L’aménagement du territoire désigne aujourd’hui l’action publique qui s’efforce d’orienter la répartition des populations, de leurs activités, de leurs équipements dans un espace donné et en tenant compte des choix politiques globaux. L’aménagement est l’une des formes de l’appropriation d’un territoire afin de le rendre mieux vivable pour tous
La racine latine d’aménagement « manere » évoque la maison, la manse, le manoir. Aménager comme emménager ou déménager fait allusion, originellement, à l’espace domestique et à des actions de la vie quotidienne. La notion d’aménagement du territoire couvre des réalités diverses. Sa définition dépend du contexte et des problèmes à résoudre. L’aménagement du territoire est présenté comme « un ensemble de mesures destinées à assurer un développement équilibré des régions par une meilleure répartition des populations et des activités ».
L’aménagement se décide et se manifeste politiquement. Il engage des acteurs, nécessite des outils et des disciplines. C’est toute une série de méthodes auxquelles on recourt pour aménager les territoires et qui prennent en compte la complexité de l’aménagement (urbanisme, transports, mutations de société, enjeux et forces des territoires, agenda…) et la diversité des inégalités territoriales.

L’aménagement du territoire doit tenir en compte le développement durable, avec un accent particulier sur la protection de l’environnement (Photo tirée de la maquette de « Bujumbura 2045 »)
Une grande partie des nouveaux aménagements partout dans le monde prennent en compte le développement durable. Pour cela, les trois piliers du développement durable sont concernés : le pilier économique, puisqu’il s’agit de développer le dynamisme économique de toutes les régions ; le pilier social puisque le but des aménagements est de réduire les inégalités ; et le pilier environnemental puisque les aménagements essaient de respecter l’environnement et de le protéger. Ainsi, des villes durables naissent ainsi que des écoquartiers respectant ces trois piliers.
Pourquoi aménager un territoire ?
On peut aménager un territoire pour y réduire les inégalités. Ainsi, construire des logements sociaux dans un quartier aisé peut réduire les inégalités face au logement. Installer des lignes de bus reliant un village à une ville peut réduire les inégalités face au transport et faciliter l’accès des habitants à un espace rural, à l’emploi, aux soins, à la culture. Par exemple, si un territoire est traversé par un fleuve, faciliter le transport fluvial et construire des ponts sont des actions d’aménagement du territoire.
L’aménagement du territoire peut aussi stimuler l’économie. Si on lance un projet de quartier d’affaire dans une métropole, on attire des entreprises qui vont y créer de l’emploi et de la richesse. Si l’on construit une plateforme multimodale et un centre logistique, le transport de marchandises et ainsi l’approvisionnement de la ville ou du quartier sera amélioré et les coûts et les temps seront réduits ce qui créera une plus-value et donc des richesses.
Cependant, tous ces aménagements peuvent être nuisibles à l’environnement.
Qui sont les acteurs de l’aménagement du territoire ?
Il y a d’abord les acteurs institutionnels qui sont l’Etat, les régions, les municipalités…Ces acteurs développent et financent de nombreux projets. Il y a aussi les entreprises qui financent et participent à l’aménagement du territoire. Enfin, les habitants qui sont parfois consultés sur ces projets lors des débats publics. Parfois, ils résistent à certains projets qu’ils jugent contraires à leurs intérêts. Pour aménager les territoires, tous ces acteurs doivent analyser les besoins du présent mais aussi imaginer le territoire tel qu’il sera dans le futur. On appelle cela la prospective territoriale. Tel territoire va-t-il gagner de nombreux habitants dans les 30 ans qui viennent ? La ville de Gitega, devenue la capitale politique du pays, va accueillir de nouvelles institutions et de nombreux services ainsi que des habitants, il faut prévoir et localiser une ou plusieurs stations d’épurations, de nouvelles gares routières, l’arrivée du chemin de fer. La population de tel territoire va-t-elle vieillir ? Tel autre territoire est-il menacé par la montée des eaux ou par des déplacements de terrains ?
Quid de la politique de l’aménagement du territoire au Burundi ?
La vision « Burundi 2025 » envisage de mettre en place une politique d’urbanisation qu’elle considère comme une des voies de solution au problème épineux de la surpopulation du milieu rural. Ce dernier abrite plus de 90% de la population totale. Les densités y sont très élevées pouvant même atteindre 400 habitants au km². La population, constituée majoritairement de jeunes sans formation et sans emploi, exerce une grande pression sur les terres agricoles.
La vision ambitionne de porter ce taux d’urbanisation de 10 à 40% à l’horizon 2025 afin de pouvoir dégager les terres agricoles et de fournir des opportunités d’emplois non agricoles en milieu urbain. En outre, la politique d’urbanisation et d’aménagement du territoire permettra d’améliorer l’habitat social en milieu urbain et en milieu rural, de dégager de l’espace pour la production agro-silvo-pastorale et de créer de nouveaux marchés pour l’écoulement des produits agricoles. Le développement des villes contribuera à monétiser l’économie rurale.
Le Burundi, dans le cadre de la vision « Burundi 2025 », fera de l’aménagement du territoire un axe important de sa politique de développement économique et social qui aura pour objectif l’organisation et la gestion de l’espace national. Au cœur de la stratégie se trouve la question fondamentale ayant trait à la nouvelle structure sociétale à laquelle aspirent les Burundais. L’objectif sera pour le Burundi, de se doter d’un plan global et intégré d’aménagement durable du territoire accompagné des schémas directeurs d’aménagement par province et par région naturelle d’une part et par un schéma d’aménagement sous-régional d’autre part, en synergie avec les pays frontaliers, afin de favoriser la coopération transfrontalière et le partage de l’expertise et des outils communs de planification et de gestion de ce secteur. La vision « Burundi 2025 » prévoit enfin l’élaboration d’un plan d’aménagement du territoire qui vise l’établissement des pôles régionaux de développement sur la base des potentialités économiques des régions.
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