Gouvernance

La notion de redevabilité est-elle entrée dans nos us et coutumes ?

D’origine anglo-saxonne, le concept «accountability» traduit en français par des termes approximatifs tels «redevabilité», «responsabilité», «reddition des comptes», etc. est devenu un des indicateurs pour mesurer la modernisation de toute administration, publique comme privée. C’est pour cette raison que les autorités burundaises n’ont pas manqué d’en faire un leitmotiv depuis les Accords d’Arusha. Tous les gouvernants en ont systématiquement fait un fil d’Ariane dans le souci de mieux répondre aux besoins de la population. Cependant dans les faits, c’est-à-dire au jour le jour, les journalistes rencontrent beaucoup d’obstacles pour obtenir des informations de la part du gouvernement et des ministères

Dans une démocratie, il y a un « pacte social » tacite entre les citoyens, d’une part, et les représentants et agents qu’ils ont délégués, d’autre part. (Photo tiré du document « La Redevabilité Sociale. Concept et Outils » de la Banque Mondiale

Ainsi, la redevabilité était définie comme étant «le moyen par lequel des individus ou des organisations rendent compte de leurs actes à une (ou des) autorité(s) reconnues et sont tenues pour responsables de ceux-ci». La redevabilité sociale, quant à elle, intègre la dimension de la participation citoyenne. Ainsi, au concept de redevabilité s’ajoute la nécessité d’impliquer les citoyens dans le contrôle de l’action publique. La redevabilité sociale est en conséquence un mixage d’obligations : l’obligation pour les responsables politiques de rendre des comptes à la population et l’obligation aux citoyens ordinaires d’exiger des comptes de la part des responsables politiques. La redevabilité sociale peut être axée, d’une part, sur le respect des règles et des normes en place, d’autre part, sur le suivi de la performance des institutions. La prise en compte de ces deux fondements vient répondre à l’impératif d’induire ce changement, vers des institutions publiques redevables, dans les secteurs ou les localités

Renforcer les services de communication dans les administrations pour informer régulièrement les citoyens sur ce qui est fait

Selon le rapport de l’Institut de Développement Economique (IDEC) intitulé « Les mécanismes de redevabilité des services publics burundais. Cas de la santé communautaire au ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida » publié en février 2018, les agents publics et privés, en servant le citoyen burundais avec efficience, accomplissent leur devoir de redevabilité d’une part, et les citoyens, en demandant des comptes à ces derniers en même temps qu’ils s’acquittent de leurs devoirs en participant activement à la conception et à la mise en œuvre des actions communautaires font autant d’autre part. Cela veut dire que la « démocratie de proximité » (par opposition à la « démocratie procédurale » traitant des seuls processus électoraux) va bon train. Cette interaction efficiente entre différentes parties prenantes à différentes politiques publiques en vue de l’intérêt général est indispensable. Il est aussi important de rendre disponible et accessible l’information pour les usagers du service public, notamment sur les services offerts, leurs coûts éventuels ainsi que les délais pour l’obtention du service demandé.

La réciprocité comme principe fondamental de la redevabilité

La redevabilité sociale est axée autour d’un principe important, celui de la réciprocité. La réciprocité induit une double redevabilité: celle des acteurs publics, mais aussi celle des associations. La société civile a de fait pour rôle de tenir les pouvoirs publics pour redevables et d’être elle-même un exemple de redevabilité. Tenir pour redevable et être redevable sont les deux faces d’une même pièce et constituent la condition nécessaire à l’établissement d’une relation de confiance entre les différentes parties prenantes.

En définitive, les mécanismes de redevabilité sont censés secouer les us et coutumes aussi bien des citoyens ordinaires que des responsables à quelque niveau que ce soit, bref pour devenir une culture politique.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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Sans transparence, pas de confiance

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