enfants quand elle était absente pour cause de business.

Défis à relever

Actuellement, avec l’avènement de la Covid-19 et la fermeture des frontières qui en est la conséquence, le commerce transfrontalier exercé par les petits commerçants dont les femmes a été suspendu. Même si les frontières ont été rouvertes, ils ne peuvent pas payer les frais exigés pour le test de test Covid-19 (15 000 FBu pour les Burundais). C’est une barrière non tarifaire au vrai sens du terme. Pour redynamiser leur business, ils demandent que le Burundi et la RDC suppriment ces frais pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes.  Un autre défi est que différentes femmes pratiquant le commerce transfrontalier ne disposent pas de documents de voyage requis, notamment le passeport ou la carte CEPGL. Ce qui pousse certaines femmes exerçant commerce transfrontalier à passer par des chemins détournés. Ainsi, leur sécurité n’est pas garantie. Elles risquent d’être volées ou de subir d’autres formes de violence.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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