L’OLUCOME s’inquiète que les 10 % des recettes collectées dans les marchés publics comme prévus dans la loi des finances vont affecter les activités économiques communales. Cela au moment où l’OAG insiste sur la corruption

Il n’est pas facile pour une commune de mettre en œuvre un projet de développement alors qu’elle n’a pas suffisamment de moyens financiers pour le réaliser.
Selon Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques, le gouvernement a adopté une politique de décentralisation visant l’autonomisation des communes. Cependant, il estime que cela masque une certaine forme de contradiction.
« L’observatoire ne voit pas comment le gouvernement va promouvoir sa politique de décentralisation et d’autonomisation des communes. Cela au moment où il vient d’ôter aux communes le droit de collecter les taxes communales », se questionne-t-il avant de faire remarquer qu’actuellement, c’est l’Office Burundais des Recettes (OBR) qui a la mission de collecter les taxes communales dans les marchés construits par l’Etat.
Pour M.Rufyiri, 10% de la somme collectée sera attribuée aux communes tandis que les 90% qui restent seront versées dans le trésor public. Il se demande comment une commune va élaborer son projet et le mettre en œuvre alors qu’elle n’a pas suffisamment de moyens financiers pour le réaliser.
Et de rappeler : « Le gros du budget des communes provient des taxes collectées dans les marchés installés dans les communes ».
Un non-dit dans la gestion des financements des coopératives collinaires
D’après M.Rufyiri, depuis 2019, le gouvernement octroie à chaque coopérative collinaire une enveloppe de 10 millions de FBu destinée au développement de la population.
Malheureusement, témoigne-t-il, cette enveloppe n’arrive pas souvent aux destinataires. « Sur certaines collines, l’enveloppe disparait dans les mains des représentants collinaires tandis que sur d’autres collines, l’argent est mal géré. Il est réparti en faisant fi de la qualité des projets », déplore le président de l’OLUCOME.
La corruption, une autre entrave au développement communal
Dans un rapport de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale de juin 2023 sur l’impact de la corruption sur l’activité économique au Burundi, il ressort que la corruption gagne toujours du terrain. Elle tend à devenir structurelle. Ce qui constitue un réel frein à la relance économique et au développement intégral.
Le rapport indique qu’au cours du premier semestre 2018, les efforts conjoints de la Cour Anti-corruption et du parquet général auprès de cette Cour auraient permis de recouvrer plus de 980 millions de FBu. Ce faible taux de recouvrement est attribué à l’incompétence et aux éléments limitrophes du mandat de ces institutions.
L’un des rares cas de corruption cités dans le rapport de l’OAG concerne quatre individus détenus pour détournement de fonds dans la commune Mugamba de la province de Bururi depuis mars 2021.
Il indique que certains d’entre eux ont été pris avec de faux carnets de reçus destinés à la collecte des taxes communales d’une valeur de 4 millions de FBu. Et de continuer : « Un cas similaire s’est présenté en 2020 dans cette commune, lorsque l’administrateur et le comptable ont été arrêtés et détenus pour avoir détourné les taxes municipales sur les feuilles de thé vert. Néanmoins, la municipalité n’a pas encore recouvré les fonds ».
Selon le rapport de l’OAG, chaque fois qu’il y a augmentation de la corruption, il y a diminution de la croissance économique. De plus, la corruption exerce un effet négatif sur l’investissement total. D’où la corruption affecte la croissance économique directement et par le biais de son impact sur l’investissement.
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