L’eau du lac Tanganyika déborde. Les riverains vivent la peur au ventre. Ils rapportent une montée progressive des eaux du lac et craignent des inondations imminentes. Des vagues envahissent les portes d’entrée. Certaines routes sont pour le moment inaccessibles, paralysant ainsi les activités. Le deuxième lac le plus profond du monde, soit 1 470 m de profondeur submerge les plages. Par conséquent, les constructions érigées dans les 150 m du littoral flottent sur l’eau. L’activité économique est perturbée. Les points de vente, les resto-bars, les restaurants, les lieux de loisirs ferment. Les exploitants sont en désarroi total. La nature reprend ses droits. La thèse d’une délocalisation des populations n’est pas à écarter si jamais l’élévation du niveau du lac perdure.

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La situation est telle alors que le Burundi dispose d’un arsenal juridique pour réglementer la construction dans les zones humides. La loi interdit formellement d’ériger des constructions dans la zone tampon. Celle-ci constitue l’espace de reproduction des espèces aquatiques dont les crocodiles et les hippopotames. Elle filtre également les eaux de pluie avant qu’elles n’atteignent le lac. Or, depuis des années, les maisons poussent comme des champignons dans cette zone si stratégique pour maintenir l’équilibre de l’écosystème. Les investisseurs privés exploitent des dizaines de plages situées sur le littoral du lac. Le respect des règles de construction imposées par le code de l’eau n’est pas leur priorité. Le code de l’eau exige que les constructions soient érigées à 150 m du littoral. Une distance qui est déterminée en tenant compte de la dernière crue des eaux. Le constat est que pas mal d’infrastructures socio-économiques ont été érigées en déça de la distance conventionnelle.
Les écologistes tirent la sonnette d’alarme. Ils relèvent le manque de coordination des responsabilités relevant des différentes institutions gouvernementales, de la société civile, des communautés de base et d’autres acteurs pour que la prévention des risques des catastrophes devienne une réalité. Ils recommandent le respect du code de l’eau à la lettre. Les autorités habilitées doivent prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir le pire.
En dehors de la capitale économique Bujumbura, la ville de Rumonge est également sous l’emprise de l’érosion côtière. Certaines maisons d’habitation, les quais de débarquement des bateaux au niveau du port de pêche, etc. se trouvent sous l’eau. Cette situation serait liée à la forte pluviométrie enregistrée dans les quatre pays qui partagent le lac Tanganyika (Burundi, République Démocratique du Congo, Tanzanie, Zambie). Personne ne peut stopper la pression de l’eau des rivières situées en amont du lac Tanganyika. Ce déversoir augmente en volume, causant ainsi une montée spectaculaire de l’eau.
La zone tampon doit être délimitée et respectée. Sinon les vagues pourraient causer des dommages incommensurables. On se souviendra de la dernière montée des eaux survenue en 1963. L’eau du lac aurait monté jusqu’au niveau des bâtiments de la radio-télévision national, selon les aïeux. La violation de la loi en matière de protection de l’environnement devient monnaie courante. La conjugaison des efforts est plus que nécessaire pour réduire les risques des catastrophes.
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