Les femmes vivant en milieu rural sont confrontées à de multiples difficultés. Leurs opportunités en matière d’éducation et de travail sont limitées. Désavantagées par rapport aux hommes et essentiellement agricultrices, elles disent mener une vie d’autosubsistance. Ce lundi 6 janvier un reporter de Burundi Eco est allé à la rencontre de certaines d’entre elles
L’insuffisance des terres cultivables, les mauvaises conditions de vie, le manque de moyens financiers, l’absence d’une loi pour la succession des femmes sont entre autres les principaux obstacles auxquels font face les femmes rurales rencontrées.
Il est 6 h30, sur la RN7 dans la zone Musaga de la commune Muha, de petits va et vient des femmes avec des paniers ou des sacs sur la tête s’observent. Elles viennent des collines qui surplombent la ville de Bujumbura et se dirigent au marché de Musaga pour s’approvisionner en divers produits. Etant visiblement endurcies par les épreuves de la vie, elles semblent très presser et marchent à toute allure. L’une d’entre elles accepte timidement la conversation.

Les femmes rurales disent mener une vie d’autosubsistance
Goreth Nzopfabarushe portant un bébé au dos exerce le commerce ambulant du manioc frais. Chaque jour, elle descend à Bujumbura très tôt le matin pour s’approvisionner auprès des grossistes. Pour y arriver, elle doit faire 3 heures de marche chaque jour. Elle affirme vivre au jour le jour car, selon elle, être vendeuse ambulante est un travail à risque. «Une fois appréhendée par la police, je risque la prison, mais je n’ai pas d’autres choix. J’ai besoin de travailler pour nourrir mes enfants ». Nzopfabarushe souligne que si elle avait un capital d’au moins 100.000 FBu, elle exercerait un autre commerce un peu plus stable. «J’aimerai aussi travailler en coopérative ou en association, là je bénéficierai des formations de renforcement de capacités dispensées par les organisations qui appuient les communautés, pour pouvoir être ouverte et prête à échanger les idées et les expériences avec les autres ». Ainsi, je pourrais être autonome, et contribuer au développement de mon foyer.
Le manque de moyens financiers, un obstacle majeur
Concessa Bizoza, habitant la colline Sororezo en commune Kanyosha de la province Bujumbura est mère de 7 enfants et veuve depuis 5 ans. Elle dit ne pas avoir d’autres alternatives que de vendre les avocats. « Mon mari est mort dans un accident de la route et, pour pouvoir nourrir mes enfants et les envoyer à l’école, je dois venir ici tous les jours pour vendre les avocats ». Elle nous confie que les trois premiers enfants de la fratrie ont déjà abandonné l’école faute de moyens pour payer les frais scolaires. « Ce sont eux qui restent à la maison pour les travaux champêtres et préparent la nourriture ». D’un air triste, elle indique que de son vivant, son mari exerçait le métier d’aide-maçon et c’est lui qui amenait l’argent au foyer. « Désormais, tout à changer. J’ai été obligée de prendre les choses en main ».
Alphonsine Muntunutwiwe rencontrée à la colline Ikora de la commune Kanyosha abonde dans le même sens. Enceinte de 6 mois, elle laboure son champ. Même enceinte pas de répits. « Les tâches ménagères commencent à 5h du matin. Je balaie et je fais la lessive et la vaisselle. Tout de suite après, je vais aux champs et vers 11h, je rentre préparer le repas de midi pour mes enfants et je regagne les champs après ». Selon elle à tout ce travail s’ajoute la corvée de puiser l’eau. Déjà mère de 4 enfants, elle indique qu’elle a du mal à les nourrir faute de moyens. Son mari est au chômage. Mme Muntunutwiwe effectue seule les travaux champêtres, car son mari considère que ce genre de travail est destiné aux femmes tout comme les tâches ménagères. « J’aurais aimé être membre d’une association ou d’une coopérative d’entraide, mais j’ai peur de ne pas trouver l’argent pour payer les petites cotisations exigées. En plus je ne crois pas que je trouverai le temps de participer aux réunions puisque je n’ai aucun moment de répit ». Toutes les femmes rurales interviewées demandent à l’Etat de leur venir en aide en leur octroyant des propriétés foncières pour augmenter la production et ainsi améliorer leur niveau de vie.
Rappelons que le ministre des Droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et du Genre, Martin Nivyabandi a sorti le 14 octobre 2019 une déclaration à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme rurale, édition 2019 dans laquelle il a indiqué que l’objectif poursuivi à travers la célébration de cette journée est de mettre en évidence, une fois par an, le rôle fondamental de la femme rurale dans la société. Il a souligné également que c’était une occasion pour différents intervenants dans ce secteur d’évaluer le pas déjà franchi dans la promotion des droits de la femme rurale, d’identifier les opportunités existantes et les défis qui handicapent le plein épanouissement de cette dernière dans sa vie quotidienne.
Merci Beaucoup le journal Burundi Eco, Pour toutes ces informations!