Société

Le rêve Serbie : Une histoire qui se termine mal

Les Burundais avec un passeport ordinaire ne sont plus autorisés à se rendre en Serbie. Une décision qui a d’office condamné ceux qui avaient commencé le voyage et ceux qui avaient déjà payé les billets et le porte-parole du ministère de l’Intérieur enfonce le clou : ceux qui seront refoulés, le pays les attend pour qu’ils répondent de leurs mensonges qui ont terni l’image du pays

Les billets d’avion qui avaient été payés ne sont pas tous remboursables.

   

Le gouvernement serbe a pris la décision de mettre fin à l’accord signé avec le Burundi au début de l’année 2020 de se rendre en Serbie sans visa. Depuis le début de cette année, on estime que plus de 20 000 ressortissants burundais ont utilisé l’accord bilatéral comme base pour voyager vers la Serbie et ensuite se diriger vers d’autres pays européens tels que la Belgique, la Suisse, l’Italie, où ils vont demander l’asile. 

L’Union Européenne s’est plainte à plusieurs reprises auprès de la Serbie, qui est un des sept pays candidats actuels à l’entrée au sein de l’UE. La Serbie avait les mains liées. Elle était contrainte d’appliquer les règles fixées au sein des pays de l’UE.

« L’accord comprend généralement une phrase qui stipule qu’en cas de problèmes de sécurité, de protection de la vie des citoyens ou pour toute autre raison, un pays peut prendre des mesures pour limiter le nombre de personnes qui entrent sur son territoire », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires Etrangères, Sonia Inès Niyubahwe sur la Voix d’Amérique.

Les condamnés de l’histoire 

L’annonce est tombée alors que des Burundais étaient en route vers la Serbie. Le voyage a été interrompu par la décision de la Serbie de ne plus accepter les Burundais voyageant sans visas. La plupart étaient (le sont encore) bloqués dans des aéroports, soit Doha (Qatar), soit Istanbul (Turquie). Ils ne peuvent plus prendre un avion vers Belgrade. D’après les directives de l’association international du transport aérien « International Air Transport Association » (IATA), la compagnie qui accepte un passager qui n’a pas le droit d’entrer en Serbie, à l’arrivée, cette compagnie est sanctionnée d’une amende de 10 000 USD et se retrouve dans l’obligation de reprendre le voyageur et de le ramener à son point de départ.

Selon un des passagers bloqués à Istanbul joint par la BBC, il explique qu’ils ont réfusé la proposition de la compagnie Ethiopian Airlines de les ramener au pays. Ils expliquent qu’en s’aventurant à prendre ce voyage, ils avaient tous vendu ou avaient contracté des crédits dans les banques. Retourner au pays est équivaut à une condamnation. Sur son compte twitter du 23 octobre, le ministère de l’Intérieur fait état d’une centaine de refoulés.

Tous les billets ne sont pas toujours remboursés

Les compagnies aériennes ont averti désormais les voyageurs que les règles ont changé pour les vols à destination de la Serbie. Malheureusement, il y a des Burundais qui avaient déjà réservé et payé un billet d’avion avant la décision serbe. Un autre coup dur est que tous les billets d’avion ne sont pas toujours remboursables. La raison est que les compagnies aériennes vendent différents types de billets, avec des conditions plus ou moins souples concernant la modification, l’annulation et le remboursement. Ceux présentant le plus d’avantages et de flexibilité sont également les plus chers à l’achat et c’est pourquoi ils sont généralement non remboursables.

Cette situation a créé un climat de tension entre les agences de voyage et leurs clients. Certains responsables des agences de voyage ont déjà reçu des convocations. Les clients les accusent d’escroquerie et ne comprennent pas pourquoi ils ne seront pas remboursés.

Les refoulés seront poursuivis par la justice

Selon le journal belge La Libre Belgique, le nombre de demandeurs d’asile burundais a été multiplié par 8 au cours des trois derniers mois. Jusqu’à 90 % d’entre eux ont utilisé la Serbie comme route. Là encore, ce n’est pas tout le monde qui parvient à bénéficier du droit d’asile. Pour avoir ce droit, il faut expliquer le pourquoi de l’asile et montrer les preuves. A défaut, ils risquent d’être refoulés dans le pays d’origine.  Et le porte-parole du ministère de l’Intérieur a fait savoir que ceux qui seront refoulés seront poursuivis par la justice à l’arrivée au pays. Selon Pierre Nkurikiye, les gens qui demandent l’asile mentent et disent qu’ils étaient persécutés au Burundi. Leur péché est d’avoir terni l’image du pays. 

Le 23 octobre, le ministère de l’Intérieur a interdit les départs des Burundais munis passeports ordinaires avec visas vers la Serbie depuis l’aéroport de Bujumbura et même via les pays voisins. Une interdiction qui mettait fin à plusieurs mois de flux migratoire vers ce candidat potentiel à l’entrée à l’UE.

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Dona Fabiola Ruzagiriza.

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