Santé

La prescription obligatoire des génériques oppose la MFP aux pharmaciens

Chaque année, les experts de la Mutuelle de la Fonction Publique (MFP) et ceux du ministère de la Santé mettent à jour la liste des médicaments remboursables par la MFP en fonction des médicaments qui ne sont plus sur le marché. Cependant la nouvelle liste qui devrait entrer en vigueur le 1er  octobre fait objet de mésentente entre la MFP et les pharmaciens

Dr Noëlla Uwineza, directrice des prestations à la MFP indique que la liste a été élaborée suivant la politique de l’Etat de privilégier les génériques dans la prescription médicale. D’ailleurs une ordonnance ministérielle a été publiée dans le but d’appeler   les médecins à se conformer à cette politique. Ainsi, cette année la liste  est passée de 1255 à 826 médicaments. Ces derniers sont seulement des génériques et des spécialités qui n’ont pas de génériques. D’après Dr Uwineza, le classement  se fait par famille thérapeutique.

Les pharmaciens ont refusent de donner les médicaments en se basant sur cette nouvelle liste de la MFP selon les autorités.

La MFP dénonce de la triche de la part des pharmaciens

La DG de la MFP dénonce certaines pharmacies de gros qui avaient pris l’habitude de fabriquer des emballages avec des noms des spécialités alors que les médicaments qu’ils contenaient sont des génériques. « C’est de la triche!, dit Annonciate Sendazirasa, Directrice Générale  de la MFP.

La MFP dénonce certaines pharmacies de gros qui avaient pris l’habitude de fabriquer des emballages avec des noms des spécialités alors que les médicaments qu’ils contenaient étaient des génériques.

« Dans l’élaboration de cette liste, on a trouvé qu’un seul médicament pouvait avoir plusieurs noms selon l’usine de fabrication», explique Dr Uwineza. Elle explique qu’après vérifications, ils ont constaté que la quasi-totalité  de ces médicaments sont des génériques et du fait qu’ils portent des noms spéciaux, le constat a été que les pharmaciens les présentent comme des spécialités et les vendent à des coûts énormes. « Les médicaments sont de deux sortes. Si ce sont des génériques qu’on les vendent comme des génériques », ajoute-elle.

Le comité d’experts qui a dressé la liste  a du enlever tous les génériques qui étaient vendus comme des spécialités. D’où la liste des médicaments remboursables a été écourtée.

Une guerre des prix ?

« Il faut que le citoyen achète les médicaments à un coût raisonnable. Tu ne peux pas changer juste un emballage et puis imposer de payer 30 000 FBu  un médicament qui devrait coûter 3.000 FBu », explique-t-elle. C’est pourquoi, les médecins doivent prescrire les médicaments en se basant sur cette liste puisqu’elle a été élaborée par des experts du ministère de la Santé. En cas de la prescription d’une spécialité aux patients, la MFP exige aux pharmaciens de servir son substituant générique.

Cependant, beaucoup d’affiliés à la MFP avec qui nous nous sommes entretenus, se demandent pourquoi la MFP décide de rembourser uniquement que des génériques au moment où même si ces deux sortes de médicaments  ont les mêmes principes actifs, les spécialités auraient moins d’effets secondaires. Selon les commentaires, cette situation aurait été provoquée par la santé financière de la MFP.

Cependant, les autorités de la MFP disent agir au nom des affiliés. La DG de la MFP jette le tort aux pharmaciens qui veulent imposer aux affiliés d’acheter des médicaments chers. «L’affilié est volé et la MFP paie cher sans raison», lance Dr Uwineza

Qu’en disent les pharmaciens ?

Sur les ondes de la radio Isanganiro, Désiré Bizimana, président du conseil de l’ordre des pharmaciens, indique qu’ils n’ont pas été consultés dans la prise de cette décision. Il dit que parfois, on dit que les médicaments ne sont pas disponibles alors qu’ils sont disponible pour des raisons de concurrence, mais  on oublie qu’il y a des cas où les médicaments ne sont  pas disponible et sont insubstituables…La solution est de retourner chez le médecin traitant. En plus, le président de l’ordre des pharmaciens explique que les personnes qui sont derrière les comptoirs des pharmaciens n’ont pas la même formation, n’ont pas la même connaissance des médicaments.

Il ajoute néanmoins que la MFP n’est pas l’organe régulateur du prix des médicaments et rectifie le qualificatif utilisé par les autorités de la MFP : « Nous ne sommes pas des commerciaux, nous sommes des spécialistes des médicaments », dit-il

La DG de la MFP a annoncé que l’institution va mener des campagnes jusqu’à l’intérieur du pays pour  expliquer à la population les enjeux de cette mesure.  » Les pharmaciens ont un pouvoir limité, s’ils refusent de se baser sur la nouvelle liste, le gouvernement prendra ses responsabilités » indique-t-elle.

Quant à M Bizimana, il demande des concertations entre toutes les parties prenantes. « Nous apprécions la chose dans sa globalité. Il y a des pharmacies qui continuent à rendre disponibles les médicaments sur tout le territoire national, mais il y a des aspects qui doivent être améliorés », lance-t-il.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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