L’hygiène dans certains endroits de la ville de Bujumbura laisse à désirer. Certains bars et restaurants n’ont ni toilettes ni eau potable. La mairie de Bujumbura fait savoir que désormais ceux qui ne remplissent pas les conditions d’hygiène pourront être fermés si leurs propriétaires ne se ressaisissent pas. 619 bars et restaurants sont pointés du doigt
Burundi Eco a fait une descente dans certains endroits de la ville de Bujumbura lundi le 28 janvier 2019 pour se rendre compte de l’état d’hygiène qui y prévaut. Aux alentours du marché dénommé «chez Sion», pas mal de restaurants ont été installés. Néanmoins, ils sont mal aménagés. L’insalubrité y règne en maître. La route qui passe à cet endroit n’est pas pavée. Ce qui fait qu’il y a trop de poussière. A côté de ces restaurants s’opère le commerce des poules. Leur fiente dégage une odeur nauséabonde et gène les clients. De surcroît, il n’y a pas d’eau potable. L’eau utilisée pour le lavage des mains et la propreté des ustensiles de cuisine est sale. On puise l’eau potable ailleurs. Les taxis vélos rencontrés à cet endroit indiquent que ceux qui ont les moyens se soulagent dans les toilettes payantes qui appartiennent au propriétaire du marché. Ceux qui n’en disposent pas s’arrangent ailleurs dans la nature au vu de tout le monde.
La pluie ajoute le drame au drame
Le pire s’observe lorsqu’il pleut, s’inquiètent les taxis vélos. Cet endroit devient très sale et impraticable. Lors de notre passage, les clients étaient entrain de se servir de quoi manger, d’autres étaient à l’œuvre en préparant le repas de midi, y compris les brochettes. Les conducteurs des vélos qui se sont entretenus avec Burundi Eco font savoir que ceux qui fréquentent ces restaurants ont un faible pouvoir d’achat. Ils n’ont pas de choix, car une assiette de nourriture coûte 1000 FBu alors que dans les autres restaurants, elle coûte entre 1500 FBu et 2000 FBu.
Au marché Ngagara II dénommé Cotebu, certains passagers se soulagent dans la rivière Ntahangwa. De surcroît, la partie réservée aux fruits et légumes dégage une odeur nauséabonde suite aux déchets provenant de ce marché.
Même scénario dans certains quartiers
Dans les quartiers de Mutakura et de Cibitoke, certains restaurants ne disposent pas de lieux d’aisance. Un motard rencontré à Cibitoke au restaurant situé à la 17ème avenue à coté de la RN 9 indique que celui qui veut se soulager rentre chez lui, car il n’y a pas de lieux d’aisance. En cas de force majeure, il se débrouille dans la nature ou dans d’autres endroits non aménagés. La situation est la même au restaurant situé à Mutakura, 7ème avenue à côté de la RN 9 et un autre situé à Cibitoke, 12ème avenue. La poussière empire la situation du fait que l’état de la RN 9 est très dégradé. Elle entre dans les restaurants et altère la qualité des aliments réservés aux clients. Dans ces mêmes quartiers, certains bars ne disposent pas de lieux d’aisance. Les amateurs de la sainte mousse qui se sont entretenus avec Burundi Eco utilisent les lieux d’aisance des familles qui habitent dans ces environs.
Dans une réunion avec les confessions religieuses mercredi le 23 janvier 2019, Dr Cléophile Ahindavyi, médecin provincial en mairie de Bujumbura a fait savoir que si rien n’est fait, l’épidémie de cholera qui s’observe depuis bientôt quelques semaines va perdurer suite à l’hygiène déplorable. Certaines familles ne disposent pas de lieux d’aisance. A Kinama, elle fait savoir qu’on y a découvert une parcelle qui abrite 78 personnes partageant une seule toilette. Selon elle, un tel effectif ne peut pas partager un seul lieu d’aisance. Selon toujours elle, 9 parmi eux arboraient les signes du choléra ces derniers jours.
A carama, les toilettes ne sont pas connectées à la station d’épuration de Buterere parce qu’ils ont des difficultés à avoir des fosses septiques profondes, certains ayant canalisé les déchets provenant des toilettes vers les caniveaux. Il en est de même dans beaucoup de quartiers qui ne sont pas connectés à la station d’épuration de Buterere. Dans les quartiers Buterere, kinama, Bwiza…, Ahindavyi note que les inondations ne cessent de détruire les lieux d’aisance. Et les victimes ne se soulagent que dans la nature. Elle demande de prendre des mesures contraignantes pour prévenir les maladies des mains sales.
619 bars et restaurants à fermer
Théodore Niyongabo, coordinateur provincial de promotion de la santé, de l’hygiène et de l’assainissement en mairie de Bujumbura fait savoir que l’inventaire des lieux insalubres à fermer a été réalisé. 91 cas ont été identifiés dans la commune Muha, 127 cas dans la commune Mukaza et 401 dans la commune Ntahangwa. Selon lui, il y en beaucoup d’autres. Certains endroits ont même été déjà fermés. Mais, après un certain temps, il s’est lamenté du fait qu’ils ont été rouverts sans consulter les organes habilités. Il demande à l’administration de s’impliquer davantage dans la promotion de l’hygiène en mairie de Bujumbura. Sinon, le danger est imminent.
Prosper Muyuku, chargé de l’hygiène au ministère de la Santé Publique et de la lutte contre le Sida fait savoir qu’il s’observe actuellement des gens qui se soulagent dans la nature à l’aise au vu de tout le monde. «Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de toilettes publiques que certains se soulagent dans la nature», éclaircit-il. Ils sont mal éduqués. Selon lui, certains habitants du quartier Buyenzi exagèrent. Ils défèquent dans les sachets qu’ils jettent dans les caniveaux. Ce qui est à l’origine des maladies des mains sales. Les châtier est une nécessité, note-t-il.
Le projet de loi qui punit les auteurs de l’insalubrité a été adopté par l’Assemblée Nationale et le Sénat. Il stipule que celui qui se soulage dans la nature est puni d’une amende d’entre 10000 FBu et 50000 FBu. Celui qui jette les déchets dans la nature est sanctionné d’une amende de 100 000 FBu à 1 000 000 FBu. Le même projet de loi indique qu’on va mettre en place une toilette publique à chaque 500 mètres. Malheureusement, il n’est pas encore promulgué.
Freddy Mbonimpa, maire de la ville de Bujumbura invite les habitants de la Ville de Bujumbura à promouvoir l’hygiène et l’assainissement. Selon lui, les bars et les restaurants insalubres seront désormais fermés. Pour prévenir les dégâts qui découlent de l’insalubrité, il indique qu’on compte mettre en place des toilettes publiques.
Mbonimpa a déjà commencé à manifester son ferme engagement à promouvoir l’hygiène et l’assainissement en procédant mardi le 29 janvier 2019 à la fermeture d’un bar-restaurant insalubre dénommé «Kumapine» situé au centre- ville à côté de l’ex- marché central de Bujumbura. Ce dernier ne disposait même pas de toilettes.
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