Gouvernance

Kirundo : 70% de la population n’ont pas accès à l’eau potable

La région naturelle de Bugesera est menacée par la sécheresse.  Seuls 30% de la population ont accès à l’eau potable. Pour pallier à ce défi, un projet d’adduction d’eau potable est en cours sur une distance de 130 km, annonce le gouverneur de la province de Kirundo. D’autres projets concernent la mise en place des infrastructures sanitaires, la lutte contre la Covid-19 et les IST, l’amélioration de la qualité de l’enseignement, le tourisme, etc. Il invite par ailleurs les natifs à jouer un rôle de premier plan pour le développement de leur province

Dans un entretien accordé au journal Burundi Eco en date du 12 janvier 2021, le nouveau gouverneur de la province de Kirundo, Albert Hatungimana affirme que la paix et la sécurité règnent à Kirundo. Pour preuve, les communautés vivent en pleine tranquillité même si certains ménages connaissent une baisse de la production agricole suite aux faibles précipitations enregistrées dans la région de Bugesera. Les habitants de cette région craignent pour leur sécurité alimentaire. Cela est dû au changement climatique. L’administration est à pied d’œuvre pour voler au secours des ménages en difficulté, rassure-t-il.

Ladite province est répartie en sept communes, à savoir : Kirundo, Busoni, Bwambarangwe, Vumbi, Bugabira, Ntega et Gitobe. Elle est frontalière avec la République du Rwanda. Les deux pays sont  séparés par les lacs Rweru, Cohoha et la rivière Kanyaru. En ce qui concerne la libre circulation et des personnes, Kirundo est un carrefour pour les passagers qui se rendent dans les pays de l’East African Community (Ouganda, Kenya, Rwanda, Soudan du Sud) via le corridor Nord.

Une région en proie à la sècheresse

La région de Bugesera accuse un manque criant d’eau potable. «Seuls 30% de la population  ont accès à l’eau potable. Dans certaines localités le taux de couverture en eau potable reste faible. Les communes Bugabira et Busoni de la région de Bugesera sont les plus touchées par ce problème de déficit hydrique», explique Hatungimana. La commune Bugabira serait d’ailleurs l’une des localités où la population n’a pas accès à l’eau potable. 10% de la population consomment l’eau potable. La grande partie de la population utilisent l’eau du lac.

Le gouverneur de Kirundo tranquillise. Un projet d’adduction d’eau potable est en cours pour poser les tuyaux sur une  distance de 130 km. Ce projet va fournir de l’eau potable a au moins 50% de la population de cette province.

Covid-19 : la porosité des frontières inquiète 

Le pays connait une propagation du Coronavirus à l’échelle nationale. Les autorités sont en alerte maximale. Les gouverneurs de province multiplient les réunions de sensibilisation à l’endroit des administratifs à la base. C’est le cas au Nord du pays en province de Kirundo. « Trois réunions ont été tenues dans les communes de Bugabira, Kirundo et Bwamabarabwe pour sensibiliser la population au respect des mesures barrières contre la covid-19. Interdiction formelle de se serrer les mains. Les ambassades et les accolades sont prohibés», a indiqué Mr Albert Hatungimana, gouverneur de la province de Kirundo  à l’issue d’une réunion de sécurité ce mardi 12 janvier 2021.

Albert Hatungimana, gouverneur de la province Kirundo : « Les communes Bugabira et Busoni de la région de Bugesera sont les plus touchées par le problème de déficit hydrique ».

Au cours de cette réunion, des stratégies ont été arrêtées pour endiguer la propagation du virus à couronne. Ainsi, les soirées dansantes sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. De plus, les débits de boissons doivent mettre à la disposition de leurs clients un dispositif de lavage des mains et un agent de sécurité qui doit obliger les gens à se laver les mains. Le lavage des mains au savon et à l’eau propre est obligatoire dans les lieux publics (les centres de santé, les hôpitaux, les administrations, etc.), fait savoir M. Hatungimana. Pour rappel, la province de Kirundo n’a enregistré que deux cas depuis la déclaration de la pandémie en mars 2020 au Burundi.

