Agroalimentaire

Le secteur de la transformation agroalimentaire négligé

Le secteur de la transformation agroalimentaire n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière quoi qu’il soit le fer de lance du développement. Burundi Eco revient sur certaines raisons de cette situation

Godefroid Manirankunda, directeur pays de l’association « Action Développement et Intégration Régionale » (ADIR) jeudi le 7 mars 2019 dans un atelier d’élaboration de la stratégie régionale de développement du secteur privé 2018-2022 : « Les unités de transformation agroalimentaire sont confrontées à beaucoup de barrières »

Les unités de transformation agroalimentaires sont confrontées à beaucoup de barrières, a indiqué Godefroid Manirankunda, directeur pays de l’association « Action Développement et Intégration Régionale » (ADIR) jeudi le 7 mars 2019 dans un atelier d’élaboration de la stratégie régionale de développement du secteur privé 2018-2022. La plupart d’entre elles ne disposent pas de leurs propres champs de cultures qu’elles contrôlent depuis la plantation, la récolte, la conservation, la transformation jusqu’à l’écoulement des produits. Elles n’ont même pas de partenaires chargés de produire les matières premières dont elles ont besoin. Elles se réveillent le matin pour aller s’approvisionner en matières premières au marché local. Si elles n’en trouvent pas, elles croisent les bras. 

De plus, Manirankunda fait savoir que les unités de transformation agroalimentaires n’ont pas de technologies avancées du fait que leurs ressources humaines ne sont pas rôdées en cette matière. La plupart d’entre elles ne disposent pas de chimistes. Cette situation fait qu’elles pataugent pour bénéficier du pain quotidien. Le manque d’équipements modernes constitue aussi un défi majeur au fonctionnement des unités de transformation agroalimentaires. Elles ont besoin des machines pour la fermentation, le séchage, le filtrage….  De surcroît, le dosage des ingrédients inquiète plus d’un. A titre d’exemple, on devrait savoir la quantité d’eau et de sucre à utiliser, la qualité de la farine… pour façonner tel produit.

La standardisation, une problématique

Selon Manirankunda, les unités de transformation agroalimentaires visitées n’arrivent pas à fabriquer toujours des produits de même qualité. Si le goût d’un jus d’orange est doux aujourd’hui, demain il peut être cru, même amer. C’est la raison pour laquelle on procède toujours à la dégustation, car elles ne sont pas sûres de la qualité de leurs produits. Dans les grandes sociétés comme la BRARUDI, le goût des produits reste unique. Si le produit change de goût ou de couleur, il change aussi d’appellation. 

Les mesures d’hygiène, une entrave

La plupart des unités de production artisanale et semi industrielle récupèrent les bouteilles en verre ou en plastique et les autres produits locaux ou importés. Cette pratique constitue un frein dans la mesure où ces unités de transformation ne disposent pas de matériels qui garantissent les conditions d’hygiène requises. Les mesures sanitaires et phytosanitaires ne sont pas respectées. En principe, on devrait vérifier s’il n’y a pas de bactéries, de virus, de champignons ou de toxines dans leurs produits avant de les mettre sur le marché. Ce qui bloque l’exportation de ces produits.

Manirankunda ajoute que compte tenu du manque de moyens, le packaging de ces produits ne s’inspire d’aucune stratégie marketing et freine ainsi l’élan d’un consommateur avisé. Le marché Burundais est envahi par des produits de la sous région et de l’Occident. Pourtant, ces produits concurrents sont plus chers.

La concurrence déloyale ajoute le drame au drame 

Venant Kajibwami, représentant de l’unité de transformation de la banane « Imena » s’inquiète du fait que le marché d’écoulement de leurs produits se limite seulement au Burundi alors qu’ils sont certifiés par BBN.  En Tanzanie, on leur dit que leurs produits ne respectent pas les normes. Il se demande pourquoi. Et d’y ajouter la concurrence déloyale menée par certains investisseurs sans même l’autorisation de BBN.

Au regard de tous les défis auxquels les unités de transformation agroalimentaires sont confrontées, Manirankunda fait remarquer que la valorisation de ce secteur devrait être une priorité de l’Etat pour accéder au développement durable. Et de demander au gouvernement de multiplier les formations de renforcement des capacités dans ce domaine. Cette politique, une fois réussie va réduire le chômage et la pauvreté.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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