Economie

La dépréciation monétaire fragilise davantage le tissu industriel

Les industries n’arrivent pas à satisfaire la demande. La dépréciation continue de la monnaie locale frappe de plein fouet les industriels. La ministre de l’Industrie affirme que la récente dévaluation de la monnaie Burundaise affecte l’ensemble des entreprises locales. Elle invite les opérateurs économiques à booster la production pour dégager un surplus d’exportation

Mme Marie Chantal Nijimbere : « Il faut équilibrer la balance commerciale en maximisant les recettes d’exportation ».

 

La crise économique s’amplifie. En plus des facteurs exogènes, à savoir : la pandémie de Coronavirus, la crise russo-ukrainienne, le déficit chronique de la balance commerciale,  l’économie nationale a du mal à s’aligner aux réformes macro-économiques déjà initiées. D’une part, le marché de change reste indomptable et d’autre part les opérateurs économiques s’indignent de la détérioration du climat des affaires.  Dans une séance de questions orales à la chambre haute du parlement, la ministre du Commerce et de l’Industrie a révélé que le déficit énergétique fait exploser les coûts de production. « La hausse du prix du carburant à la pompe influe sur le coût de production des industries locales dans la mesure où les industriels font recours aux énergies de secours (groupes électrogènes) pour contourner le problème de déficit énergétique ».

La valeur du BIF en chute libre

Par rapport à la hausse généralisée des prix des produits fabriqués localement, la ministre de Commerce évoque trois principales causes, à savoir : les effets de la pandémie de Coronavirus, la hausse des prix du carburant et la dévaluation de la monnaie Burundaise. Pour Mme Marie Chantal Nijimbere, ces trois facteurs combinés poussent les industriels à réviser les prix, car les coûts de production et la logistique sont en nette augmentation.

Mme Nijimbere fait savoir que le coût des intrants pour les industries locales a augmenté suite à la récente dévaluation de la monnaie burundaise à plus de 30% par la Banque centrale. « Comme les industriels s’approvisionnent sur le marché extérieur, la cherté des devises influe sur les coûts de production dans la mesure où les matières premières deviennent plus chères. Raison pour laquelle, les industries locales viennent de réviser leurs prix », tempère-t-elle. Et Mme Nijimbere de donner raison aux opérateurs économiques : «Il faut toujours avoir à l’esprit qu’une industrie à caractère commercial vise toujours le profit. Ainsi, les industriels révisent les prix quitte à trouver un juste équilibre entre les coûts de production et les prix qui ne dissuadent pas les consommateurs au risque d’accumuler les invendus».

Une industrie vacillante

Au cours du second semestre 2023, les grandes industries locales dont  la Sosumo, la Brarudi, Musumba Steel, Imena, y compris les petites unités de transformation de la farine ont été contraintes à revoir leurs prix ex-usines, concède la ministre du Commerce. Elle explique qu’avec une balance commerciale déficitaire, les exportations n’arrivent pas à financer les importations en nette augmentation.

Pire encore, les industries locales n’arrivent pas à satisfaire la demande de plus en plus croissante. A titre illustratif, plus de 45 000 tonnes  de sucre consommées sont importées car la Sosumo n’a pas les capacités de produire une quantité suffisante de sucre. Il en est de même pour les entreprises BUCECO et Brarudi qui importent 90% des matières premières ou d’autres intrants de production.  La disponibilité des devises est indispensable pour financer l’approvisionnement des entreprises locales en matière premières.  C’est l’une des solutions durables proposées par Mme Nijimbere pour satisfaire la demande. Elle encourage l’augmentation de la production céréalière pour au moins économiser une partie des devises jadis orientés vers l’importation de 80 000 tommes de céréales. Les industries sont encouragées à investir dans la promotion des matières premières disponibles sur le marché local à l’instar de la Brarudi qui a déjà investi dans la production du sorgho blanc et de l’orge.

Rééquilibrer la balance commerciale

La ministre du Commerce reste convaincue qu’il faut équilibrer la balance commerciale en maximisant les recettes d’exportation. La reprise imminente des travaux d’extraction minière est une lueur d’espoir pour l’économie burundaise asphyxiée par la pénurie chronique des devises. Le pays devra profiter de la transition énergétique pour exploiter ses gisements de nickel et de terres rares ainsi que les sites aurifères.

Dans une interview accordée à nos confrères du journal Iwacu, le représentant du FMI confirme le décaissement d’un montant de 62,6 millions USD dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC). Cependant, l’augmentation des réserves en devises jusqu’à  au moins trois mois d’importation n’est pas pour demain.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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