Le prix du baril ne peut pas être à lui seul un alibi pour augmenter les prix à la pompe du carburant. Une complexité d’astuces en est également la cause dont la loi de l’offre et de la demande, soit l’augmentation du parc automobile à moteur et la demande accrue du transport des personnes. Les experts parlent aussi des contrats d’exploitation à long terme avec des clauses de stabilité. Ce qui profite en premier aux traders et aux opérateurs économiques
Le Brent qui est aujourd’hui le brut de référence pour de nombreux marchés boursiers, caractérise, selon le « Dictionnaire environnement », un pétrole assez léger, issu d’un mélange de la production de 19 champs de pétrole situés en mer du Nord.
Le document sur la stratégie sectorielle pour le secteur de l’énergie au Burundi indique que la fixation des prix des produits pétroliers dépend de trois éléments, à savoir : le cours mondial du baril de pétrole, le coût de transport et le comportement des monnaies locales.
Ce document stipule que les prix maximaux des carburants tiennent compte des indices platt’s et des prix de transport externes et internes.
Quant à la hausse des prix du carburant, Faustin Ndikumana, directeur national de l’Ong locale Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) a informé que la hausse des prix du carburant sur le marché international dépend de l’inflation, des taxes prélevées et de la dépréciation de la monnaie locale. C’était dans un entretien accordé à Burundi Eco au mois de février 2022. La structure du carburant prévoit, selon toujours lui, de prélever sur chaque litre d’essence, la taxe carburant, les frais pour le stock stratégique, les frais pour alimenter le fonds routier national et la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).

Les prix maximaux des carburants tiennent comptent aussi des indices platt’s et des prix de transport externes et internes.
Diversification des investissements et privilège du transport lacustre
Diversifier les investissements dans l’importation du carburant est l’une des solutions proposées pour stabiliser les prix du carburant. Cependant, les nouveaux investisseurs nécessiteront aussi des infrastructures de stockage, la confiance du fournisseur et de nouveaux moyens de transport ou leur location. Ce qui impactera les prix.
Le transport du carburant par camion est plus développé avec environ 450 camions. Pour protéger les infrastructures routières, les experts en matière de transport signalent que chaque camion est autorisé à transporter 40 mille litres de carburant, soit 40 m3, l’équivalent d’au moins 28 tonnes.
De Dar-es-Salaam à Bujumbura, le camion peut effectuer ce trajet à plus ou moins 72 heures avec pas mal de barrières non tarifaires (procédures sur les frontières, risques d’accidents, les ponts bascules…).
Le transport ferroviaire et lacustre n’est pas très usité. Pourtant, il est moins cher et rapide. La flotte lacustre burundaise a une capacité de transporter 550 m3, soit l’équivalent de plus de 10 camions avec moins de risque d’accident et moins de barrières non tarifaires.
Par ailleurs, la mise en place des dépôts de stockage serait un avantage pour faire face à la pénurie du carburant pendant quelques jours. Cela fait une dizaine d’année que le pays disposait de deux dépôts de stockage à Bujumbura et à Gitega, avec une capacité respective de 14000 m³ (SEP Bujumbura) et 20500 m³ (SEP Gitega). Ce qui représente 3,5 mois de consommation, d’après le document sur la stratégie sectorielle pour le secteur de l’énergie au Burundi.
Celle-ci projetait la demande de diesel et d’essence à environ 94 723 environ m³ en 2006 à 266 646 m³ en 2020 et à 612 229 m³ en 2030.
Des produits d’une importance capitale totalement importés
La stratégie sectorielle de mise en œuvre du Plan National pour le Développement (PND 2018-2027) du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines précise que les produits pétroliers (essence, gasoil, fuel lourd, pétrole, kérosène) sont totalement importés.
La stratégie déplore le manque d’un stock stratégique national pour le carburant, la fluctuation des coûts des produits pétroliers sur le marché international, de la capacité de la population en matière d’utilisation des produits pétroliers et du gaz, le manque d’infrastructures suffisantes de stockage des produits pétroliers, la non existence d’un cadre légal adéquat et d’équipements de certification et de contrôle de la qualité des produits.
Elle propose la réhabilitation des parcs pétroliers existants (PPG et SEP), la construction de trois nouveaux parcs pétroliers dans le cadre des partenariats publics-privés (Sud, Nord et Est), l’acquisition des équipements de certification et de contrôle de la qualité, l’abonnement aux prix platt’s et l’affectation du fonds stratégique carburant de la structure officielle des prix du carburant à la pompe à la constitution du stock stratégique.
Des accords défavorables aux Etats Africains
Dans une interview accordée à MEDI I 1TV au mois de mars dernier, Idriss Linge, rédacteur en chef de l’agence Ecofin a fait remarquer que les contrats de vente des hydrocarbures se font sur le long terme. Il existe des contrats qui datent des années 1980 avec des clauses de stabilité.
«Les hydrocarbures ne sont pas achetés ou vendus comme des tomates sur le marché. On anticipe sur les cargaisons à venir. Les produits comme le carburant ou le pétrole lampant font l’objet d’un marché réel. Lorsque les prix baissent, les Etats perdent. Cela parce que les ventes du carburant constituent des sources de collecte d’impôts et taxes pour les Etats producteurs», explique-t-il avant de rappeler que par contre, même la hausse de leur prix ne profite pas toujours très rapidement aux pays producteurs. Elle bénéficie plutôt directement aux traders et aux opérateurs économiques. Cela en raison de la manière dont les contrats sont fixés.
M.Idriss Linge signale que c’est le moment que l’Afrique comprenne que ses ressources en hydrocarbures se trouvent au cœur des stratégies et qu’elle les considère comme un moyen pour se positionner. Pour cela, il faut que celle-ci crée un bloc chargé de fixer les règles de gestion stratégique des hydrocarbures.
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