Dans les centres urbains, les ménages à faible revenus vivent de petits métiers incluant le commerce ambulant. Cette activité économique jusqu’à présent interdite sur le territoire burundais génère des revenus non négligeables. Les autorités découragent cette pratique arguant qu’il s’agit de protéger le secteur formel. En dépit des mesures prises pour lutter contre activité, ces investisseurs en herbe bravent le danger et poursuivent courageusement leur business.
Reportage.

Comparativement aux mois passés, le commerce ambulant est en nette régression au alentours du marché de Gitega.
Les rues de la capitale politique Gitega se vident progressivement de ses nombreux commerçants ambulants. C’est le résultat des mesures administratives prises pour décourager cette pratique. Cela étant, il existe des vendeurs ambulants à majorité des femmes et des jeunes qui exercent encore dans la ville de Gitega. Ils circulent avec des articles divers composés d’habits, de chaussures et de denrées alimentaires (maïs, poisson frais, arachides cuites, termites, thé …).
Comparativement aux mois passés, le commerce ambulant est en nette régression. Lors de notre séjour à Gitega au début de cette année, il y avait de nombreux commerçants ambulants surtout le soir. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Les vendeurs jouent au jeu de cache-cache avec les agents de l’ordre. Malheur à celui qui tombe dans le panneau.
Le commerce ambulant, un mode de vie
Le small business fait vivre de nombreuses familles à Gitega. Nous avons approché un restaurateur ambulant pour découvrir jusqu’à quel point ce commerce constitue un moyen de survie. Il est vers 19h 30 quand il sillonne les lieux très animés de la capitale politique avec deux thermos à la main et deux seaux en plastique. L’image nous impressionne, car il faut s’armer de beaucoup de courage pour circuler avec tout cet arsenal.
Le jeune restaurateur, originaire de la province Ngozi, a 17 ans. Il n’a pas pu poursuivre ses études car sa famille était persécutée. Nous devions déménager chaque mois et il était impossible de me présenter régulièrement à l’école, lance cet adolescent.

Le small business fait vivre de nombreuses familles à Gitega.
Notre interlocuteur fait savoir qu’une seule bouteille thermos contient 12 tasses et que pour chaque tasse, il encaisse 200 FBu. Il vend également des beignets de 200 et 500 FBu. C’est pourquoi un des deux seaux contient les beignets et l’autre de l’eau et des gobelets. Arsène, pseudonyme a été embauché par un étudiant dans une université de la place. Le jeune entrepreneur empoche 3000 FBu par jour et lui donne un salaire mensuel de 30 000 FBu.
Des mesures restrictives aux commerçants ambulants
Arsène et ses collègues affirment que leur métier est en péril. Ils travaillent à perte, car la police traque régulièrement les commerçants ambulants. Malheur à celui qui tombe dans le panneau, tous ses biens sont saisis et confisqués. Cependant, les vendeurs ne décolèrent, ils reprennent leur métier le lendemain, car ils n’ont pas d’autres choix, disent-ils.
Dans une émission publique animée depuis la capitale politique Gitega, la question relative au commerce ambulant a été posée. Une vendeuse a suggéré le paiement forfaitaire d’une taxe communale pour poursuivre leur business. Le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et du Développement Communautaire tranche : « Le commerce ambulant est interdit au Burundi. Ceux qui pratiquent ce genre de commerce veulent échapper aux impositions fiscales. Raison pour laquelle ils cassent les prix. Il s’agit d’une concurrence déloyale à ceux qui exercent dans les marchés construits à cette fin ».
Une contradiction ?
Le ministre Niteretsse parle une chose et son contraire. Il affirme que le commerce ambulant existe un peu partout dans le pays, mais que cette situation prévaut quand il n’y a pas assez de place dans le marché pour accueillir tous les commerçants. Ce qui n’est pas le cas au Burundi, nuance-t-il. Pour lui, ceux qui pratiquent le commerce ambulant ne veulent pas occuper les places qui leur ont été attribuées dans les marchés. Il est hors de question que le commerce se pratique en violation de la loi. « Le commerce s’exerce à l’intérieur des marchés et pas le contraire ».
D’une part, le gouvernement encourage la population à exercer des activités génératrices de revenus et, d’autre part, les administratifs prennent des mesures restrictives à l’endroit de ceux qui se cherchent encore et qui vivent au jour le jour des petits métiers. Rien que cette semaine le maire de la ville de Bujumbura Jimmy Hatungimana lance un ultimatum de 48 heures aux vendeurs ambulants et ceux exerçant le petit commerce près des ruines de l’ex-marché central de Bujumbura. «A partir du 24 novembre 2023, aucune activité commerciale ne sera autorisée autour de l’ex-marché central de Bujumbura. La mesure concerne aussi ceux qui exercent le commerce sur les avenues de ladite place », lit-on dans un communiqué. Cette mesure a été motivée par des raisons de sécurité et les conditions hygiéniques.
Pour la nième fois, la mairie vient d’interdire ce genre de commerce dans cet espace pourtant c’est la même institution qui autorise l’installation des tables pour la vente du matériel scolaire surtout les uniformes, les cahiers et les sacs à dos. Durant la période estivale, le commerce y est florissant. Des centaines de tables avec des parasols attirent les records des passants. Les bousculades sont au rendez-vous. L’endroit est en effervescence. De nombreuses femmes y viennent pour vendre des fruits, des légumes, des articles de cuisine surtout pendant les heures de pointe. Elles n’ont pas assez d’argent pour payer le loyer. Il s’agit de leur gagne-pain pour vivre au jour le jour. Cette mesure affectera sans doute les ménages à faibles revenus qui ne vivent que de ce petit commerce.
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