Agriculture

La mise en place d’un fonds de garantie agricole pour bientôt

Les agriculteurs sont appelés à augmenter la production dans le strict respect des conditions écologiques saines. Dans ce numéro, Burundi Eco revient sur ce qui leur est recommandé pour arriver au résultat escompté et les défis majeurs auxquels ce secteur fait face. Un de ces défis pourra bientôt trouver une solution dans les jours à venir. C’est la mise en place d’un fonds de garantie agricole.

Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en collaboration avec FOPABU Ijwi ry’Abarimyi a organisé du 4 au 7 septembre de cette année la Foire Nationale Agricole et le Forum National Paysan, édition 2018.

Objectif

Selon Dr Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, l’objectif était de faire rencontrer les différentes associations et les coopératives d’agriculteurs afin de faire la promotion de leurs produits. C’était aussi une opportunité de faire le renforcement des capacités via l’échange d’expériences des uns et des autres. De plus, c’était également pour valoriser les produits agricoles  et prouver que le métier d’agriculteur  est prometteur.

Dr Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage : « Je demande à la population d’augmenter la production dans le strict respect des conditions écologiques saines ».

Augmentation de la production, une nécessité

Dr Rurema demande à la population d’augmenter la production dans le strict respect des conditions écologiques saines. Pour aboutir à ce résultat, lutter contre les feux de brousse, éviter l’errance des bêtes et faire la promotion de l’utilisation des bonnes pratiques agricoles sont certains des éléments à mettre au podium. Il ajoute aussi la lutte contre l’érosion qui contribue beaucoup plus à la dégradation des terres arables.

Retour sur les cultures en disparition

Dr Rurema est ravi du fait que l’ISABU est à l’œuvre dans la promotion des semences des cultures traditionnelles qui étaient en voie de disparition. Ce sont entre autres certaines sortes de légumes, les ignames, les colocases… Toutes ces cultures  sont dotées d’autres éléments nutritifs dont l’homme a besoin pour sa bonne santé. L’ISABU affirme que les semences de ces cultures sont disponibles en quantités suffisantes au cours de la saison culturale A. De surcroît, il a déjà constaté que la population est entrain de suivre les techniques de transformation et de conservation des produits agricoles. A titre illustratif, il y avait la farine de haricot utilisée pour produire la bouillie.

Les politiques du gouvernement

«Nous avons des politiques très claires qui consistent d’abord à doter les agriculteurs de semences sélectionnés et de fertilisants à des prix très bas», fait savoir Rurema. Le gouvernement est entrain de faire la promotion du projet de l’inclusion financière. Cela leur permettra d’avoir des crédits à un taux relativement bas. Un montant initial de 25 millions USD est déjà prévu. Il sera offert par le FIDA. Un fonds de garantie agricole sera désormais mis en place.

Selon Rurema, on a également changé la tactique d’encadrement. Au lieu de rester dans les bureaux, on va faire la promotion de l’encadrement rapproché. Les cadres du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage vont se rendre régulièrement sur terrain pour encadrer la population.

Rurema fait savoir que le métier d’agriculteur était considéré comme celui des économiquement faibles. Selon lui, c’est une question de mentalités. A l’heure où nous sommes, il précise qu’on remarque que ce secteur est prometteur. C’est pour cette raison qu’il lance un vibrant appel au secteur privé et aux différents partenaires techniques et financiers de venir s’associer aux politiques et programmes du gouvernement qui consistent à rendre plus rentable le métier d’agriculture. Il s’engage à faire la promotion de l’irrigation, la transformation des produits agricoles et leur conservation.

Beaucoup de défis gangrènent ce secteur

Paul Manirakiza, président de FOPABU Ijwi ry’Abarimyi fait remarquer que les agriculteurs sont confrontés à pas mal de défis qui ne cessent de hanter ce secteur. Il met en exergue le changement climatique, le manque de fonds de garantie agricole et les chenilles légionnaires qui ne cessent de dévaster les cultures. D’autres anomalies sont l’exiguïté des terres, la construction des infrastructures dans des espaces très productifs (plaine de l’Imbo) et quelquefois le manque du marchés d’écoulement. Il s’inquiète aussi que le gouvernement ne totalise pas les 10% du budget de l’Etat qu’il a accepté d’allouer à ce secteur via les accords de Maputo qu’il a ratifié.

