Editorial

L’insécurité alimentaire, une menace réelle

La flambée des prix sur le marché inquiète plus d’un. L’inflation n’est plus à démontrer, car ses effets se font déjà sentir. La gamme des produits dits de première nécessité se rétrécit. Les prix des produits de consommation de base enregistrent une augmentation exponentielle. En pleine saison sèche, les prix des denrées alimentaires enregistrent une hausse de 15%. Les ménages se débrouillent pour joindre les deux bouts du mois. Ceux qui ont de faibles revenus ou des revenus fixes vivent dans la précarité. Vous découvrirez à travers ce numéro spécial la situation du panier de la ménagère. La rédaction du journal Burundi Eco décrypte les retombées économiques de la stagflation qui s’installe au fil du temps.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Les cours des produits de base imposent le style de vie. Les chiffres font froid au dos. Entre 2019 et 2020, plus d’un tiers des ménages du Burundi ont passé toute une journée sans rien manger par manque d’argent ou d’autres ressources. Dans ces conditions, l’insécurité alimentaire devient une menace réelle. Le pays ne dispose pas assez de réserves pour assurer ses importations de façon permanente. Par conséquent, les principales importations alimentaires (officielles et non officielles) sont payées via le taux de change parallèle, mais vendues localement en FBu, d’après les données relayées par la plateforme « Famine Early Warning Systems Network » appuyée financièrement par USAID.

La sape devient un luxe que le citoyen lambda ne peut pas se permettre. La plupart de la population se rabat aux vêtements et chaussures de seconde main. Là aussi, il faut faire des calculs. Auparavant, il était facile de se procurer une chemise à 5 000 FBu. Avec la crise du billet vert, il faut débourser au moins 15 000 FBu.  Les prêts à porter et les chaussures neuves restent l’apanage des personnes nanties qui peuvent dépenser facilement 200 000 de FBu  pour une paire de chaussure ou 700 000 FBu pour un costume. 

Sur le plan économique, le petit commerce a été fragilisé par la campagne de lutte contre l’informel. Les moyens de déplacement et de transport demeurent un casse-tête à la fois pour les consommateurs et les transporteurs. Ce qui se répercute encore une fois sur les ménages. La pénurie récurrente des produits pétroliers affecte négativement l’économie du pays.  Les fonctionnaires et les autres salariés vivent au jour le jour. A la fin de chaque mois, ils sont à assimilables aux  distributeurs de billet dans la mesure où ils dépensent plus de 50% du salaire pour rembourser les dettes chez le boutiquier. La caisse de sécurité n’existe plus dans la grande majorité des ménages. 

Ces derniers jours, les mouvements migratoires s’amplifient. Malheureusement, la mobilité de la main d’œuvre fragilise encore notre économie. Des milliers de jeunes actifs quittent le pays chaque année. Le commissariat général des migrations enregistre 300 dossiers de demande de documents de voyage par jour. Le commissaire général des migrations a confié à nos confrères du journal Iwacu que les départs massifs se justifient par « la motivation de rechercher les opportunités économiques ailleurs ». 

Pour atténuer l’impact de l’inflation sur le ménages, le gouvernement devrait alléger le fardeau fiscal qui pèse lourdement sur les consommateurs. En 2017, le taux d’inflation a explosé jusqu’à 16%. La détaxation des produits alimentaires importés à décanté la situation. Les recettes fiscales financent le gros du budget de l’Etat. Ce qui accroit la pression fiscale. Rien que pour l’exercice fiscal en cours, plus de 10 nouvelles mesures fiscales ont été introduites. Il est judicieux de repenser les mécanismes de financement du budget en misant sur l’exploitation efficiente des ressources minières et les retours sur les investissements publics (dividendes). Sur le long terme, il faudra réduire drastiquement les importations par le biais l’autosuffisante alimentaire et de la promotion de l’industrie locale.

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Benjamin Kuriyo.

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    Sans transparence, pas de confiance

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