Editorial

L’enfer des migrants

Au péril de leurs vies, ils sont nombreux à braver le danger à la recherche de là où l’herbe est encore verte. Les candidats à la migration affluent vers le commissariat des migrations pour demander les documents de voyage. Le phénomène prend de l’ampleur après la signature d’un accord de coopération entre le Burundi et la Serbie sensé promouvoir les échanges commerciaux.   Ce pays à cheval entre le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Macédoine du Nord et l’Albanie est devenu une escale pour les migrants qui veulent rejoindre l’Europe. Mais la route est parsemée d’embûches.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Le pays se vide peu à peu d’une partie de sa population active. D’une certaine manière, la fuite des capitaux rime avec la fuite des cerveaux. Les réactions divergent dans l’opinion. Il s’agit d’une grande perte énorme pour le pays, commentent certains. D’autres y voient un moyen de saisir les  opportunités qu’offre le monde. En tout cas, le phénomène prend une allure inquiétante. Il s’agit des voyages qui coûtent des fortunes pour un citoyen lambda.  Il faut se procurer un billet d’avion, un passeport, payer des passeurs pour franchir clandestinement les frontières. Ainsi, les migrants vendent leurs biens et mobilisent des fonds par tous les moyens possibles pour financer ce dangereux périple.  

Dans « Manamba en exil », Mohammed El Amin Nibaruta nous fait découvrir la face cachée de la migration. Il décrit comment le personnage principal (Manamba) a vendu sa voiture qui lui procurait des provisions journalières tout en espérant gagner une vie meilleure en Europe. Il pensait retourner dans son pays natal avec assez d’argent pour réaliser son rêve d’y construire une luxueuse villa. Hélas, il a été rapatrié de force lui avec sa famille après tant d’années d’errance en Europe. 

L’auteur du livre fait savoir que tant de jeunes laissent leurs chances dans leurs pays d’origine. Ils suivent aveuglement la minorité de ceux qui y ont réussi.  Malhreusement ils se retrouvent à la case départ : ils sont obligés d’y retourner pour tout recommencer à zéro après avoir connu des déceptions, des situations parfois très douloureuses. Ils finissent par un retour considéré comme un sauvetage in extremis provoquant une larme émotionnelle des retrouvailles des leurs après tant d’années d’absence, lit-on dans le synopsis. 

D’après les informations relayées par nos confrères de l’Agence Burundaise de Presse, la Serbie aurait fait appel au Burundi pour avoir du poids sur la scène internationale. « …il  n’y a pas  de petit pays. La Serbie souhaite le  soutien du  Burundi  au niveau de la diplomatie et de la politique », a réagi le patron de la diplomatie Burundaise en juin dernier. Une histoire de guerres sanglantes qui suscite tant d’indignations au pays. 

Pourquoi la Serbie cherche-t-elle désespérément des soutiens ? Il s’agit d’une conséquence indirecte hostilités de la province du Kosovo. En 1998, des tensions entre la majorité musulmane albanaise et la minorité serbe du Kosovo, une province du sud-est de la Serbie, dégénèrent en une escalade de violences. Une intervention militaire serbe entraîne une intervention internationale qui mène à un cessez-le-feu en juin 1999, suivi d’une présence importante de forces onusiennes. 

L’OTAN est intervenue militairement au début de 1999 pour mettre un terme à la répression ethnique au Kosovo. Ensuite une force de maintien de la paix a été mise en place dans le but de créer les conditions de sûreté et de sécurité nécessaires et de faciliter la reconstruction. Le Kosovo a fini par obtenir son indépendance par référendum en 2008. Le pays n’est pas membre de l’ONU,  mais il est reconnu par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. La diplomatie serbe remue ciel et terre pour la non reconnaissance du Kosovo comme pays indépendant.  Entre 2017 et 2020, dix-huit États sont revenus sur leur décision de reconnaissance du Kosovo en tant que pays indépendant à la suite d’une campagne diplomatique musclée.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques