Les prix du poisson restent très volatiles sur le marché. Les pêcheurs évoquent la pénurie du carburant et la cherté du matériel de pêche comme principales causes de cette situation. Ces deux facteurs combinés et le coût du transport influent sur la variation des prix. Reportage
La pêche est parmi les principales activités économiques qui s’exercent à Rumonge. Elle rassemble les pêcheurs, les mécaniciens, les transporteurs et les revendeurs des poissons autour des pêcheries. Les Mukeke et les Ndagalas avec du Chikwange demeurent une recette emblématique de la région de l’Imbo. Durant notre séjour à Rumonge, nous avons visité le port de pêche de Rumonge. Malgré la progression du lac qui grignote petit à petit sur les plages, les pêcheurs s’adaptent tant bien que mal à la crise climatique.
Il est six heures et demi du matin. Les bateaux flottent lentement sur la surface du lac. Les réparateurs des embarcations et certains pêcheurs discutent tranquillement des activités de pêche et de la rareté des produits pétroliers. Nous profitons de ces échanges pour nous fondre dans la masse et suivre de près les conversations sur ce secteur très convoité. Nous apprenons que les pêcheurs observent le repos biologique. Un des pêcheurs expérimenté glisse un mot qui attire notre attention. « Les novices dans notre secteur croient qu’avoir des seaux remplis de poissons est synonyme de meilleure prise de la nuit ». Pour lui, ce qui montre que la productivité est bonne est que les bateaux accostent avec des caisses de poissons bien garnis. Il rappelle qu’une caisse de poissons peut contenir jusqu’à huit seaux d’une capacité de 10 litres.
Une denrée pour les plus nanties
Le poisson n’est pas à la portée de toutes les bourses. Ces derniers jours, les prix du poisson sont en nette augmentation. Les consommateurs doivent adapter leurs besoins en fonction de leurs revenus.
Au marché de Rumonge, les produits halieutiques sont hors prix. Un tas de 5 poissons (Mukeke) se négocie à 50 000 FBu et un kilo de fretins séchés frôle les 80 000 FBu. Les acheteurs préfèrent le poisson fumé en provenance de la Tanzanie à la place du poisson frais plus cher. Dans les bars-resto plus populaires, une pièce de Mukeke grillée non accompagnée coûte 10 000 FBu.
Pourquoi la hausse des prix?
Les acteurs de la filière pêche révèlent que le marché de poissons est très volatile et que cette volatilité dépend essentiellement des saisons. Pendant la période estivale, il y a surabondance du poisson et les prix chutent sur le marché. Il en est de même pour la saison pluvieuse. Quand la moisson est bonne, généralement les prix sont abordables. Pour le moment, les pêcheurs observent le repos biologique instauré selon le cycle lunaire. D’où la pénurie du poisson sur le marché.
La reprise des activités est attendue vers la fin de cette semaine. Cependant, rien n’est moins sûr que les prix vont pour autant chuter. Les pêcheurs évoquent la pénurie criante de l’essence. Un litre et demi d’essence coûte 20 000 FBu au marché noir. A cela s’ajoutent la cherté du matériel de pêche, notamment les moteurs des bateaux de pêche, les filets et les batteries d’accumulateur. Chaque embarcation doit disposer d’un moteur dont le prix a doublé, passant de 6-7 millions de FBu à 13 millions de FBu à cause de la dépréciation du FBu.
L’immatriculation des bateaux, une mesure salutaire
Les autorités administratives saluent la mesure d’immatriculer les bateaux. Cette mesure va sans doute améliorer la sécurité et le transport lacustre. Il sera facile de connaître la flotte martimd’e en activité et identifier les embarcations en détresse, réagit Léonard Niyonsaba, gouverneur de la province Rumonge.
Les pêcheurs apprécient positivement cette mesure qui vient pour mettre de l’ordre dans le secteur. Cependant des doutes planent sur les redevances annuelles et le certificat d’immatriculation facturés en dollars dans un contexte de pénurie criante des devises. « Toute mesure visant à améliorer les conditions de travail des pêcheurs est la bienvenue. Il revient aux patrons des pêcheurs de se conformer aux directives de l’Etat au risque d’être exclu de ce business », commente un pêcheur rencontré au port de pêche de Rumonge. L’immatriculation des bateaux va permettre de repérer facilement les pirates, surtout dans les eaux proches de Muguruka à Nyanza-lac où les voleurs en provenance de la Tanzanie dépouillent de temps en temps les pêcheurs de leurs biens. La fréquence des cas de vols nocturnes a sensiblement baissé, témoigne ce quadragénaire.
La pêche est inscrite sur les programmes prioritaires de la province Rumonge pour concrétiser la vision d’un Burundi émergent en 2040 et d’un Burundi développé en 2060. L’autorité provinciale évoque déjà des projets de pisciculture en cours de développement sur l’ensemble de la province, surtout à la prison centrale de Murembwe pour augmenter la production.
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