La participation des femmes à l’inclusion financière est faible par rapport à celle des hommes. D’après le rapport de la BRB de 2018, le taux d’inclusion financière était de 20,88%. Et de ce taux, la participation des femmes reste faible, soit moins de 33% pour l’épargne et moins de 30% pour les crédits. Pour inverser la tendance, le renforcement de leur encadrement est une nécessité. Le RIM demande aux IMFs de redoubler d’efforts pour les inciter à épargner en vue de bénéficier des crédits pour initier des activités génératrices de revenus
Sous le thème «Le genre et l’inclusion financière des femmes», le Réseau des Institutions de Microfinance du Burundi (RIM) en partenariat avec la Fondation Allemande des Caisses d’Epargne pour la Coopération Internationale (DSIK) et Care International a procédé vendredi le 5 novembre 2021 à la célébration de la Journée internationale de l’Epargne. Selon Marie Louise Kamikazi, directeur exécutif du RIM, ce thème a été choisi dans l’objectif de promouvoir la participation des femmes à l’inclusion financière, car il a été constaté que le taux de l’inclusion financière chez les femmes est très faible par rapport aux hommes. Les statistiques de 2008 montrent que 90% de la population était rurale. Et 51% étaient des femmes.
Et si on considère les services financiers offerts à l’endroit des femmes, Kamikazi indique qu’on trouve que d’après le rapport de la BRB de 2018, le taux d’inclusion financière était de 20,88%. Et de ce taux, elle déplore que la participation des femmes soit de moins de 33% pour l’épargne et de moins de 30% pour les crédits. Suite à cela, RIM s’est posé la question de savoir le rôle des IMFs dans l’offre des produits et services financiers auprès des femmes en général et des femmes rurales en particulier. «C’est pour cette raison que pendant cette campagne, on a mis beaucoup d’attention sur la femme rurale pour inverser la tendance», éclaircit-elle.

Marie Louise Kamikazi, directeur exécutif de RIM : «Ce thème a été choisi dans l’objectif de promouvoir la participation des femmes à l’inclusion financière, car il a été constaté que le taux de l’inclusion financière chez les femmes est très faible par rapport à ce qu’il est chez les hommes».
Pourquoi cette campagne ?
Selon toujours Kamikazi, l’objectif de cette campagne est d’améliorer le taux d’inclusion financière à l’endroit des femmes. «Nous voulons que la femme soit informée sur les produits et les services financiers offerts par les IMFs», renchérit-elle. Pour gagner le pari, on a collaboré avec l’Ong Care Internationnal qui encadrait déjà un certain nombre de groupements dénommés NAWE NUZE. Selon Kamikazi, cette Ong a mis à la disposition du RIM ces VSLA (Village Savings and Loans Association ou Association Villageoise d’Epargne et Crédit en français) pour qu’on puisse les former et les connecter aux IMFs pour qu’elles puissent ouvrir des comptes en vue de bénéficier des crédits pour initier des activités génératrices de revenus.
Les causes de la faible participation des femmes dans l’inclusion financière
D’après l’enquête commanditée par un programme du FIDA dénommé PAIFAR B, Kamikazi laisse entendre que le manque d’informations est l’une des causes de cette situation. Les femmes ne sont pas informées sur les opportunités de partenariat avec les IMFs. Elles se disent que le taux d’intérêt est élevé et préfèrent se financer auprès des usuriers qui appliquent des taux d’intérêt très élevés jusqu’à même plus de 100%. Les conditions de recouvrement sont aussi dures. Le pire est que le client n’est pas respecté, martèle-t-elle. Elles pensent aussi que les hypothèques ne sont pas accessibles, car elles ont en tête qu’on exige des titres de propriété. Elles ne savent pas que les IMFs exigent des garanties solidaires. Il s’agit d’une caution solidaire entre les membres d’un groupement, car les femmes qui se regroupent se connaissent bien. Et la femme qui n’est pas disponible pour payer est supportée par ses pairs. Souvent, la femme ne paie pas pendant la période de maternité ou en cas de maladie. Et, dans ce cas, ses pairs remboursent la dette à sa place. De plus, la majorité des femmes ont peur de contracter des crédits, car elles pensent à ce qui va se passer une fois qu’elles ne remboursent pas.
