Société

Grossesses en milieu scolaire : un fléau qui persiste

Depuis 2013, le gouvernement du Burundi a mis en place la politique de « zéro grossesse à l’école » jusqu’à l’horizon 2030. Pour y arriver, plusieurs initiatives ont été prises : l’intégration de l’éducation sexuelle dans  le curricula scolaire, l’encadrement des jeunes, l’intégration des services de santé sexuelle et reproductive dans les programmes d’enseignement, etc. Malgré tout, pas mal d’élèves continuent à abandonner l’école à cause des grossesses non désirées. A titre d’illustration, de 2015 à 2021, la DPE de Bubanza a enregistré 374 cas de grossesses dont 104 dans la DCE Musigati    

Entre les années scolaires 2015-2016 et 2020-2021, la Direction Provinciale de l’Enseignement (DPE) de Bubanza a enregistré 374 cas de grossesses en milieu scolaire. Mais c’est au cours de  l’année scolaire 2018-2019 que s’est manifesté un hic, car 96 élèves ont abandonné l’école à cause des grossesses non désirées dans toute la province de Bubanza. Et, parmi les Directions Communales de l’Enseignement (DCE) qui composent la DPE Bubanza, c’est celle de Musigati qui vient en tête avec 104 cas de grossesses. Cela a été révélé par Claude Badugaritse, directeur provincial de l’enseignement à Bubanza.

Les conséquences des grossesses non désirées en milieu scolaire sont très fâcheuses.

Quid de la DCE Musigati ?

A l’instar de plusieurs coins du Burundi, certaines jeunes filles de la commune Musigati abandonnent l’école à cause des grossesses non désirées. « Par exemple, au cours de l’année scolaire 2017-2018, nous avons enregistré 26 cas de grossesses non désirées. Et l’année scolaire suivante (2018-2019), les chiffres ont augmenté jusqu’à 33 cas de grossesses dont 10 au sein d’une même école, le lycée technique de Nyamugerera », fait savoir Sylvestre Banzubaze, directeur communal de l’enseignement à Musigati. Et dans l’année scolaire en cours, cette DCE a déjà répertorié huit abandons scolaires liés aux grossesses non désirées.

Il ajoute que ce phénomène se manifeste beaucoup plus dans le cycle post-fondamental qu’au cycle fondamental. Et, dans la plupart des cas, les grossesses encourues par les jeunes élèves se dévoilent pendant le premier trimestre. Ainsi, les éducateurs ne peuvent pas savoir  si la victime a été  engrossée pendant les vacances ou à la rentrée scolaire. Un autre problème est qu’il est difficile d’identifier l’auteur de la grossesse car, dans la plupart des cas, les filles préfèrent garder le secret au lieu de dénoncer ceux qui les ont engrossées. Simplement, la DCE soumet le rapport y relatif à l’administrateur communal et ce dernier peut  saisir la justice à cet effet.

Etat des lieux des grossesses non désirées dans la DPE Bubanza.

Qu’à cela ne tienne, la direction scolaire doit prendre une décision tout en se basant sur le règlement scolaire en vigueur. Quand une grossesse en milieu scolaire est signalée, la première chose à faire est de renvoyer l’élève concernée pendant une année, mêmement pour l’auteur (si c’est un élève qui l’a engrossé).

Pour tenter de trouver une solution durable à ce problème, les parties prenantes ont pris cette problématique en main. M. Banzubaze indique que l’administration locale en collaboration avec les directeurs des écoles et les membres des Comités de Gestion des Ecoles (CGE), organise différentes réunions pour étudier ensemble les pistes de solutions.

Malgré tout, la réintégration est effective

Au cours de cette année scolaire en cours (2021-2022), M. Banzubaze précise que 15 élèves ont déjà intégré l’école après avoir subi les grossesses non désirées. Par ailleurs, après une année, les élèves renvoyés ont le droit de revenir sur le banc de l’école, mais dans un autre établissement pour ne pas être stigmatisé. En plus de cela, l’extrait d’acte de naissance d’un enfant qui est né est exigé pour se rassurer si ce dernier a atteint l’âge d’un an.

Compte tenu des publications antérieures de Burundi Eco sur les grossesses non désirées en milieu scolaire, les raisons de cette situation sont multiples. La plupart des parents ne jouent pas leur rôle d’éducateur. En plus de cela, le travail d’un enseignant ne se limite pas aux cours à dispenser. Il est également appelé à prodiguer des conseils à ses élèves qui leur permettront de devenir des cadres de demain.

Les conséquences des grossesses non désirées sont très fâcheuses. Les élèves victimes de ce fléau se retrouvent dans des situations précaires et leur vie est mise en danger. Certaines d’entre elles ne peuvent pas retourner à l’école pour continuer ses études. Elles constituent un grand fardeau pour leurs familles. Parfois, elles se marient précocement, s’adonnent à la prostitution ou prestent en tant que travailleurs domestiques.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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