La porosité des frontières est un véritable casse-tête pour lutter contre la contamination à grande échelle de la Covid-19. Dans certaines localités, il n’y a pas de frontière physique avec le Rwanda. Certains ressortissants de la commune Busoni passent par des points de passage informels. Cependant, la population reste vigilante pour dénoncer toute personne ayant franchi les frontières. Celle-ci est soumise au test de Covid-19. Sinon, au niveau de la frontière de Gasenyi-Nemba, il y a une  unité de soins pour s’occuper des cas suspects qui sont référés à l’hôpital de Kirundo pour des tests complets.  Pas de cas de Covid-19, mais le respect des mesures barrières reste de mise.

Un taux de séroprévalence élevé

Toujours sur le chapitre de la santé, la province de Kirundo fait partie des régions de basse altitude. C’est un terrain propice au développement des moustiques. C’est ainsi que la province enregistre beaucoup de cas de paludisme. Pour prévenir ce fléau, le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers ont distribué récemment des moustiquaires imprégnées d’insecticides et les cas de palu sont en nette diminution, a-t-il dit.

En outre, le taux de séroprévalence est très élevé en province de Kirundo (plus de 1% alors que la moyenne nationale est de 0,7%). D’après le gouverneur Hatungimana, la propagation du virus est encouragée par les flux des passagers en provenance des autres pays. L’administration organise des campagnes de sensibilisation  pour lutter contre le VIH. Il appelle la population à s’abstenir de tout rapport sexuel ou, à défaut, utiliser convenablement le préservatif.

Un manque criant d’infrastructures sanitaires

L’accès aux soins de santé n’est pas une mince affaire. La province dispose de quatre districts sanitaires (Kirundo, Busoni, Mukenke et Vumbi). Les quatre districts convergent vers deux hôpitaux, en l’occurrence l’hôpital de Kirundo et celui de Mukenke. Tous les patients de la province Kirundo sont référés dans ces deux hôpitaux.

Une lueur d’espoir se profile à l’horizon avec l’initiative de créer des hôpitaux communaux. La commune de Busoni aura bientôt un hôpital de district. En outre, la phase d’identification des centres de santé à transformer en hôpitaux et l’évaluation des besoins ont été bouclées. D’ailleurs, un rapport a été transmis à l’autorité hiérarchique,  informe le gouverneur de la province de Kirundo. Il apprécie positivement le projet de mise en place des unités de soins sur chaque colline. Cela permettra de traiter les patients à temps avant qu’ils n’agonisent.

Vers la création d’un fonds de soutien à l’éducation

Pour améliorer la qualité de l’enseignement et aspirer à être des modèles dans le pays, des mesures ont été prises. Ce sont notamment la création d’un fonds de soutien à l’éducation dans chaque commune. Les membres des conseils communaux ont déjà approuvé le projet de sa mise en place. Pour le moment, les textes de mise en place de ces fonds sont en cours d’élaboration.  Ce sont les ressortissants des communes qui vont financer le fonds  pour promouvoir  une éducation de qualité dans leurs localités respectives. Ce fonds va couvrir les dépenses dans les établissements scolaires telles que le paiement des professeurs ou enseignants vacataires, l’achat des manuels scolaires, la construction des écoles, l’approvisionnement en bancs pupitres, etc.

La solidarité locale est une stratégie qui a connu des succès dans ladite province. La construction de l’université des lacs du Nord à Kirundo a été entièrement financée par les natifs. Elle est située à trois km du chef-lieu de la province de Kirundo et dispose de deux filières de formations : la santé publique et le développement communautaire. La plus-value est que cette université accueille les lauréats qui n’ont pas réussi à l’examen d’Etat.

Il invite les jeunes diplômés à accroître leur niveau d’études afin de maximiser les chances d’être embauchés. Il y a des programmes de nuit et des  programmes du soir. Dans le secteur des TIC, la province de Kirundo est en laisse. Il n’existe qu’un seul centre de formation en informatique avec 8 ordinateurs.

Quid de la réintégration socio-économique des refugiés ?

