Editorial

Les abandons scolaires, une bombe à retardement

La rentrée scolaire approche à grands pas. Les élèves regagnent les salles de classe ce lundi 12 septembre 2022. Les parents s’activent à acheter le matériel scolaire et les uniformes pour leurs enfants. C’est un investissement colossal d’autant plus que les prix des cahiers explosent sur le marché.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

 Les campagnes de mobilisation des fonds se poursuivent pour acheter des kits scolaires pour les plus démunis. Les Ongs locales et les associations caritatives se lancent dans une course contre la montre pour voler au secours des enfants issus des milieux défavorisés. Elles œuvrent  pour que personne ne soit exclu de l’école. Il s’agit d’un idéal au vu des effectifs des déperditions scolaires. 

Cela étant, la Convention Internationale sur les Droits de l’Enfant (CIDE) stipule que « l’enfant a droit à l’éducation et l’Etat a l’obligation de rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit, d’encourager l’organisation de différentes formes d’enseignement secondaire accessibles à tout enfant et de l’assurer à tous ». (art.28). L’éducation est gratuite, mais elle n’est pas obligatoire. La politique de gratuité de l’éducation a permis d’augmenter le taux de scolarisation brut, mais elle a créé d’autres problèmes faute de mesures d’accompagnement. 

D’après les informations relayées par nos confrères de la Radio Isanganiro, la seule province de Kayanza a enregistré plus de 19 000 abondons scolaires. Les élèves sèchent les cours parce qu’ils manquent de motivation pour étudier.  D’autres se lancent dans des activités génératrices de revenus pour gagner quelque sous et finissent par quitter définitivement le banc de l’école.  

Ces cas d’abandons scolaires amplifient l’exode rural. Cela risque d’aggraver la situation dans les agglomérations où les enfants en situation de rue sèment la terreur. Ils s’en prennent aux passants, les dépouillent de leurs biens et parfois les blessent. La décision de retirer les enfants de la rue a mis le feu aux poudres. Ils sont sur le défensif et sont prêts à tout. Au cours de cette semaine, près d’une centaine d’entre eux ont été interpellés par la police en mairie de Bujumbura. Des rafles ont été organisées dans divers quartiers de la capitale économique pour traquer ces criminels en devenir qui rackettent les passants sans pitié ni remords. 

A la veille de la rentrée scolaire 2022-2023, il importe de revenir sur les conclusions des états généraux de l’éducation tenu en juin dernier. L’objectif général des Etats Généraux de l’Education est de contribuer à résoudre les problèmes qui enlisent le système éducatif burundais. Il était également question de proposer des stratégies de relance pour assoir la qualité, l’efficacité et l’efficience du secteur de l’éducation à tous les niveaux, peut-on lire sur le site du ministère en charge de l’éducation. 

Le système éducatif reste confronté à plusieurs défis. Ce sont entre autres le problème de l’inadéquation formation-emploi, la démotivation du personnel enseignant, les effectifs pléthoriques d’élèves dans les classes, l’insuffisance des supports pédagogiques et didactiques, des laboratoires scientifiques et des bibliothèques, la révision intempestive des programmes d’enseignement, le manque de vision claire du système éducatif national, etc.

Malgré les attentes, la grand messe de l’éducation s’est clôturée en queue de poisson. Les syndicalistes et le gouvernement ne sont pas parvenus à élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations formulées. L’amélioration des conditions de vie des enseignants et la revalorisation de carrière enseignante restent une préoccupation des enseignants. La mise en œuvre d’une politique salariale équitable à travers l’harmonisation des salaires est au point mort. Le test de niveau des enseignants aura aussi marqué l’année scolaire qui prend fin. Dans ces conditions, le vœu du gouvernement de bâtir un système éducatif performant pour un meilleur avenir du Burundi reste utopique. Il faudra mobiliser plus de moyens et impliquer tous les acteurs concernés par la question pour redynamiser le système éducatif burundais.

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Benjamin Kuriyo.

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    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
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