Le 10ème sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) qui s’est tenu à Kigali en date du 21 mars 2018 s’est soldé par la signature d’un accord instaurant la Zone de Libre-Echange Continentale (ZLEC). Plus de 40 pays ont paraphé les textes de l’accord qui donnera naissance à un grand marché continental de biens et de services

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA : « Le moment n’est plus aux hésitations. J’appelle donc tous les Etats membres à signer et à ratifier sans délai l’Accord sur la zone de libre échange ».
A l’issue du sommet de Kigali, le président de la Commission de l’UA a déclaré que 44 des 55 Etats membres ont signé l’accord général sur la ZLEC, 43 ont signé la déclaration de Kigali et 27 ont signé le protocole sur la libre circulation des personnes, le droit à la résidence et le droit à l’établissement, scellant l’affaire de l’intégration économique continentale. Le président Nigérien Mamadou Issoufou quant à lui, espère qu’avec cet accord, les entreprises africaines seront plus compétitives et pourront satisfaire la consommation intérieure, mais aussi répondre aux besoins de la classe moyenne en pleine expansion et rendre le continent plus attrayant. Désormais, nous allons pouvoir négocier de manière unie les accords internationaux, a-t-il dit.
Un ensemble d’accords signés
Au total, quatre documents ont fait objet de signature. D’abord, l’accord général sur la zone de libre-échange continentale, puis le protocole sur le commerce de marchandises, celui sur le commerce des services et enfin celui sur le règlement des différends, a détaillé Mamadou Issoufou à nos confrères de Jeune Afrique.
Pour Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, la ZLEC renforcera également la position de l’Afrique dans le commerce mondial. Elle fera de l’Afrique l’une des plus grandes économies du monde et renforcera sa capacité à interagir sur un pied d’égalité avec les autres blocs économiques internationaux.
Un marché de plus de 1,2 milliards de personnes
Selon les données de la Commission Economiques des Nations Unies pour l’Afrique, l’Afrique négocie beaucoup moins avec elle-même qu’avec le reste du monde. Les échanges entre les pays africains ne représentent que 16% du volume des échanges. Par contre, en Asie les échanges entre les pays asiatiques représentent 51%, en Amérique du Nord 54% et en Europe 70%. La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique estime que la ZLEC a le potentiel de stimuler le commerce intra-africain de 53%. Ce qui aboutira à un marché africain de plus de 1,2 milliard de personnes avec un Produit Intérieur Brut (PIB) estimé à 2,5 milliards de dollars.
Le Nigeria, grand absent au sommet
Le Nigeria, première puissance économique africaine a suspendu sa participation à l’accord de la ZLEC. Le président Mohammadu Buhari a cédé à la pression des industriels nigérians qui défendent les intérêts « protectionnistes ». Selon un communiqué de la présidence nigériane, certains opérateurs nigérians sont réticents aux conditions de mise en œuvre du traité sur la ZLEC. La décision du président est destinée à donner plus de temps aux consultations avec le secteur privé, justifie le communiqué. D’autres sources indiquent que depuis des semaines, plusieurs organisations patronales et professionnelles du pays manifestent leurs inquiétudes sur les implications de ce traité sur l’économie nigériane. Ils craignent que l’accord ne vienne déstabiliser l’industrie locale.
Un projet plutôt ambitieux
L’accélération de la mise en place de la zone de libre échange continentale vise à booster de manière significative la croissance du commerce intra-africain. Elle prévoit notamment le doublement du volume du commerce intra-africain à l’horizon 2022 et l’établissement des institutions financières propres à l’Afrique: la Banque africaine d’investissement et la Bourse panafricaine des valeurs, le Fonds monétaire africain et la Banque centrale africaine, lit-on dans le document sur l’agenda 2063 de l’UA.
Les experts économistes doutent de la mise en œuvre effective de la ZLEC. Ils déplorent le mauvais état des infrastructures qui ne facilite pas les échanges entre les pays africains. Les observateurs craignent également que l’accord ne soit pas ratifié par l’ensemble des pays africains compte tenu des inégalités économiques entre ces pays. Certes les obstacles ne manquent pas, mais l’accord sur la ZLEC lève toute équivoque. Il est prévu la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, la réduction des droits de douane, le développement des infrastructures routières et ferroviaires surtout avec l’introduction des trains à grande vitesse, la promotion du transport aérien, etc.
Le taux de ratification
Pour entrer en vigueur, l’accord devra ensuite être ratifié à l’échelle nationale par un minimum de 22 pays. Un processus qui pourrait prendre du temps, compte tenu du fonctionnement différent d’un pays à l’autre, s’inquiètent les observateurs.
Le président de la Commission de l’UA invite les Etats africains à ratifier l’Accord sans tarder. « Le moment n’est plus aux hésitations. J’appelle donc tous les Etats membres à signer et à ratifier sans délai l’Accord sur la zone de libre-échange. Notre ambition doit être d’assurer son entrée en vigueur avant la fin de cette année. L’intégration économique répond donc non seulement à une aspiration née du panafricanisme, mais aussi à un impératif pratique lié à la viabilité économique du continent, martèle-t-il.
Vous saurez que le projet de mise en place de la ZLEC était en discussion depuis 2012 lors du 18ème sommet des chefs d’Etats des pays membres de l’UA à Adis-abeba. L’entrée en vigueur de l’accord obtenu est prévue d’ici janvier 2019 après la ratification de l’accord par les dirigeants africains.
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