La volonté à elle seule ne suffit pas à elle seule pour devenir meilleur cuniculteur au Burundi. Selon les experts en la matière, ce métier exige à se défaire des vieilles habitudes, notamment la construction des cages en bois ou en étage, pour passer aux cages en acier antioxydant. Combien de cuniculteurs pourront s’offrir ce luxe dans un contexte économique moribond ?
![](https://burundi-eco.com/wp-content/uploads/2025/02/Lapins-300x200.jpg)
Il faut bannir les cages en bois et celles en étage pour passer aux cages en acier antioxydant (Photo : Ntare House).
Le président burundais a émis son vœu ardent de voir chaque ménage doté d’au moins 5 lapins. De nombreux Burundais ont répondu à cet appel, que ce soit individuellement ou en coopératives. Cependant, plusieurs défis ont été identifiés dès le début.
Dans nos reportages antérieurs, certains cuniculteurs ont montré à quel point ces tâtonnements leur coûtent cher. Leurs lapins mouraient en masse. Ils soupçonnaient l’absence d’une bonne race dans la filière cunicole, les connaissances lacunaires sur la cuniculture. Chacun procédait à sa manière sans suivi rigoureux ni entretien des lieux d’élevage.
La race, élément clé dans la cuniculture
La recherche de meilleures races de lapin a été la préoccupation de nombreux cuniculteurs et autres parties prenantes. Dans nos reportages antérieurs, les cuniculteurs de la commune de Gitega évoquaient une grande mortalité de leurs lapins en raison de problèmes de consanguinité. Ils réclamaient une meilleure race.
Le Directeur Général du Centre de reproduction des lapins « grands parentaux » de Kibimba, à Gitega, a expliqué à nos confrères de Jimbere Magazine qu’ils avaient importé des races du Kenya et de la Tanzanie, mais pour diverses raisons, ils ne pouvaient pas atteindre le seuil de productivité souhaité.
Un centre naisseur pilote à Cibitoke
Un centre naisseur cunicole moderne vient d’être inauguré à Mugina, dans la province de Cibitoke. Il abrite 308 lapins importés de France. Ce centre, financé à hauteur de 2,1 milliards de FBu, est géré par des entreprises cunicoles de jeunes Burundais regroupés dans la société Sungura Net.
Blaise Nkuriyingoma, Directeur Général de Sungura Net, a indiqué que ce centre naisseur a la capacité de produire 8 400 lapins sur une période de 2 mois. Il estime que ces 308 lapins auront à terme une capacité de reproduction de 8 000 lapins tous les 42 jours. « En moyenne, nous espérons avoir 50 000 lapins reproducteurs à distribuer chaque année à travers le Burundi. Cela signifie que plus de 10 000 ménages seront annuellement servis », a-t-il précisé.
« Ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait »
L’expert béninois Aziz Sènan Agossou, fondateur d’Ibidun Farming, accompagne les cuniculteurs burundais dans cet élevage en vogue. Pour lui, en matière d’élevage de lapins, la génétique ne suffit pas à elle seule. Il existe quatre piliers principaux sur lesquels repose l’élevage des lapins : le matériel génétique, l’alimentation, l’environnement et la technicité.
Concernant la température, cet expert indique que le climat idéal pour les lapins doit varier entre 22°C et 28°C.
Substituer les cages en bois, qui pourra se le permettre ?
Selon cet expert béninois de 15 ans d’expériences, pour réussir en cuniculture, l’habitat est un facteur indispensable. Il a expliqué à nos confrères du magazine Jimbere qu’il faut bannir les cages en bois et celles en étage pour passer aux cages en acier antioxydant. « Le bois est un excellent propagateur de maladies, car on ne peut pas le laver, et les microbes s’y accrochent. De plus, les cages en étage créent des problèmes de ventilation, ce qui affecte la santé des lapins. Les lapins ont besoin de trois choses essentielles : l’eau, l’aliment et l’air. Et quand vous mettez des cages en étage, vous avez forcément des problèmes de maladies », explique-t-il.
Cela s’avère difficile, car la majorité des cuniculteurs disposent de moyens limités. La question qui se pose est de savoir combien de cuniculteurs seront capables de remplir les conditions requises pour une cuniculture productive, susceptible de réduire la pauvreté au Burundi, comme souhaité à travers la politique nationale d’élevage de lapins.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.