Editorial

La qualité, rien que la qualité 

Le directeur du Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de la qualité (BBN) semble déterminer plus que jamais pour en finir avec les produits non conformes aux normes. Cette fois-ci, il veut mettre de l’ordre dans la commercialisation des matériaux de construction.  Désormais,  les fabricants et les revendeurs doivent respecter les normes de qualité. Prof Sévérin Sindayikengera a fait cette annonce après avoir identifié et refoulé deux camions en provenance du Kenya bourrés de fers à béton non conformes.  « C’est inadmissible que les pays de la sous-région trompent notre vigilance et en profitent pour écouler des produits hors normes », dénonce-t-il.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Nous saluons le courage et l’engagement personnel du patron du BBN pour traquer ces importateurs de mauvaise foi.  Sur le marché local, les matériaux de construction ne remplissant les normes pullulent. Récemment,  une rafle effectuée au quartier Asiatique a révélé au grand jour une pratique dangereuse des vendeurs de matériaux de construction qui menace le secteur de la construction.  Face à la pénurie criante du ciment,  les commerçants  trichent en transvasant le ciment fabriqué localement dans des sacs labélisés « Dangote ».  D’autres jouent les malins en remplaçant le ciment par du cendre. Ce qui fausse complètement les calculs au niveau du mélange.

Comment peut-on espérer construire des infrastructures durables avec des matériaux issus des déchets métalliques ?  En tout cas, la question de la qualité taraude les professionnels du secteur.  Les promoteurs du bâtiment se tournent vers des matériaux de la Turquie, boudant les produits locaux.  Les entreprises hier acclamées par le gouvernement qui pensait qu’elles venaient pour alléger les dépenses en devises et créer des milliers d’emplois doivent revoir leurs politiques d’investissement pour réussir à s’imposer dans un domaine hyperconcurrentiel.  L’assurance qualité doit être garantie dans un pays où l’expérience a déjà démontré que la mauvaise qualité des matériaux de construction peut conduire à l’écroulement des maisons dites modernes.  Cela devrait inciter également le ministre des infrastructures à revoir sa décision sur la restriction des importations des matériaux de construction au profit des entreprises locales.  Le protectionnisme n’est pas toujours recommandé dans ce genre de situation.  Sinon, nous nous réveillerons un jour sous les décombres à la moindre secousse.  Ce que nous ne souhaitons pas, mais ce sont des catastrophes naturelles. On n’y échappe pas voyons!

Concernant les produits agroalimentaires, le BBN est à pied œuvre pour en finir avec les emballages de récupération.  Il est strictement interdit d’utiliser les bouteilles en plastique à usage unique pour emballer l’huile de palme et d’autres produits destinés à la consommation.  En outre, le patron du BBN ne lâche rien. Il brille dans le contrôle des stations-services qui ne respectent pas les mesures étalons.  Les gestionnaires écopent des amendes dissuasives et parfois des fermetures temporaires.

Les unités de transformation agroalimentaire des jus sont également dans le viseur du BBN. L’année dernière,  toutes les boissons à base de gingembre ont été retirées de la circulation.  Les fabricants devraient se plier aux standards de l’organe de normalisation avant de reprendre les activités.  Les industriels se plaignent des longues procédures pour certifier leurs produits, mais il s’agit d’un prétexte pour s’enrichir au détriment des consommateurs.

Auparavant, le responsable du BBN semblait faire cavalier seul et les commentaires fusaient de partout. La visite surprise du chef de l’Etat est un signe éloquent que les hautes autorités du pays veulent redynamiser cet organe malgré les maigres moyens mis à sa disposition.  Le budget de l’Etat  ne consacre  qu’un  faible montant de 57 millions de FBu au fonctionnement du BBN.

La certification des produits est un préalable pour les écouler sur le marché international. La bonne nouvelle est que le processus d’accréditation est arrivé au stade avancé.  Bientôt, le BBN sera doté d’un bureau de certification accrédité par un organisme international, a déclaré fièrement professeur Sindayikengera.  Cependant, le système de certification oblige. Il existe une série de normes sur le processus de fabrication, la protection de l’environnement et les règles sanitaires.  Pour y parvenir, les auditeurs du BBN doivent agir en toute indépendance et avec professionnalisme. Il faut un personnel qualifié,  des laboratoires bien équipés et des moyens conséquents pour suivre à la loupe les activités des entreprises locales et les importations.

De cette façon nous pouvons espérer que le Burundi peut se débarrasser des produits de piètre qualité et prévenir les effets néfastes de la non certification.  Le pays peut également aspirer à la diversification des produits d’exportation et maximiser les recettes en devises.

Le patron du BBN n’a pas du tout tort en décourageant la consommation des légumes ou des amarantes irrigués avec les eaux usées des rigoles.  C’est dangereux pour la santé humaine, car ces eaux sont infestées de matières polluantes (métaux lourds,  produits toxiques, acides,  déchets médicaux…)  potentiellement mortels une fois ingérés.  Les administratifs devraient saisir la balle au bon pour éradiquer l’agriculture urbaine dans des zones exposées aux fumées des voitures ou encore aux alentours des canaux d’évacuation des eaux usées.

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Benjamin Kuriyo.

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