Culture

Le monde du cinéma serait-il ingrat vis-à-vis de la femme ?

La domination masculine est tellement ancrée dans l’inconscient des cinéphiles que ce n’est pas facile de la remarquer. Pour l’association 3hi Africa, c’est une pratique qu’il faudrait remettre en question. La femme a droit à une bonne place aussi bien dans le cinéma de science-fiction que dans les films d’animation pour briser le complexe d’infériorité dans le septième art

Diane Kaneza, réalisatrice et scénariste (à gauche): « La place de la femme dans le monde du cinéma est surtout dans l’action que dans la réalisation»

La Schtroumpfette, tout le monde voit de qui il s’agit. Une blondinette sautillante et souriante en robe à dentelle et bonnet immaculé montée sur de petits escarpins nacrés. Elle vit au fabuleux pays des Schtroumpfs où elle a été envoyée par le vilain sorcier Gargamel… afin de semer la zizanie au village des gentils. Quand le rôle réservé au personnage féminin est de perturber le bel et bon ordre établi, ça commence à se gâter. Dans tous les films, la femme joue un rôle secondaire et parfois négatif. Ce que 3hi Africa dénonce comme syndrome de Schtroumpfette.

Le «Schtroumphénomène», complexe et difficile à combattre

Evoqué pour la première fois en 1991 par Katha Pollitt, une essayiste américaine, le concept de Syndrome de Schtroumpfette est la tendance qu’ont les œuvres de fiction à ne comprendre qu’un seul personnage de sexe féminin parmi un ensemble de personnages masculins, malgré le fait que la moitié de l’humanité soit composée de femmes. « Ce n’est pas tant cette fonction de faiseuse d’embrouilles dévolue à la Schtroumpfette qu’elle dénonce. C’est le fait qu’elle soit la seule incarnation du féminin dans un univers 100% masculin. Ce qui fait que, tandis que chaque Schtroumpf a droit à sa personnalité (il y a le farceur, le coquet, le costaud, le gourmand, le musicien, le bricoleur…), celle de la Schtroumpfette est totalement effacée au profit d’un seul et unique critère pour la désigner : son genre », a introduit Olivier Jayne, directeur de l’Institut Français du Burundi (IFB en sigle) lors d’une table ronde organisée conjointement par 3hi Africa et l’IFB. 

Les femmes dans le cinéma, une minorité majoritaire ?

«Même dans la programmation, lorsqu’une femme fait partie des personnages principaux d’un film ou d’un show télévisé, elle est généralement seule dans un groupe d’hommes, en moyenne il y a 30% de femmes », peut-on voir dans une vidéo réalisée par 3hi Africa. De «Star Wars» à «Avengers» en passant par «Les Gardiens de la Galaxie», on ne remarque qu’une seule femme. Ce que Diane Kaneza, réalisatrice et scénariste Burundaise qualifie de «sexisme» du fait que le monde cinématographique incarne rarement l’héroïsme féminin. «La Schtroumpfette est l’un des nombreux symptômes de la domination masculine auquel nous sommes soumis depuis l’enfance, que nous soyons un homme ou une femme, et il est difficile de s’en soustraire tant elle fait partie de nos bagages culturels et sociétales», indique-t-elle.

Il faut que diversité rime avec multiplicité

« Les choses doivent changer. Nous devons commencer à voir à l’écran les femmes telles qu’elles sont réellement, et pas seulement dans des salles de cinéma avec des films à budgets minuscules », martèle Mme Kaneza. Et d’ajouter qu’une femme isolée dans un univers majoritairement masculin, ce n’est pas de la diversité, c’est plutôt de l’affichage. Non seulement, ça ne suffit pas pour parler d’égalité (ni même de mixité), mais aussi que ça ne permette pas le changement qui procède de la diversité.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 655

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.
  • Journal n° 655

  • Dossiers Pédagogiques