En 2015, la province de Kirundo a enregistré un flux important de départ des réfugiés vers le Rwanda. Ce mouvement a été accéléré par les rumeurs circulant autour des élections de 2015. En outre, le fait que les habitants de la ville de Bujumbura transitaient par la frontière de Nemba sur la Kanyaru a alimenté la panique chez la plupart des communautés locales. Actuellement, 70% des réfugiés du camp de Mahama ou des autres villages du Rwanda proviennent de Kirundo.

Pour le moment, l’administration enregistre un retour massif des réfugiés. Plus de 20 000 réfugiés figurent sur les listes de ceux qui souhaitent recouvrer leur citoyenneté. Ainsi, chaque semaine, le mouvement de rapatriement s’accélère. Entre 500 et 700 réfugiés retournent au pays.

Ce grand retour de réfugiés fixe l’attention de l’administration. Des réunions ont été organisées à l’endroit des administratifs pour un accueil digne des rapatriés comme des concitoyens. Cependant, les défis ne manquent pas. Ce sont notamment, l’occupation illégale des propriétés qui, jadis, appartenaient aux réfugiés. Ce qui est à l’origine des conflits fonciers. Il y a également  des membres des familles qui ont été séparées, des enfants qui naissent en dehors du foyer familial, le concubinage, etc. Le non enregistrement des enfants à l’état-civil leur privent le droit de bénéficier de certains avantages : gratuité des soins aux enfants de moins de 5 ans. Pour accélérer le mouvement de rapatriement, un autre centre de transit sera aménagé dans la commune Busoni. Au niveau national, il est prévu un programme de réinsertion socio-économique durable de tous les rapatriés au sein de la communauté,

La polygamie, source de tous les maux sociaux

A l’échelle nationale, on signale des cas de violences basées sur le genre (VBG) qui aboutissent parfois à des homicides. Kirundo ne fait pas exception à la règle. Le gouverneur Hatungimana fait savoir que des cas de femmes tabassées par leurs maris ont été rapportés. « Nous déplorons trois femmes qui ont été tuées par leurs époux et un homme qui a été tué en 2020 ».

Les querelles et les climats de méfiance et de haine sont monnaie courante dans certains ménages. De plus, le viol reste une réalité à Kirundo eu égard à la persistance des grossesses non désirées, regrette M.Hatungimana. Les violences conjugales sont surtout dues à la polygamie. « C’est pourquoi nous avons décidé d’interdire la polygamie pour réduire les violences conjugales », avertit-il. Pour la prise en charge des victimes, deux centres de prise en charge psychosociale des victimes des VBG ont été aménagés :   le centre d’accueil de Bunyari en commune Busoni et celui de Rusubije en commune Ntega. D’autres activités se concentrent sur la sensibilisation à la lutte contre les VGB à travers le renforcement des capacités et les sketches.

Un potentiel touristique inexploité

Cette partie du pays regorge d’énormes potentialités dans le secteur touristique. On reconnaîtra par exemple le rôle emblématique des danseurs traditionnels Intore qui, en réalité, sont de vrais guerriers. La province de Kirundo demeure le bouclier du pays en cas d’invasion.  Les historiens se rappellent de la bataille entre le Rwanda et le Burundi sur les collines de Shinge et Rugero.

Il existe également des lacs où l’on peut développer le tourisme. Le lac Rwihinda appelé communément « lac aux oiseaux ». Les oiseaux migrateurs finissent leurs courses à Kirundo pendant la saison hivernale. C’est une zone protégée où les touristes viennent contempler les merveilles de ce lac. Le secteur touristique est encore vierge. Les lacs Cohoha, Kanzigiri, Gacamirindi, Gitamo, etc. restent sous-exploités. Il invite les investisseurs potentiels à investir dans le développement des infrastructures touristiques.

Pour attirer les investisseurs, il est prévu un projet d’installation des lignes électriques sur 20 km le long du littoral du lac Rweru. Un chantier est en cours pour électrifier cette région. Cela va st stimuler le développement local et booster les échanges commerciaux via le  marché transfrontalier de Gatare en commune Busoni.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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