Paul Manirakiza, président de FOPABU Ijwi ry’Abarimyi : « Les agriculteurs sont confrontés à pas mal de défis qui ne cessent de hanter ce secteur »

La terre arable est aussi dégradée suite à l’érosion. Elle a perdu sa fertilité. 36% des sols du pays sont acides et présentent une toxicité aluminique. Le relief est dans l’ensemble accidenté et les pentes fragilisent les sols vis-à-vis des risques d’érosion. Les pertes de terres par l’érosion sont évaluées à quelques 4 tonnes par hectare et par an (4 t/ha/an) à l’Est du pays. Sur la région de Mumirwa qui est très arrosée et très  peuplée, les pertes de terres par l’érosion sont évaluées à plus de 100t/ha/an.

Les ressources en eau restent aussi très peu utilisées et sous valorisées. L’utilisation de l’eau dans l’irrigation est évaluée à 16,3% et 33,2% dans les marais. L’eau utilisée dans l’agriculture est essentiellement pluviale. Raison pour laquelle l’irrigation est encore à l’état embryonnaire. De surcroît, la variabilité du climat soumet le Burundi à des impacts néfastes. Les périodes de déficit pluviométrique ont des effets immédiats sur l’agriculture. Il y a assèchement des milieux terrestres, le tarissement des sources d’eau et des nappes phréatiques. La baisse du niveau des cours d’eau et des lacs réduit les ressources halieutiques et assèche les marais. Les hautes températures entrainent une perturbation de la productivité. Elles accentuent la famine dans les milieux ruraux et favorisent la sécheresse. Les feux de brousse ajoutent le drame au drame, car les cultures et les forêts en pâtissent. Elles provoquent la prolifération des maladies et des insectes ravageurs des cultures.

Pour toutes ces raisons, Manirakiza affirme qu’il y a encore à faire pour passer de l’agriculture de subsistance à celle de commercialisation.

L’importance des associations et des coopératives

Cependant, il est ravi du fait que les agriculteurs ont déjà compris l’importance de se regrouper ensemble via les associations et les coopératives pour augmenter la production en quantité et en qualité suffisantes. Cela leur permet de partager les connaissances. Selon lui, il devient facile de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. A titre d’exemple, lors de la Foire Nationale agricole et du Forum National Paysan, édition 2017, un agriculteur de la commune Mabayi en province de Cibitoke a fait une expérience sur la productivité des semences sélectionnées de haricots. Après en avoir semé 1 kg, il a récolté 100 kg.

L’agriculture est pratiquée d’une façon traditionnelle

Selon René Nsabimana, expert dans les domaines du secteur privé, de l’intégration économique et des politiques commerciales à L’IDEC, l’agriculture est encore pratiquée d’une façon traditionnelle sur de très petites exploitations dont la taille moyenne se situe autour de 0,5 ha. Elle est souvent exercée par de petits exploitants qui se répartissent en deux catégories de producteurs agricoles. Ce sont entre autres les producteurs individuels et une minorité de producteurs réunis dans des organisations de producteurs. Sous l’effet de la pression démographique, les terres agricoles sont de plus en plus concurrencées par l’immobilier. Leur fertilité devient de plus en plus faible sous l’effet de l’érosion.

Pour accroître la production primaire, il faudrait faciliter l’accès aux intrants de qualité pour les agriculteurs. II faudrait aussi utiliser les nouvelles technologies de production comme la mécanisation, la formation des agriculteurs sur les bonnes pratiques agricoles, les normes sanitaires et phytosanitaires et les techniques de récolte et de traitement post-récolte. La production primaire sert de matières premières au secteur de la transformation.

Cependant, le secteur de la transformation est limité par l’insuffisance d’unités de transformation et de conservation post-récolte. La pluparts des produits vivriers sont consommés à l’état brut.

Malgré que l’agriculture soit un secteur à faible productivité due à des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel, elle contribue à elle seule à hauteur de 39,6 % au PIB. Elle offre 84% d’emplois et fournit 95% de l’offre alimentaire. Elle constitue le principal pourvoyeur de matières premières à l’agro-industrie.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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