Agriculture

Journée internationale du café : Le prix du café n’est guère satisfaisant

Le gouvernement du Burundi sensibilise les caféiculteurs à accroître la production du café afin d’en tirer des revenus substantiels. Mais les producteurs se lamentent du fait que le prix du café est inférieur à celui des cultures vivrières 

Muyinga est l’une des trois premières provinces du Burundi qui produisent beaucoup de café compte tenu du nombre de caféiers dont elle dispose, du rendement et de la qualité dont elle fait preuve. Cela a été dit par Jean-Claude Barutwanayo, gouverneur de cette province lors de la Journée internationale du café qui a été célébrée le 8 octobre 2021 au chef-lieu de la province Muyinga. Le thème du jour était : « Ensemble pour la pérennisation de la caféiculture au Burundi ». Cet administratif salue l’initiative du gouvernement burundais qui a pris en main la filière café au lieu la laisser aux mains des privés et, en conséquence, a augmenté le prix de ce produit jusqu’à 700 FBu le kilo. Il recommande à la population de cultiver beaucoup plus cette culture pour s’auto-développer et faire avancer le pays.

Dans son exposé, Ir. Nestor Nizigiye, expert de la filière café, a précisé que le gouvernement n’a pas encadré suffisamment les caféiculteurs. Raison pour laquelle le rendement du café a chuté progressivement au fur des années malgré qu’elle est une culture qui procure pas mal de devises au pays. Pour lui, l’encadrement est l’un des piliers pour accroître le rendement du café. Pendant la période coloniale et après l’indépendance, les paysans étaient contraints de cultiver et d’entretenir les caféiers (encadrement serré). Sinon, des sanctions leur étaient réservé. Même si cet aspect est plus moins négatif, il a contribué à l’augmentation du rendement caféicole.

Les meilleurs caféiculteurs ont été primés. Ils ont reçu des engrais chimiques du type NPK, les houes, les pulvérisateurs, les salopettes, les bottes, etc.

Le rendement a chuté progressivement

Au fur des années, le gouvernement s’est rendu compte qu’il n’est plus question de maltraiter la population pour cela. Il vaut mieux que les agriculteurs cultivent le café volontairement. Ainsi, les Burundais ont commencé à délaisser le café un tout petit peu. Ce qui a eu des conséquences négatives sur la production.  A titre d’illustration, dans la période 1961-1963, il y a eu une production de 13 000 tonnes de café tandis que dans la période de 1963-1964, la production a chuté jusqu’à 5000 tonnes. Par contre, de 1974 à 1975, le gouvernement a pris des mesures fermes et la production du café a atteint 28 000 tonnes. Mais dans les années qui ont suivi, les mesures ont été allégées progressivement. La population n’était plus contrainte beaucoup trop à cultiver le café. En conséquence, le rendement du café n’a plus atteint ce cap.

Pour essayer de développer la filière café et améliorer le rendement caféicole, plusieurs stratégies et réformes ont été adoptées. Il y a notamment la privatisation de ce secteur, la création des sociétés et offices caféicoles tels que l’OCIBU, les SOGESTALs, l’ARFIC, l’ODECA… C’est ce dernier qui tient actuellement les rennes de la filière café au Burundi. Malgré tout, selon M. Nizigiye, le rendement n’a jamais été satisfaisant.

Où est-ce que ça cloche ?

La majorité des personnes qui ont pris la parole sont tombés d’accord que l’Etat est redevable. Il est le premier acteur à prendre le devant pour développer la filière café à travers les mesures prises et la politique mise en place pour à cet effet. Mais, aussi longtemps que le prix du café ne convainc pas les caféiculteurs, ça ne marchera pas. Selon le prénommé Joseph, la filière café ne peut pas se développer sans une intervention remarquable de l’Etat. Même si le prix du café a été augmenté jusqu’à 700 FBu le kilo, cela ne suffit pas. Même les cultures vivrières comme le haricot coûtent beaucoup plus cher que le café (un kilo de haricot coûte plus ou moins 1300 FBu). C’est pour cette raison que pas mal des paysans privilégient les cultures plus ou moins rentables (par exemple le bananier) au détriment du café.

Un autre aspect qui explique le faible rendement du café, c’est que cette culture n’intéresse pas les jeunes. En général, ce ne sont que les personnes en âge avancé qui disposent des vergers. Pour ce faire, la Coopérative des Caféiculteurs de Marangara (COCAM) regroupant les jeunes de cette commune a pris l’initiative depuis 2019 de se lancer dans la filière café. Thierry Irambona, président de la COCAM précise que cette coopérative dispose de 15 000 caféiers avec plus de 150 membres. Une autre chose à signaler c’est que la plupart des moniteurs agricoles ou les agronomes qui sont censés encadrer les caféiculteurs ne sont pas pleinement impliqués dans la culture du café. Ils font cela comme une profession, mais pas comme une passion.

Les cérémonies de cette journée internationale du café ont été clôturées par la remise des prix aux meilleurs caféiculteurs des provinces de Kirundo, Karusi, Ngozi, Muyinga et Kayanza. Cette journée internationale est normalement célébrée le 1er octobre de chaque année depuis 2015. Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en collaboration avec l’Office pour le Développement du Café du Burundi (ODECA) a préféré célébrer cette journée pour la première fois et avec un retard d’une semaine.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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