L’huile de palme est devenue une denrée rare et chère sur les différents marchés de la capitale économique. Le prix de ce produit de première nécessité a augmenté de façon exponentielle (plus de 60% en moins d’un mois). Le Directeur Général de l’Office de l’Huile de Palme (OHP) précise que cette hausse de prix est due à une faible production de l’huile de palme qui fait face à une demande croissante
L’huile de palme est presqu’ introuvable sur les différents marchés de la municipalité de Bujumbura. Les quelques rares commerçants qui en vendent encore se lamentent du fait que le prix a augmenté à raison de 60% en moins d’un mois. Le prix d’un bidon de 20 litres d’huile de palme est passé de 50 000 à 80 000 FBu.
Nous sommes mardi, le 1er juin à midi et demi. A la 5ème avenue de la zone Kanyosha, de la commune Muha en mairie de Bujumbura, devant le magasin communément appelé Kwishirahamwe, un homme vend de l’huile de palme. Cet endroit est connu comme un point de vente où on peut trouver de l’huile à bon marché. Cela explique pourquoi il est très fréquenté par rapport aux autres endroits. Aujourd’hui, les clients visitent ce stand à compte-gouttes. Une dame s’approche, demande le prix et s’en va stupéfaite sans acheter. Comme si c’était un consensus, un autre client s’approche et demande le prix. Très étonné, lui aussi part sans acheter. Une autre dame s’approche avec un bidon de 5 litres dans la main. Lassé de se lever pour accueillir des clients qui n’achètent pas, décidément le vendeur reste assis cette fois-ci. Une de ses clientes demande le prix. Le vendeur lui répond qu’un bidon coûte 18 000 FBu. Très hébétée, elle lui fait savoir qu’il le croyait à 12 000 FBu.

L’huile de palme est devenue une denrée rare et chère sur les différents marchés de la capitale économique.
Le phénomène est le même un peu partout
Sous un soleil accablant, une maman avec un bébé dans ses bras est assise sous l’ombre d’une pancarte. Elle vend l’huile de palme devant l’Ecole Fondamentale de Kanyosha I. Contrairement aux autres jours, sa robe en pagne semble propre. Une preuve qu’elle n’a pas vendue beaucoup depuis le matin. Non seulement, elle n’a pas de clients, mais aussi son stand est presque vide de produits comparativement au mois antérieur. Malgré un air très fatigué, cette jeune maman nous accueille. Elle nous fait savoir qu’elle vend un litre et demi d’huile de palme à 4 800 FBu alors que la même quantité s’achetait à 3500 FBu le mois passé. « L’huile de palme est actuellement cher. Nous autres qui avons un petit capital, vendons à perte. C’est vraiment un passe-temps », déplore-t-elle.
Une faible production face à une demande croissante
Le Représentant légal de l’Association pour la Promotion des Palmiculteurs du Burundi (APROPABU), Festus Ciza fait savoir qu’environ 13 hectares de palmeraie ont été inondés à Dama suite à la montée des eaux du lac Tanganyika. Les racines des palmiers à huile ne résistant pas longtemps à l’eau, tous ces palmiers n’auront pas de productivité selon la même source.
Augustin Kabaragasa, Directeur Général de l’OHP précise que les principales raisons de cette pénurie sont entre autres la saison qui n’est pas propice à une grande productivité de l’huile de palme. Une autre raison évoquée est la multiplicité des dérivés de l’huile de palme. Comme le précise M. Kabaragasa, sur plus de 4 tonnes produites au cours du troisième trimestre, 38,26% ont été vendues aux grandes entreprises comme SAVONOR. « Les agriculteurs préfèrent vendre leurs produits à ces entreprises à un prix de 2700FBu pour ceux qui vendent jusqu’à 2 tonnes et 2750FBu le kilo pour ceux qui vendent plus de 3 tonnes au détriment du prix sur le marché local qui est de 2650FBu le kilo », ajoute-t-il.
L’huile vendue à ces entreprises est utilisée pour fabriquer d’autres dérivés de l’huile de palme, et la faible quantité d’huile qui n’est pas transformée en d’autres produits retourne sur le marché à un prix élevé, inabordable pour la grande majorité de la population. Cela fait que la quantité restante ne satisfait pas la demande.
Augustin Kabaragasa, Directeur Général de l’OHP tranquillise les consommateurs qu’avec le mois de septembre-période de surabondance de l’huile de palme-, la production aura augmenté. Il précise également qu’aujourd’hui le palmier à huile est cultivé dans 11 provinces du pays avec une ambition de répandre cette culture dans toutes les provinces du pays.
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