La politique de libéralisation du marché de change en cours attire l’attention du public. Sur le marché de change, il s’observe une flambée spectaculaire du billet vert. La valeur du dollar américain augmente en flèche. Ce qui inquiète les milieux d’affaires pour un pays qui dépend substantiellement des importations et qui sombre dans une spirale inflationniste. Quand les importations sont chères, les prix augmentent en conséquence. On parle de l’inflation importée. C’est le cas pour le Burundi qui importe 35% pour compléter l’offre alimentaire.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Les opérateurs économiques suivent avec intérêt le comportement du marché de change qui dicte la fixation des prix. Ce mercredi 1er mars 2023, le billet vert valait 2 090 FBu sur le marché officiel contre 3 890 FBu sur le marché parallèle. Il importe de signaler que le marché parallèle reflète la situation économique de notre pays d’autant plus qu’il finance les importations à hauteur de 75%. Depuis des mois, la Banque centrale initie une série de réformes pour tenter d’endiguer la spéculation autour des devises et casser l’écart entre les deux marchés. La nouvelle équipe à la tête de la Banque des banques se penche prudemment sur les stratégies à adopter tout en anticipant sur le comportement des acteurs.
Dans cette logique, la Banque centrale a autorisé la réouverture des bureaux de change. Désormais, les transferts instantanés de fonds sont autorisés et les hôtels peuvent percevoir les devises étrangères. Pour résorber l’écart entre le marché noir et le marché parallèle, certains anticipent et proposent la dévaluation pure et simple du FBu. Le Premier ministre suggère des mesures prudentielles. Sinon, c’est toute l’économie nationale qui risque de s’effondrer. « La dévaluation immédiate de la monnaie risque d’embraser la situation d’autant plus que les spéculateurs vont en profiter pour creuser l’écart, a-t-il déclaré devant le Parlement réuni en congrès.
Dans le contexte actuel, les économistes déconseillent la dévaluation spontanée de la monnaie. « On ne résout pas les problèmes structurels par des mesures monétaires. Si demain la Banque centrale fixe le taux à 3300 Fbu, le taux sur le marché parallèle sera de 4500 FBu et le cycle va continuer », a déploré professeur Léonce Ndikumana lors d’une conférence-débat organisée par la BRB en août dernier.
Le Président de la République trouve que la situation économique actuelle tire son origine du désordre financier qui a eu lieu depuis 2016 en matière de gestion des devises et de la politique de refinancement. Il rassure que le pays s’en sort petit à petit et que la situation sera maîtrisée d’ici peu. « La situation est sous contrôle », lit-on sur le compte twitter de la Banque centrale.
Ainsi, la Banque de la République du Burundi tient à rassurer les importateurs et les invite à ne pas être désorientés par la hausse de type spéculatif du dollar américain encore observée ces derniers jours. Pour le moment, la BRB entame une action d’identification des vrais importateurs en vue de bien organiser le marché interbancaire des devises. Dans l’avenir, les importateurs pourront s’approvisionner sur ce marché pour leurs besoins en importations.
Les interventions de la Banque centrale sur le marché de change concordent avec les grandes recommandations issues du forum national sur le développement du Burundi qui s’est tenu en novembre 2021. Lors des assises, l’éminent professeur Léonce Ndikumana avait encouragé le gouvernement à initier des réformes. «L’inaction n’est pas une option. Chaque jour qui passe rend le problème plus difficile à résoudre. Et chaque jour qui passe décourage les gens qui attendent des solutions à ce problème», a-t-il déclaré.
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