Environnement

Gatumba encore frappé par les inondations

Le Burundi fait face aux inondations récurrentes. Après deux ans, une partie de la population de la zone Gatumba de la province Bujumbura est de nouveau martyrisée par la montée surprise des eaux de la riviere rusizi. Le district de Kinyinya I est la première victime de la rivière Rusizi qui s’est à nouveau affolée et poussé des centaines de ménages dans la rue. Les reporters de Burundi Eco font le point.

Victimes des inondations, les habitats de Gatumba sont encore obligés de quitter leurs habitations.

A environ 11 heures, nous traversons la rivière Rusizi. C’est à partir de la que l’on se rend compte de l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui frappe une partie de la population de Gatumba. Sur place, le climat est tendu. A cette heure, on observe une foule de gens qui s’amasse sur les bords de la RN4. Les eaux ont envahi tous les ménages résidant à gauche et à droite de la route qui constitue la seule bande de terre émergeant de cette sorte de lac envahissant. De la route, le regard des passants balaie plusieurs maisons à moitié englouties par les eaux. Dans la plupart des cas, la porte est entrouverte. Les ruelles se sont transformées en de véritables rivières. Les gens doivent emprunter les pirogues pour aller d’un endroit à un autre. « Nous n’avons pas besoin d’être photographiés, tout est foutu pour nous et on ne veut pas nous venir en aide », nous lance un des deux garçons assis sur une pirogue, agressif.

Des biens publics dont les églises et les installations de distribution d’eau potable sont aussi endommagés. « Nous n’avons plus d’eau potable, car les installations ont été endommagées. Nous craignons aussi les maladies des mains sales. Toutes ces personnes n’ont plus accès aux lieux d’aisance », explique un homme âgé portant un bonnet sur la tête, désignant de sa main les fagots de roseaux dont les propriétaires ont pris soin de conserver dans la position verticale adossés les uns contre les autres au bord de la route. Nous nous approchons pour y voir de très près. Des femmes et des enfants y ont trouvé refuge. Dans le ciel, les nuages commencent à s’alourdir et les déplacés de fortune se préparent à subir des affres d’une pluie torrentielle. « Mais nous n’avons pas où aller. Nous devons rester ici », explique une femme en train de préparer la pâte sur le bord de la route.

Un grand besoin humanitaire déclaré        

« Nous avons dû déménager dans la rue avec mes enfants   après avoir passé toute une nuit debout dans notre maison », raconte Thérèse Bukuru, une femme de cette localité. Bukuru est une mère de 5 enfants. La malheureuse famille avait déjà connu le sort de vivre en déplacés lorsque sa localité a été frappée en 2021. Depuis mardi le 4 avril, cette famille comme tant d’autres a encore été poussée en dehors de sa maison. Bukuru, visage tendu, s’inquiète toujours du sort de ses enfants. « Ils se sont dispersés et chacun s’arrange pour vivre. Je reste ici avec le cadet âgé de sept ans.

Selon Augustin Hakizimana, membre du comité collinaire à Kinyinya I rencontré sur place, certains des problèmes que connait cette population constituent une urgence. Il cite notamment le problème lié au manque de lieux d’aisance. Ce responsable indique également que certains groupes de personnes ont besoin d’un secours immédiat. C’est le cas des personnes malades, des vieillards, des personnes handicapées ou alors des femmes enceintes. Hakizimana indique que ces deplacés passent les nuits dans la rue. « C’est une véritable crise. La population reste ici, car c’est le seul endroit hors de l’eau », explique-t-il.

Certaines personnes pensent qu’elles seront obligées de vivre les mêmes situations de façon répétitive. « Il me serait difficile de quitter Gatumba. Je devrai m’habituer à ces problèmes », chuchote une jeune femme qui s’éloigne très vite avant d’en expliciter les raisons. Pour un jeune homme qui accepte de nous parler sans vouloir dévoiler son nom, il est difficile pour la population de la localité de savoir ce qu’il faut faire. Pour lui, l’Etat devrait intervenir en construisant des digues pour empêcher la rivière Rusizi de déborder et d’envahir les ménages.

Les autorités s’activent pour agir

Dans la mi-journée de mercredi 5 avril 2023, les autorités administratives dont le conseiller du gouverneur de la province Bujumbura chargé des questions sociales sont arrivées à Gatumba pour tranquilliser la population. Devant une foule de déplacés, Siméon Butoyi, administrateur de la commune Mutimbuzi a affirmé que l’administration est en train de travailler pour trouver une solution à ce problème dans les meilleurs délais. Il a exhorté les concernés à se préparer à rejoindre les sites de déplacés où ils devront recevoir les premiers secours dont les tentes. « Nous sommes en train de tout faire pour trouver les moyens nécessaires pour vous venir en aide », a affirmé l’administrateur qui a invité en même temps la population à éviter les spéculations. Pour lui, la spéculation empêche de connaître les vraies victimes.

Interrogé sur l’état d’avancement du projet de construire des digues sur cette rivière, il a indiqué que ce projet est en cours. Cette autorité assure que l’appel d’offre pour la réalisation de ce marché est même prêt à être lancé. En ce qui concerne les dégâts et l’effectif des victimes, Misago n’a pas pu donner des détails. Il a répondu que la commune allait d’abord procéder à l’identification des victimes pour avoir toute la lumière et savoir quelles sont les actions urgentes à mener.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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Le tableau s’assombrit

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Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

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