Editorial

La grand-messe de l’économie

La  première édition du Forum National sur le développement  du Burundi se déroule à l’hémicycle de Kigobe. Pendant deux jours, les économistes, les enseignants, les chercheurs, partenaires techniques et financiers, les cadres de l’Etat, etc. partagent des idées pour faire rayer le pays de la liste des pays pauvres. Le thème central de ce forum est : « Faire du Burundi un pays émergent d’ici 2040 ». Ce forum va dégager des recommandations permettant d’aller vers une stabilisation des différents secteurs de la vie nationale dans un cadre macroéconomique, dixit Evariste Ndayishimiye, Président de la République.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Sur le plan macroéconomique, le pays reste confronté à la baisse des réserves de change, au déséquilibre de la balance commerciale et au surendettement. « Aujourd’hui, on fait face à une forte tension sur le marché de change et à l’augmentation de la dette publique ». Les données fournies par la Banque centrale montrent que la dette publique intérieure dépasse 3 000 milliards de FBu au 30 juin 2021.

Le secteur agricole qui contribue à hauteur de 40% au PIB est l’un des secteurs prioritaires pour redynamiser l’économie nationale. Ce secteur regorge plusieurs opportunités, selon les panelistes. Le chef de l’Etat reconnait que même si l’agriculture connait des avancées remarquables, des efforts restent à consentir pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et profiter des avantages comparatifs pour exporter en grands volumes les produits agricoles. Il regrette le fait que l’agriculture ne soit pas fortement  ancrée dans l’esprit des Burundais.

Le premier panel de ce forum portait sur l’amélioration de la production et la promotion des exportations agricoles. Hon Pierre Claver Nahimana, ex-ministre de l’Agriculture a partagé sur des réflexions déjà menées pour accroître la production. Il existait un office de mécanisation agricole qu’il faut absolument réactiver. Mme Véronique Kabongo, représentante de la Banque mondiale au Burundi au-delà de la mécanisation agricole, on devrait également tenir compte de l’impact des changements climatiques dans la promotion du secteur agricole. Pour le ministre Dr Déo Guide Rurema, nous devons dépasser le stade de la théorie pour aller vers la pratique.  Il existe des firmes étrangères qui développent des sous-produits à base de parches de café ou de pulpes de café à condition que ces derniers ne contiennent pas des traces de pesticides. Il existe également des opportunités au niveau de l’exportation des huiles essentielles, le vétiver, l’élevage des insectes ou des asticots, etc. Pour gagner le pari, le pays doit s’investir dans le respect des normes internationales, y compris la traçabilité des produits. Chaque produit doit être étiqueté  à l’aide d’un code QR.  Quand on parle d’exportation, il ne faut pas toujours pensé au marché européen. La sous-région constitue un grand marché d’écoulement. Par exemple, les agrumes, les fruits de la passion peuvent bien se vendre au Kenya, explique Adrien Sibomana, ex-premier ministre.

Pour Christian Nibasumba, directeur pays de TradeMark East Africa, on ne peut pas exporter ce qu’on n’a pas. Certes, la promotion des exportations est primordiale pour équilibrer la balance commerciale, mais il faudra accroître la production, laisse-t-il attendre. Il suggère non seulement la diversification des exportations, mais aussi leur spécialisation. Le Burundi ne peut pas se comparer aux grands producteurs de café, mais il peut miser sur le café de spécialité. Il propose également des réformes profondes du Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de la qualité (BBN) pour le mettre au même niveau que les autres agences de la sous-région. Le code du commerce qui date de 2006 doit être également révisé. La digitalisation des services constitue également un atout pour simplifier les procédures d’import-export.

Claude Bochou, ambassadeur de l’Union Européenne au Burundi salue l’initiative du gouvernement d’organiser des échanges sur les problèmes fondamentaux pour le développement du Burundi. Pour approfondir les réflexions, il suggère la mise en place d’une plateforme de dialogue sur les questions agricoles entre le ministère concerné et ses partenaires.

Nous reviendrons sur les grandes conclusions de ce forum dans nos éditions ultérieures. Le chef de l’Etat a annoncé que ce forum vient en prélude d’une mini-table ronde des Partenaires Techniques et Financiers qui sera conjointement organisée très prochainement.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
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