La rivière Kinyankonge, qui traverse la zone de Buterere, a dévié de son lit habituel, causant de graves inondations et détruisant tout sur son passage. En attendant sa canalisation jusqu’au lac Tanganyika, les autorités locales demandent un appui du gouvernement pour renforcer les efforts des citoyens visant à élargir le lit de cette rivière.

Lorsqu’elle sort de son lit, la rivière Kinyankonge submerge les quartiers environnants.
La déviation du lit de la rivière Kinyankonge engendre de nombreux problèmes dans la zone de Buterere. « Elle est notre principal ennemi après la décharge publique », déclare Charles Hategekimana, chef de zone de Buterere, commune Ntahangwa dans la Mairie de Bujumbura.
La rivière Kinyankonge prend sa source dans la rivière Gasenyi, près de la Présidence de la République. Elle traverse plusieurs quartiers, notamment Carama et Buhinyuza dans la zone Kinama, avant de rejoindre les quartiers de la zone Buterere comme Mubone et Mugaruro. Dans le quartier Buterere 2B, elle croise les eaux venant de Kinama, acheminées depuis l’endroit dit « Main d’œuvre ». Lorsque ces eaux se croisent à Buterere , la rivière déborde et provoque des inondations, particulièrement en période de pluie.
Un bilan désastreux
Lorsqu’elle sort de son lit, la rivière Kinyankonge submerge les quartiers environnants : Buterere 2B, Kabusa, Buterere 1 et Mugaruro. Les maisons y sont régulièrement inondées, entraînant des dégâts matériels considérables. Les rizières situées dans cette localité ont également été totalement endommagées.
Selon les habitants de cette localité, dans les maisons envahies par les eaux de cette rivière, l’eau peut atteindre 1,5 mètre de hauteur. Les toilettes sont détruites et les déchets se répandent dans les habitations. Cette situation contribue à la propagation des maladies liées à l’insalubrité.
Les conséquences de ces inondations sont multiples selon Dr Jean Nsabimana : les habitants vivent dans une précarité constante à cause des déplacements fréquents, tandis que l’État doit fournir des abris et des vivres aux victimes ayant perdu leurs biens. Les infrastructures, telles que les routes, subissent également des dommages importants.
Les habitants lancent un appel au secours
Selon le chef de zone de Buterere, la rivière a été canalisée en amont depuis là où est érigé la Présidence de la République jusqu’au quartier Buhinyuza dans la zone Kinama et les travaux se sont arrêtés là. Aucune canalisation n’a été réalisée pour la zone de Buterere. Il demande que la rivière soit canalisée jusqu’au lac Tanganyika pour éviter les inondations.
Selon lui, les habitants de Buterere ont déjà élargi le lit de la rivière à travers les travaux communautaires en utilisant les matériaux à leur portée comme le bois, les sacs et les clous. Mais la puissance de la rivière dépasse leurs capacités. En attendant le démarrage des travaux de canalisation de cette rivière, les habitants de Buterere sollicitent des machines pour soutenir leurs efforts.
« Les efforts des habitants commencent à s’essouffler. A chaque pluie qui s’annonce, leur moral s’effondre, même si elle tombe loin en amont, sur les collines environnantes », déplore le chef de zone Buterer.
Un regard d’expert
Selon le Dr Jean Nsabimana, la ville de Bujumbura s’est développée rapidement ces dernières années, surtout vers le Nord et l’Est, sur les collines qui la surplombent. Ces collines ont connu une prolifération des constructions anarchiques, imperméabilisant le sol et amplifiant le ruissellement. L’afflux de l’eau vers les rivières Gasenyi et Kinyankonge devient critique à chaque pluie qui s’annonce, même modérée.
En outre, la faible pente dans la zone de Buterere ralentit l’écoulement des eaux, favorisant les débordements. Les infrastructures de canalisation y sont insuffisantes et mal dimensionnées pour gérer des volumes d’eau importants.
Dans cette zone, la plupart des maisons sont construites par des personnes à faibles revenus et sont particulièrement vulnérables. Les bâtiments en briques adobe absorbent l’eau et s’effondrent rapidement, contrairement aux constructions en béton qui résistent mieux aux inondations.
Ainsi, Buterere est la zone de Bujumbura la plus vulnérable face aux inondations. Selon cet expert, la solution serait de reprendre le projet de canalisation de la rivière Kinyankonge jusqu’au lac Tanganyika. « Ces canalisations devraient être conçues pour permettre l’usage agricole des eaux si nécessaire et diriger les surplus vers le lac Tanganyika », conclut-il.
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