Même si le directeur général des affaires pénitentiaires affirme qu’un détenu coûte cher à l’Etat, il indique néanmoins que ce coût n’est pas encore connu. Il fait remarquer que des études pour en déterminer le montant sont en cours.
« Dès le premier jour qu’un prisonnier passe dans la prison, on lui donne à manger. Chaque détenu reçoit chaque jour 350 g de farine de maïs ou de manioc, 350 g de haricot, 50 cl d’huile de palme et 9 g de sel de cuisine .En plus de la ration, les détenus bénéficient de la tenue, de l’eau, de l’électricité et des soins de santé », indique Gervais Hajayandi, directeur général des affaires pénitentiaires. Il ajoute que les détenus reçoivent des savons.

Gervais Hajayandi, directeur général des affaires pénitentiaires : « Augmenter les prisons ne résout pas la question de surpopulation carcérale. Plus il y a des places dans les prisons, plus il y a la tendance à les occuper »
Malgré toutes ces dépenses, M. Hajayandi fait remarquer que le coût d’un détenu par jour, par mois ou par an n’est pas encore connu. Ii informe qu’en plus du budget que l’Etat octroie à cette direction, les prisons bénéficient d’autres appuis de la part des partenaires. Les prisonniers bénéficient également d’un logement, de matelas et de couvertures. Il déplore néanmoins le fait que certains détenus vendent aussitôt après ces matelas et couvertures.
Jean Marie Nshimirimana, représentant légal de l’association « Ntabariza » estime à 20 millions de FBu par jour le coût de tous les détenus burundais. Ce que M. Hajayandi nie en bloc tout en indiquant qu’aucune étude n’a été menée jusqu’à ce jour pour déterminer ce coût.
La capacité d’accueil dépassée
Initialement construis pour accueillir 4914 prisonniers, les prisons burundais abritait, le jour de mon entretien avec le directeur général des affaires pénitentiaires 9099 prisonniers. La capacité initiale avait été évaluée à l’époque coloniale lors de la construction de ces prisons. Mais grâce aux travaux de réhabilitation effectuée ultérieurement, ces prisons disposent d’une capacité d’accueil de plus de 5000 places, indique Hajayandi.
Désengorger les prisons pour minimiser les dépenses
Pour réduire la surpopulation dans les prisons, il faut travailler sur la politique pénale parce que quand on ne maîtrise pas les entrées dans une prison, il y a toujours risque de surpopulation carcérale. Il faut donc que l’autorité qui détient tienne compte de la capacité d’accueil des prisons et comprenne qu’il y a des places limitées », signale M.Hajayandi. Il demande plutôt à l’autorité d’intensifier la réinsertion parce qu’il a été constaté qu’il y a des détenus qui, une fois libérés, retournent en prison après quelques mois. Ce récidivisme semble justifié. Lorsqu’un détenu passe plus d’une année en prison, il développe le fainéantisme .Il se lève le matin. On lui donne à manger. Il ne travaille pas. Son seul souci est de manger et de dormir. S’il est libéré, il a tendance à récidiver pour retourner en prison, précise M.Hajayandi.
Préparer les prisonniers à la vie post-détention
Pour pallier efficacement aux retours dans les prisons, M. Hajayandi souhaite que les prisonniers soient préparés à la vie post-détention. Sur ce, la direction générale des affaires pénitentiaires essaie d’intensifier l’enseignement des métiers dans les prisons, équiper les détenus dans les prisons pour qu’une fois libérés, ils aient de quoi faire.
L’expérience d’ailleurs montre qu’il y a des associations qui créent l’emploi pour les détenus libérés. Elles cherchent des champs ou des terrains cultivables pour les occuper une fois élargis. S’il est relâché, il s’oriente dans telle ou telle activité. Comme ça il gagne quelques sous pour subvenir à ses besoins. Et la tendance à retourner en prison est limitée.
Les travaux d’intêret général, une alternative
M. Hajayandi estime que la politique des travaux d’intérêt général, c’est-à-dire une alternative à l’emprisonnement serait bénéfique. C’est-à-dire que les juges, au lieu de décider l’emprisonnement pour des infractions mineures il faut que le législateur détermine ceux qui doivent effectuer les travaux d’intérêt général et ceux qui doivent être incarcérés.
A ce sujet, le représentant de l’association Ntabariza demande que des peines d’emprisonnement qui ne dépassent pas cinq ans soient levées et remplacées par des travaux d’intérêt général.
Des enfants incarcérés avec leur mère
Dans les prisons burundaises, on trouve des nourrissons qui grandissent avec leur mère alors qu’ils sont victimes de rien. D’après le directeur général des affaires pénitentiaires, ces enfants naissent des mères qui sont arrêtées alors qu’elles sont enceintes ou avec des bébés de quelques jours ou de quelques mois.
Le règlement d’ordre intérieur des prisons prévoit que lorsqu’un enfant atteint l’âge de trois ans, il doit être accueilli dans la famille de la détenue ou dans les associations partenaires des prisons. Toutefois, certains parents n’acceptent pas de donner leurs enfants. Il explique qu’en plus de sa ration, la mère bénéficie aussi de la ration du nourrisson souvent accompagnée de quelques avantages dont le régime. Aussi, ajoute-t-il, s’il y a des associations ou des ONG qui viennent assister les prisonniers, la priorité est donnée aux femmes ayant des nourrissons.
Rappelons que le Burundi compte onze prisons pour adultes et deux centres de rééducation pour enfants en conflit avec la loi, à savoir : La prison de Ngozi (hommes et femmes), de Muyinga, de Gitega, de Ruyigi, de Muramvya, de Bururi, de Rumonge , de Mpimba , de Rutana et de Bubanza auxquels on ajoute les centres de rééducation des mineurs en conflit avec la loi de Ruyigi et Rumonge.
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