Quid des actions prévues pour inverser la tendance ?
Pour inverser la tendance, Kamikazi ajoute qu’ on compte renforcer l’encadrement. Puisque parmi les raisons, il y a aussi la non disponibilité des IMFs tout près des résidences des femmes, on va sensibiliser les IMFs à rendre le service de proximité. La raison est que sur sept provinces qui devraient être couvertes pendant la campagne, deux ne l’ont pas été, car les sites où se trouvent les IMFs sont éloignés des VSLA de ces provinces. Nous comptons atteindre nos clients qui sont dans les coins les plus reculés. Et c’est possible quand on utilise les nouvelles technologies comme la finance digitale, le paiement mobile et le mobile banking.
Les IMFs CECM, UCODE et COOPEC primées
Kamikazi remercie les microfinances qui se donnent corps et âme pour soutenir les femmes. C’est pour cette raison que les IMFs comme CECM, UCODE et COOPEC ont reçu des prix constitués de télévisions. A cette occasion, cinq groupes de femmes qui se sont mis ensemble pour s’auto développer (VSLA) ont aussi bénéficié des prix constitués de motopompes. Il s’agit des VSLA Shigikirubworozi de la province de Kayanza, Girishaka de la province de Ngozi, Tugirishaka de la province de Cibitoke, Kurabibondo de la province de Bubanza et Twiyunge de la province de Gitega. Chaque VSLA a bénéficié d’une motopompe pour faciliter l’irrigation.

Astérie Bimenyimana qui représente le VSLA Shigikirubworozi situé dans la commune Muruta de la province Kayanza : «On nous a appris comment épargner dans les IMFs pour contracter des crédits afin d’initier des activités génératrices de revenus».
Les bénéficiaires s’en réjouissent
Selon Astérie Bimenyimana qui représentait le VSLA Shigikirubworozi situé dans la commune Muruta de la province Kayanza, on leur a appris comment épargner dans les IMFs pour contracter des crédits afin d’initier des activités génératrices de revenus. «Nous avons commencé par épargner 200 FBu. Juste après, on s’est décidé à épargner 500 FBu. Avec les crédits qu’on nous a offert, nous avons acheté 68 porcins, 21 moutons, 19 chèvres et 5 vaches», fait remarquer Bimenyimana. Et d’ajouter qu’elles pratiquent l’agriculture. Elles cultivent le haricot, le mais, les pommes de terre, etc.
Auparavant, il n’était pas facile de s’acheter ce dont elles avaient besoin, car elles n’avaient pas d’argent. Actuellement, elle affirme que leurs conditions de vie se sont améliorées. Elles s’achètent des habits et des produits de beauté sans tendre la main à leurs maris.
Irène Inayange, directeur pays de DSIK demande aux femmes de collaborer avec les microfinances pour se développer. Via RIM, cette Ong réaffirme son engagement à promouvoir et à appuyer les efforts de ses partenaires dans la mobilisation de l’épargne au Burundi. Elle rappelle que l’organisation qu’elle représente met en œuvre des projets dans toute la gamme des activités liées à l’inclusion financière. Nous concentrons sur six domaines prioritaires conçus pour promouvoir l’inclusion financière. Il s’agit du renforcement des capacités, de l’éducation financière, du financement des micros, petites et moyennes entreprises, du renforcement des IMFs et de la finance rurale.
Le président du comité exécutif du RIM a précisé que les données disponibles au RIM montrent que le secteur de la microfinance a connu des progrès significatifs en matière d’épargne. En effet, on a fait remarquer que le montant d l’épargne est passé de 67 501 701 000 FBu à 319 851 000 000 FBu de décembre 2011 au 31 octobre 2021. Au cours de la même période, il a fait remarquer que le nombre d’épargnants est passé de 496 961 000 à 845 827 000. Et cette évolution est liée aux facilités offertes par les institutions de microfinance et à la sensibilisation de la population sur l’importance de l’épargne.
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