Société

Kirundo : Les habitants de l’île de Ruyoka relégués aux oubliettes

Même si la localité de Ruyoka située dans le lac Rweru est fertile, les habitants disent que les conditions de vie n’y sont pas bonnes, car il n’y a ni école, ni centre de santé, ni marché, ni cimetière. Ils n’ont pas aussi accès à l’eau potable et à l’énergie. Ils consomment l’eau polluée du lac Rweru. Et se déplacer est un calvaire, car cela nécessite des bateaux pour arriver là où se trouvent les infrastructures publiques   

Nous sommes mercredi le 10 novembre 2021 au site de débarquement situé sur la colline Ruheha de la zone Nyagisozi, commune Busoni en province de Kirundo sur le littoral du lac Rweru. Accompagné par le gouverneur de ladite province, une équipe de journalistes effectue vers 10h une visite à une  localité isolée  connue sous le nom de Ruyoka située dans le lac Rweru. C’est une île au vrai sens du terme. Sous un soleil de plomb, nous montons à bord d’un bateau de la marine burundaise à destination de Ruyoka.  Plus nous progressons, plus nous sommes pris par la peur de rencontrer des obstacles avec beaucoup de risques d’être noyés.  Certains d’entre nous pensent qu’il y a des crocodiles et des hippopotames qui peuvent nous causer des ennuis.  Les militaires de la marine burundaise avec qui nous sommes nous tranquillisent : «Les hippopotames,  il y en a. Mais ils fuient quand ils entendent le bruit d’un moteur de bateau. Quant aux crocodiles, il n’y en a pas». Nous  parvenons à franchir la localité de Ruyoka.

Les habitants disent que les conditions de vie n’y sont pas bonnes, car il n’y a ni école, ni centre de santé, ni marché, ni cimetière. Ils n’ont pas aussi accès à l’eau potable et à l’énergie. Ils consomment l’eau polluée du lac Rweru.

Ruyoka, une île fertile

Dans un entretien avec certains habitants de cette localité, il est ressorti que Ruyoka est fertile. On y cultive du maïs, du haricot, du manioc, du sorgho, de la pomme de terre, de la patate douce et différentes sortes de légumes. Les habitants pratiquent aussi l’élevage des chèvres, des porcins et des volailles. De plus, ils vivent aussi de la pêche. L’élevage des bovins n’y est pas possible, car on ne peut pas les déplacer à bord de bateaux.

Ruyoka : la vie n’est pas facile

Néanmoins, ces habitants s’inquiètent du fait que la vie n’est pas facile à cet endroit, car il n’y a ni école, ni centre de santé, ni marché, ni cimetière.  Ces infrastructures publiques  sont situées en dehors  de ladite localité plus précisément à Gatare et Ngagisozi en  commune de Busoni. Et se déplacer constitue un grand calvaire, car les habitants doivent toujours traverser le lac Rweru à bord de bateaux, fait savoir Mr Gérard, un des cinq conseillers collinaires. Et ces  bateaux sont dans un état de vétuste.  S’il pleut ou s’il y a des vents violents, les élèves sont exposés à un grand danger. «Parce que nous craignons qu’ils soient noyés dans les eaux du lac Rweru, nous demandons aux directeurs des écoles de garder nos enfants  en attendant que la situation se normalise», fait remarquer  ce conseiller collinaire.

Selon  Espérance Mukakarera, mère de 13 enfants, les femmes éprouvent aussi des difficultés pendant l’accouchement, car se déplacer à bord de bateau n’est pas chose facile.  «Imaginez, on ne fait pas moins d’une heure pour arriver à la structure de santé, car on utilise des bateaux non motorisés. Cela fait que la plupart des femmes préfèrent accoucher à la maison», alerte-t-elle.   Une autre anomalie est que les habitants n’ont pas accès à l’eau potable, laisse entendre Evelyne Uwineza, habitant cet endroit.  Il n’y a plus de fontaines publiques.  Ils consomment les eaux  du lac Rweru.

L’administration promet d’inverser la tendance

Le gouverneur de la province de Kirundo affirme que les habitants de la localité de Ruyoka vivent dans de mauvaises conditions. Ils n’ont accès ni à l’eau potable, ni à l’énergie. De plus, ils sont exposés aux catastrophes naturelles liées au changement climatique.  «Je me rappelle qu’en 2019, les habitants de Ruyoka ont été affectés par les inondations et que certaines infrastructures ont été affectées par les eaux. La plupart des gens ont fui vers les collines riveraines du lac Rweru  quand d’autres ont pris refuge dans les pays riverains comme le Rwanda», renchérit-il. De surcroît, puisqu’ ils se déplacent en bateaux, ils sont victimes de probables accidents. Ils sont quelquefois noyés et perdent leur vie. Et d’ajouter qu’ils peuvent aussi être dévorés par les hippopotames.  «Deux personnes nous ont quitté ces derniers jours suite aux attaques de ces hippopotames», déplore- t- il.  Et d’ajouter qu’il y a beaucoup d’enfants qui ne fréquentent pas l’école, car il n’est pas facile de se déplacer. Pour protéger ces habitants,  cet administratif indique que le gouvernement souhaite les délocaliser vers un autre endroit plus sécurisé et plus résilient. Puisqu’ on prévoit mettre en place un village moderne au site dénommé Gikubajoro, on pourra y intégrer les habitants de Ruyoka, car c’est un endroit très proche de cette localité. Dans ce sens, il leur sera facile de continuer à pratiquer l’agriculture à Ruyoka. De plus, ils auront accès à l’eau potable et à l’énergie.

Notons que la localité de Ruyoka a une superficie estimée à plus de 20 ha. Et plus de 200 personnes y habitent.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques