Commerce

La commercialisation des produits halieutiques, comment est- elle organisée ?

Les produits halieutiques contribuent à l’amélioration des conditions de vie des ménages. Dans ce numéro, on fait découvrir la manière dont la commercialisation des poissons est organisée et on identifie les intervenants dans la fixation des prix et les facteurs qui influencent la hausse ou la baisse des prix

Nous sommes mardi le 5 janvier 2021. Il est 6h 20 min au site de débarquement de Rumonge. Le lac Tanganyika est plein de pêcheurs qui sont en train d’effectuer un mouvement de retour.  Ils se dirigent vers le site de débarquement. Le bruit  des vagues se fait sentir. Les bateaux franchissent les bords du lac Tanganyika un à un. Les pêcheurs déchargent les poissons. Ils enlèvent les moteurs. Les batteries mêmement pour les recharger afin de pouvoir bien allumer les lampes que les bateaux utilisent pendant la pêche. Cet endroit grouille de monde. Hommes et femmes s’y côtoient. Ils attendent avec impatience le débarquement des pêcheurs. Ils se bousculent pour s’approvisionner en poissons pour enfin procéder à leur commercialisation. Ces poissons sont entre autres le Mukeke, Nyamunyamu, Agahuzo, etc. Les uns vendent les poissons en détail sur place. D’autres les acheminent vers différents marchés éparpillés dans tous les coins du pays.  Et d’ajouter ceux qui les acheminent vers les différents bistrots ou cabarets pour les vendre grillées.  Les pêcheurs débarquent sur le site de débarquement de Rumonge à partir de 6 h. Après le déchargement des poissons par les pêcheurs, leur commercialisation s’ensuit.

Le commerce des poissons au site de débarquement de Rumonge.

Diomède Vyizigiro, patron pêcheur, fait savoir qu’il fixe le prix des poissons sur base des quantités de poissons capturées. De plus, il tient compte de toutes les dépenses enregistrées. Ce sont à titre d’exemple le coût du carburant, des gilets de sauvetage et de tout autre kit utilisé dans la pêche, la rémunération des pêcheurs, etc. Selon lui, plus on effectue un long trajet à la recherche des poissons, plus on utilise beaucoup de carburant. De surcroît, si on utilise des filets qui répondent aux normes de qualité, on ne vend pas les poissons comme celui qui a utilisé les filets hors normes.   

Qui fixe le prix des poissons ?

Selon Egide Nsengiyumva, pêcheur, c’est le gérant du bateau qui pilote les activités de commercialisation des poissons. C’est lui-même qui fixe les prix en se basant sur les quantités de poissons capturées dans les eaux du lac Tanganyika. S’il a capturé beaucoup de poissons, leur prix diminue. S’elles sont en quantité insuffisante, leur prix augmente.  Gabriel Toyi, président de la fédération des pêcheurs  abonde dans le même sens.  C’est le gérant ou le patron pêcheur qui s’occupe de la fixation du prix des poissons. Il négocie avec les commerçants présents sur le site de débarquement pour s’approvisionner en poissons.

Quid de la commercialisation des poissons ?

Maman Chadia est l’une de ces commerçants de poissons. Elle est mère de 6 enfants. Elle fait savoir qu’elle s’est réveillée à 5 h 30 min  pour aller s’approvisionner en poissons au site de débarquement de Rumonge. «Le commerce des poissons c’est mon travail quotidien. J’utilise un capital de 400 000 FBu. Tantôt, j’achète une caisse de poissons (Nyamunyamu ou Ndagala) à 150 000 FBu ou à 200 000 FBu. Pour le Mukeke, le prix d’une caisse  varie entre 350 000 FBu et 600 000 FBu», fait remarquer Maman Chadia.  Après s’être approvisionné, elle procède à la vente des poissons en détail sur place. Elle fait savoir que les prix varient.  Ils sont fixés à partir de 1000 FBu pour les poissons Nyamunyamu, les Ndagala, etc. Pour le Mukeke, c’’est à partir de 5000 FBu. Maman Chadia affirme qu’elle parvient à enregistrer des bénéfices variant entre 15 000 FBu et 30 000 FBu par jour.

Quand le commerce des poissons contribue à l’amélioration des conditions de vie des ménages

Les commerçants se bousculent pour s’approvisionner en poissons.

