Les tambours du Burundi ont été inscrits, le 27 novembre 2014, sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco. La population Burundaise les reconnait comme un élément fondamental de son patrimoine et de son identité. Au-delà de cette reconnaissance, plus d’un se demandent ce qu’y gagne le pays. Burundi Eco apporte quelques éclairages
Ce que l’on entend par « patrimoine culturel » a changé de manière considérable au cours des dernières décennies en partie du fait des instruments élaborés par l’UNESCO. Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important de maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie.

Le tambour Burundais est inscrit depuis 2014 au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, mais aussi toutes les danses rituelles qui l’accompagnent
L’importance du patrimoine culturel immatériel ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même, mais aussi dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre. Cette transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes sociaux majoritaires à l’intérieur d’un Etat, et est tout aussi importante pour les pays en développement que pour les pays développés.
Inclusivité, le maître-mot dans la sauvegarde du patrimoine culturel
Les expressions de notre patrimoine culturel immatériel peuvent être similaires à celles pratiquées par d’autres. Qu’elles viennent du village voisin, d’une ville à l’autre bout du monde ou qu’elles aient été adaptées par des peuples qui ont émigré et se sont installés dans une autre région, elles font toutes partie du patrimoine culturel immatériel en ce sens qu’elles ont été transmises de génération en génération, qu’elles ont évolué en réaction à leur environnement et qu’elles contribuent à nous procurer un sentiment d’identité et de continuité, établissant un lien entre notre passé et, à travers le présent, notre futur.
Le patrimoine culturel immatériel ne soulève pas la question de la spécificité ou de la non spécificité de certaines pratiques par rapport à une culture. Il contribue à la cohésion sociale, stimulant un sentiment d’identité et de responsabilité qui aide les individus à se sentir partie d’une ou plusieurs communautés et de la société au sens large.
Que gagne le pays dont le patrimoine est reconnu par l’Unesco ?
Le patrimoine culturel immatériel ne peut être un patrimoine que lorsqu’il est reconnu comme tel par les communautés, groupes et individus qui le créent, l’entretiennent et le transmettent. Sans leur avis, personne ne peut décider à leur place si une expression ou une pratique donnée fait partie de leur patrimoine. Pour le cas d’espèce, le tambour Burundais est reconnu mondialement, mais aussi respecté en tant que valeur culturelle. « Une fierté » pour le peuple. En outre, faudra-t-il savoir le sauvegarder en assurant sa viabilité, y compris l’identification, la documentation, la recherche, la préservation, la protection, la promotion, la mise en valeur, la transmission, essentiellement par l’éducation formelle et non formelle ainsi que la revitalisation des différents aspects de ce patrimoine.
Quid de la violation d’un patrimoine culturel ?
Le guide d’orientation de l’Unesco sur les patrimoines mondiaux met en place des mécanismes informels de suivi et de contrôle. Lorsque l’état de conservation d’un bien inscrit sur la liste de l’UNESCO est menacé, il doit y avoir une réaction. La menace doit être portée à la connaissance de l’UNESCO soit par l’Etat lui-même, soit par les organisations à travers les rapports qu’ils font sur le patrimoine, soit par le public ou une ONG. Dans ce dernier cas, le secrétariat vérifie les informations reçues en consultation avec l’Etat partie concerné auquel il demandera des commentaires. Les organisations consultatives seront aussi invitées à présenter des commentaires. Il s’agit donc d’un véritable contrôle collectif et sociétal.
Toutefois, la convention ne comporte pas de dispositions particulières sur la conciliation ou le règlement des différends entre parties à l’occasion de l’application de la convention. Elle ne prévoit pas non plus de mécanismes de contrôle du respect de la convention désormais assez fréquents dans les conventions sur l’environnement. En fait, des procédures informelles permettent de considérer que le suivi du respect de la convention est bien assuré grâce aux contrôles et visites sur le terrain des organisations consultatives et du fait de la réputation de la convention qui permet d’obtenir rapidement les réactions de l’opinion publique conduisant le secrétariat et les Etats à réagir sans sanctionner.
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