L’inclusion financière souffre des taux d’intérêts élevés, du manque de garanties, du mauvais service offert par les institutions financières… Ce qui fait que les gens recourent à l’informel quand bien même le taux usuraire est très élevé. Toutefois, les points de service ont augmenté de plus de 60% en une année de 2019 à 2020. Pour maximiser le taux de pénétration, le PAIFAR-B, un projet du gouvernement du Burundi financé par le FIDA à hauteur de 24,5 millions USD s’active pour actualiser la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF 2015-2020) qui a déjà pris fin.

Afin d’éviter les tracasseries bancaires, les gens préfèrent recourir au modèle d’accès au financement intercommunautaire. Cela malgré que le taux usuraire soit élevé.
« L’inclusion financière s’est fortement améliorée. Au niveau des points de service, on a enregistré une augmentation de plus de 60%. On est passé d’environ 46 mille points de service sur tout le territoire national en 2019 à plus de 99 mille points de service en 2020, soit un taux d’accès aux points de service 50 fois plus élevé par rapport à l’année 2012. Les Institutions de Microfinance (IMFs) sont passées de 37 en 2019 à 39 en 2020 », déclare Dr Abel Bigawa Bazira, consultant et chercheur en finance inclusive, en banque et en entrepreneuriat.
Il explique que les points de service sont des points qui facilitent l’accès au dépôt ou à l’épargne tandis que l’inclusion financière est la possibilité des citoyens d’avoir accès à tous les services et produits financiers via des organisations reconnues par la loi notamment les banques, les institutions de microfinance et tous les prestataires de paiements et de services digitaux.
Ce qui a permis l’amélioration de l’inclusion financière, explique Dr Bigawa, c’est que depuis 2017, les produits financiers digitaux, c’est-à-dire le « mobile bank » a pu évoluer dans un cadre légal reconnu par les institutions de microfinance et les institutions bancaires.
Nécessité d’un changement profond
Un des changements à opérer est l’actualisation de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF 2015-2020).
«Les sous-objectifs du SNIF indiquaient que les activités retenues avaient principalement pour but de faire lever les contraintes empêchant la jonction entre l’offre et la demande des produits financiers formels, non seulement pour les opérations de crédit, mais aussi pour la mobilisation de l’épargne», précise Paul Nzitakuze, directeur général des finances publiques au ministère en charge des finances. C’est le Projet d’Appui à l’Inclusion Financière Agricole et Rurale du Burundi (PAIFAR-B) qui va appuyer techniquement et financièrement l’actualisation du SNIF.
Le Projet du gouvernement financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), le PAIFAR-B contribue également à renforcer l’inclusion financière des populations rurales agricoles et non agricoles, en comblant les écarts entre la demande et l’offre de services financers et non financiers.
« L’actualisation du SNIF a été motivé par la pensée sur l’avenir du Burundi en termes d’inclusion financière et en terme de système bancaire du Burundi », fait remarquer Epaphrodite Semyampi, responsable de la finance rurale au PAIFAR-B.
Pour lui, l’inclusion financière souffre des taux d’intérêts élevés, le délai de remboursement court, du manque de garanties, de la peur de l’échec, du manque d’informations, des longues procédures, de l’envie de ne pas s’endetter, de l’absence des IF/IMF à proximité.
«Services décourageants»
M. Semyampi déplore que les types de services offerts par les institutions financières découragent parfois les demandeurs de services.
« C’est difficile pour un client de digérer s’il va retirer son argent sur son compte dépôt à la banque et qu’on lui demande d’attendre plus de 2 heures. Cela parce que c’est l’heure supposée de la pause », informe-t-il.
M. Semyampi regrette par exemple que la Banque centrale prévoit un taux de remboursement dégressif de 8% pour les crédits contractés dans les secteurs porteurs de croissance. Pourtant, confirme-t-il, les institutions financières restent réticentes pour appliquer cette législation.
Et de continuer : « Le secteur agricole est peu financé. D’ailleurs, les jeunes en âge de travailler sont attirés par le numérique. Les adultes amortis ont tendance à investir dans le secteur agricole. Des fois, ils meurent de stress quand la production n’est pas bonne et qu’ils ont contracté un crédit pour y investir ».
M.Semyampi signale que la transmission des informations bancaires se fait de bouche à oreille. Ce qui les dénature.
« Le taux d’intérêt bancaire semble être élevé. Par contre, le taux nominal n’est pas élevé. C’est plutôt le taux réel qui est élevé (quand on y ajoute la commission, les frais de dossier…) », informe-t-il.
Et de conclure : « Les gens cherchent des facilités, soit un processus rapide pour avoir accès à l’inclusion financière. C’est pourquoi, ils recourent au modèle d’accès au financement intercommunautaire. Cela malgré que le taux usuraire soit élevé ».
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