L’Agence de Facilitation du Transport de Transit du Corridor Central (AFTTCC) se range dans la vision des pays membres pour investir dans les infrastructures de transport et faciliter le commerce. Maître Flory Okandju, Secrétaire Exécutif de l’AFTTCC déclare prioriser le plan quinquennal de l’agence et une des priorités est la construction du chemin de fer à écartement standard (SGR). Interview exclusive

Maître Flory Okandju, Secrétaire Exécutif de l’AFTTCC : « Nous avons constaté que le Burundi est prêt, s’engage et se déploie pour remplir la part de ses obligations dans le projet tripartite de construction du chemin de fer à écartement standard (SGR) ».
« Une année à la tête de l’AFTTCC, c’est beaucoup, mais c’est aussi peu et nous nous sentirons plus confortable si les bénéficiaires des actions de l’agence se prononcent sur la manière dont l’agence fonctionne », fait remarquer Maître Flory Okandju, Secrétaire Exécutif de l’AFTTC mardi le 18 avril 2023 alors qu’il accordait une interview à Burundi Eco, une date correspondant à une année qu’il vient de passer à la tête de l’agence.
Le patron de l’AFTTCC était en mission de travail au Burundi. Il a précisé que l’objectif de cette visite était de faire le suivi des instructions données par le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC). Cela lors du conseil des ministres qui s’est tenu à Kinshasha en RDC le 30 mars 2023 et ces instructions étaient relatives à la mise en œuvre du projet de chemin de fer à écartement standard (SGR) Uvinza-Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu.
Et de renchérir : « Nous sommes venu ici pour savoir comment le Burundi se prépare à la mise en œuvre de ce projet. Nous avons constaté que le Burundi est prêt, s’engage et se déploie pour remplir la part de ses obligations ».
Le plan quinquennal, une priorité
Maître Flory Okandju indique que les réalisations sont tenues en compte par rapport à différents secteurs (transport ferroviaire, maritime, routière…) et conformément aux réformes administratives.
Maintenant, explique-t-il, nous avons un manuel de gestion des ressources humaines. Ce qui améliore la gouvernance au sein du Corridor.
Et de préciser : « Cependant, nous avons une seule priorité, celle de la mise en œuvre du plan stratégique quinquennal du Corridor Central qui va se terminer en 2025. Celui-ci constitue la priorité des projets élaborés par les gouvernements. Il regorge d’un certain nombre d’activités qui doivent être réalisées dans le temps et dans l’espace » avant de signaler que les projets phares s’orientent vers les projets de construction du chemin de fer à écartement standard (SGR) à l’instar de celui reliant la Tanzanie, le Burundi et la RDC (Uvinza-Musongati-Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu).
Une mobilisation de fonds progressive pour le projet tripartite de construction de chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu
Le Secrétaire Exécutif du Corridor Central informe que par exemple pour le chemin de fer reliant la Tanzanie, le Burundi et la RDC, la mobilisation des fonds est progressive.
Selon lui, il existe des fonds propres des Etats et d’autres fonds débloqués par les partenaires financiers de ces Etats.
« Pour ce qui est du financement de la phase I, section Uvinza-Musongati-Gitega, aujourd’hui la Tanzanie et le Burundi sont en train de recruter un consultant pour construire la voie. Les fonds sont déjà disponibles pour démarrer les travaux », précise-t-il.
Et de marteler : « La mobilisation des fonds évolue très bien. Ce n’est donc pas nécessaire de débuter les travaux avec l’acquisition de l’enveloppe globale » avant d’annoncer que le début des travaux pour la 1ère phase se fera dans un avenir proche. Il demande juste un peu de patience.
Pour la phase II, section Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu, Maître Flory Okandju informe que le Burundi et la RDC se sont engagés déjà à financer les études de faisabilité.
C’est après cette étape qu’on va franchir l’étape supérieure qui consiste en la mobilisation des fonds.
Les Etats vont décaisser une partie des fonds dans le trésor public ensuite on va passer à la mobilisation des fonds auprès des partenaires financiers sous forme de dons, de crédits ou de prêts.
Le patron du Corridor Central témoigne que le projet de chemin de fer suscite l’espoir de plus d’une personne dans la région. « L’engouement est là. Chacun veut voir le chemin de fer passer dans son village ou devant sa maison. Cela parce que le chemin de fer va booster le développement socio-économique de la sous-région », certifie-t-il.