Selon Diomède Bukuru, commerçant des poissons au marché de Rumonge, le commerce des poissons contribue à l’amélioration des conditions de vie de sa famille. Au cours de notre visite du jeudi 7 janvier 2021, Bukuru vendait sept poissons Mukeke soit à 5000 FBu ou à 10 000 FBu. La fixation du prix dépendait du poids des poissons capturés.  Sur son stand, il avait deux caisses de poissons. L’une de Mukeke et une autre de Ndagala. Celle de Mukeke, il l’avait achetée à 400 000 FBu quand celle de Ndagala il avait achetée à 150 000 FBu. Et de souligner qu’il parvient à engranger un bénéfice variant entre 20 000 FBu et 30 000 FBu par jour. Il fait savoir qu’il s’approvisionne dans les sites de débarquement de Rumonge, de Karonda et de Mvugo. «Si je trouve que les poissons ont été capturés en quantité suffisante, le prix baisse. Dans le cas contraire, le prix augmente», précise-t-il.

Les consommateurs des poissons ravis

Béatrice Kaneza rencontrée au marché de Rumonge en train d’acheter les poissons chez Bukuru était ravie du fait que le prix du poisson avait diminué. Elle indique que ses enfants et son mari préfèrent consommer les poissons accompagnés de la pâte de manioc (UBUBAMO). Pour cette raison, elle fait de son mieux pour essayer de les satisfaire. Selon elle, les trouver sur le marché en quantité suffisante et à un prix abordable est une bonne chose.  «J’ai pu acheter 14 poissons Mukeke à 10 000 FBu. Avant, ce n’était pas ainsi. Les prix étaient exorbitants. 14 poissons Mukeke pouvaient s’acheter à plus de 30 000 FBu», indique Kaneza.

Les grilleurs de Mukeke s’en réjouissent    

Avec 12 000 FBu,  Serges Bishaza, grilleur de poissons connu sous le sobriquet de Mwarabu rencontré dans l’un des bistrots situés au chef-lieu de la province Rumonge fait savoir qu’on pouvait acheter  plus de 10 poissons lors de notre visite.  Après les avoir grillés, le coût d’un poisson Mukeke varie entre 2500 FBu et 4000 FBu. Selon lui, le prix des poissons Mukeke grillés est fixé en fonction de leur taille. Mwarabu affirme qu’il ne travaille pas à perte. Après avoir payé toutes les dépenses, il peut enregistrer un bénéfice de 20 000 FBu ou 25 000 FBu.

Ibrahim Nzeyimana, président de la coopérative des commerçants des poissons au Burundi : « Les prix des poissons sont actuellement motivants pour les consommateurs».

Les commerçants de poissons opérant au marché de Ngagara II dénommé Cotebu abonde dans le même sens. Dans une interview avec Ibrahim Nzeyimana, président de la coopérative des commerçants de poissons au Burundi lundi le 11 janvier 2021, celui-ci indique que les prix des poissons sont actuellement motivants pour les consommateurs. Depuis le mois de décembre 2020, les poissons sont disponibles en quantité non négligeable. Un kg de Ndagala sec peut s’acheter à 20 000 FBu. Le prix d’un kg de Mukeke varie entre 8000 FBu et 15 000 FBu. Ça dépend de leur taille. Un kg des poissons (Mukeke) dont le poids est de moins de 200 g coûte 8000 FBu. Ceux dont le poids varie entre 200 et 300 g coûtent 10 000 FBu. Pour les poissons dont le poids dépasse 300 g, ils s’achètent à 15 000 FBu. Auparavant, un kg de Mukeke s’achetait à plus de 20 000 FBu.  Chez les détaillants au marché de Ngagara II, on peut trouver des Ndagala sec  à partir de 1000 FBu par  tas. De même pour les Ndagala frais. Pour le Mukeke, on peut s’approvisionner à partir de 4000 FBu le tas. Nzeyimana fait savoir que la plupart des poissons qui sont vendus à Bujumbura proviennent des sites de débarquement situés à Rumonge. Actuellement, il fait remarquer que les commerçants  achètent un seau rempli de Mukeke à 120 000 FBu. Pour les Ndagalas, ils achètent un seau à 90 000 FBu.         

Notons que l’administrateur de la commune de Rumonge affirme que ce sont les patrons des bateaux qui fixent les prix des poissons. Et d’ajouter que les prix sont fixés en fonction des quantités de poissons capturés.

Cet article a été produit dans le cadre du projet dénommé TUYAGE initié par l’Agence des Etats-Unis d’Amérique pour l’Aide au Développement (USAID) mis en œuvre par l’ONG Search for Common Ground et les médias partenaires.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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