Au cours de l’année budgétaire 2021-2022, l’Agence de Développement du Burundi (ADB) a octroyé 50 certificats d’éligibilité aux avantages du code des investissements. Mais parmi cette cinquantaine de projets, seuls 12% sont issus des investissements directs étrangers
L’ADB a validé 50 projets des investisseurs au cours de l’année budgétaire 2021-2022. Parmi cette cinquantaine de projets, 44 d’entre eux sont nationaux et représentent 88% contre six projets issus des investissements directs étrangers (IDE), soit 12%. Cela a été annoncé mercredi le 27 juillet 2022 par Didace Ngendakumana, directeur général de l’ADB dans une conférence de presse dédiée à la présentation des réalisations de cette agence.
Selon M. Ngendakumana, ce faible taux des investissements directs étrangers s’explique par plusieurs facteurs. En premier lieu, le Burundi n’est pas riche en ressources naturelles les plus convoitées par les investisseurs internationaux comme les mines, le pétrole, le bois, etc. D’autres facteurs sont liés au manque d’énergie électrique et un cadre légal qui a besoin d’être revu.

Didace Ngendakumana, directeur général de l’Agence de Développement du Burundi (ADB) : « Le manque d’énergie fait partie des obstacles qui freinent les investissements directs étrangers ».
Les défis à relever sont nombreux et datent de longtemps
Le climat des affaires nécessite des efforts considérables pour être assaini. Le faible niveau des investissements directs étrangers ne date pas d’aujourd’hui. Les causes de cette situation n’ont pas changé depuis plusieurs années. Le journal Burundi Eco a essayé d’expliquer pourquoi le Burundi peine à attirer les investisseurs étrangers dans son numéro 424 sorti le 23 octobre 2020.
En premier lieu, la dépréciation du franc burundais par rapport aux devises réduit la confiance des investisseurs. « Il est difficile d’investir dans une monnaie instable », ont déploré les membres de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).) Pour stopper toute spéculation, la Banque de la République du Burundi (BRB) a décidé d’intervenir sur le marché de change jusqu’à la fermeture de tous les bureaux de change. Malheureusement, cette décision n’a fait que renforcer le marché noir. Le billet vert a franchi la barre historique de 3 000 FBu.
En deuxième lieu, l’instabilité politique décourage les investisseurs. En 2010, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) s’est penchée sur la politique d’investissement au Burundi. Les conclusions de cette analyse sont toujours à jour. La principale contrainte à l’investissement est le cadre politique qui demeure relativement fragile dans un contexte sous régional lui-même toujours très instable. Le facteur risque est demeuré élevé au Burundi pour que des entreprises étrangères décident d’y investir, concluent les experts onusiens. De surcroît, la crise politique de 2015 a entraîné une régression de la croissance (- 3,9%). Ceci décourage les investisseurs qui ont peur d’investir dans une économie fragile qui ne résiste pas aux chocs économiques qu’ils soient internes ou externes. La stabilité politique est une condition nécessaire pour attirer les investissements.
Un secteur privé faible et sous-développé
En général, depuis l’arrêt de l’aide internationale et l’embargo économique des années 1990, le secteur privé est faiblement développé au Burundi. En plus de cela, le système fiscal burundais avec un taux d’imposition particulièrement élevé est très défavorable aux entreprises privées et contribue donc à faire obstacle aux IDE.
La liste des contraintes aux investissements n’est pas exhaustive. Les autres obstacles aux IDE sont notamment l’enclavement du Burundi, la baisse des réserves en devises, l’inflation galopante, les difficultés pour rapatrier les capitaux, etc.
Malgré les défis ci-haut évoqués, le directeur général de l’ADB est optimiste que certains d’entre eux vont avoir une solution. Il évoque notamment le manque d’énergie électrique. « Le manque d’énergie fait partie des obstacles qui freinent les investissements directs étrangers », affirme M. Ngendakumana.
Malgré tout, il a de l’espoir, car pas mal de barrages hydroélectriques sont en cours de construction. Il cite notamment Rusumo Falls qui fournira 28 MW supplémentaires d’ici au mois de septembre 2022, le barrage Kabu 16 qui produira 20 MW au plus tard en décembre 2022.
Un autre barrage hydroélectrique en construction est Jiji-Murembwe qui produira 50 MW à partir de décembre 2023. Il y a bien entendu les 15 MW du barrage de Ruzibazi que la Regideso a déjà injectés dans le réseau électrique à partir du mois de juillet 2022. Au total, au total 113 MW sont attendus dans le réseau électrique burundais d’ici deux ans. Ce qui est une plus-value pour attirer les investisseurs tant nationaux qu’internationaux.
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