Un Corridor pour accompagner les Etats
Maître Flory Okandju rappelle que la mission de l’agence n’est pas de déterminer les tracées par lesquelles va passer le chemin de fer. Plutôt, c’est d’accompagner les Etats dans les études de faisabilité. Ce sont ces études qui vont déterminer le lieu par lequel passera le chemin de fer. Elles détermineront aussi le coût de la faisabilité et la viabilité économique du projet ainsi que le volume du cargo qui passera sur cette voie.
Il certifie également que les études de faisabilité déterminent l’état des reliefs par rapport à la tracée. Ce qui est déterminé par les experts.
« Toutefois, en tant que Secrétariat Exécutif du Corridor Central, nous nous rangeons dans la vision des Etats. Au niveau de la RDC par exemple, les villes concernées sont d’abord la ville d’Uvira et la ville de Kindu », dévoile-t-il.
Pour lui, la ville d’Uvira est le point d’entrée du chemin de fer après la connexion sur Bujumbura tandis que Kindu en constitue le terminal.
Améliorer les infrastructures
Maître Flory Okandju avise que les infrastructures de transport et de commerce au sein des pays membres du Corridor Central, à savoir : le Burundi, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie continuent à être améliorées.
« Evidemment, il existe des infrastructures en bon état et d’autres qui nécessitent d’être améliorées ou d’être adaptées aux standards, réhabilitées. Cela sur base des budgets disponibles », fait-il savoir avant de se réjouir que les Etats membres et le Secrétariat Exécutif du Corridor Central font souvent des plaidoyers pour améliorer les infrastructures.

Les infrastructures de transport et de commerce au sein des pays membres du Corridor Central, à savoir : le Burundi, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie continuent à être améliorées.
Au Burundi, continue-t-il, des efforts pour améliorer les infrastructures de transport et de transit sont une réalité, notamment la réhabilitation de la route reliant la Tanzanie et le Burundi via la frontière de Mabanda dans la province de Makamba, la construction des nouveaux postes frontières à arrêt unique, la construction des aires de repos pour les camions, la construction des ports secs…
Et de féliciter le gouvernement du Burundi qui est en train de réhabiliter le port de Bujumbura. Celui-ci va faciliter la fluidité de la mobilité des marchandises entre la Tanzanie, le Burundi, la RDC et la Zambie. Il l’invite à penser à moderniser le port de Rumonge qui contribuera à désengorger le port de Bujumbura.
Cependant, Maître Flory Okandju avise que partout dans le monde, on a besoin du transport multimodal.
Et de poursuivre : « Dans sa globalité, le transport ferroviaire et maritime est moins coûteux. D’ailleurs, ce transport contribue à la préservation des routes dont la maintenance coûte cher, à la préservation de l’environnement pour respirer enfin un air frais et avoir une vie saine ».
Il avertit également que la voie multimodale est sécurisée.
Quant au dragage des ports installés le long du lac Tanganyika, il signale que cela a été déjà fait sur financement de TradeMark Est Africa au port de Kalundu en RDC et que, selon les possibilités, on va le faire sur d’autres ports.
STACON pour éviter de se fixer des limites
Maître Flory Okandju signale que le Conseil Consultatif des Parties Prenantes (STACON) est un organe du Corridor Central qui regroupe les acteurs du secteur public et du secteur privé.
Chaque année, des réunions du STACON sont organisées. « La particularité pour cette année (2023) est que la réunion a été organisée dans les pays membres. Elle sera organisée au niveau régionale par après », explique-t-il avant d’indiquer que dans les années antérieures, la réunion s’organisait à Dar-es-Salaam.
D’après lui, cette année, l’agence a voulu d’abord consulter les acteurs ou parties prenantes dans les pays membres respectifs. Ce qui présente des avantages, entre autres la langue utilisée, le plus grand nombre des parties consultées.
« Si on les invite à Dar-es-Salaam, les dépenses seront énormes. D’ailleurs les participants seraient moins nombreux », déplore Maître
Flory Okandju.
Par ailleurs, précise-t-il, les difficultés liées au commerce sont maîtrisées selon les habitants d’une région. Ce sont eux qui vivent le problème au quotidien.
Le Patron de l’AFTTCC annonce qu’il est prévu au mois de juin 2023 une réunion pour consolider les différents rapports issus des réunions du STACON. Le condensé des rapports sera soumis au conseil d’administration et des ministres au niveau régional et le Secrétariat Exécutif du Corridor Central va s’impliquer dans la mise en application des recommandations.
Cela afin de faciliter le commerce dans la région.
Maître Flory Okandju demande enfin aux Etats membres du Corridor Central une bonne collaboration et un accompagnement des directives et des orientations pour améliorer sa mission.
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